La volatilité des marchés financiers entraînée par la crise de la COVID-19 abaisse la solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées canadiens à son plus bas niveau depuis plus de trois ans.

En perdant 13 points de pourcentage au premier trimestre 2020, le ratio de solvabilité médian d’Aon se retrouve au niveau le plus bas depuis le troisième trimestre de 2016. Il est ainsi passé de 102,5 % à la fin de 2019 à 89,1 % au 31 mars 2020.

La propagation du coronavirus dans le monde entier a entraîné la chute des marchés boursiers mondiaux et des rendements obligataires, montrent les résultats du sondage d’Aon. Ces deux classes d'actifs prédominent dans la plupart des régimes à prestations déterminées.

Le sondage d’Aon révèle que le rendement médian des actifs des régimes à la fin du premier trimestre était de - 6,6 %, contre 1,6 % au quatrième trimestre 2019. De leur côté, le rendement des obligations canadiennes de référence à 10 ans s’est replié de 0,9 %, tandis que le rendement des obligations à long terme a diminué de 0,4 %. La baisse des rendements obligataires a entraîné une augmentation de 6,3 % des engagements de retraite.

Les indices chutent

Aon observe que tous les indices boursiers ont fortement baissé au premier trimestre 2020, par rapport au trimestre précédent. Dans les marchés mondiaux, l’indice MSCI Marchés émergents a perdu 16,1 %, le MSCI EAFE international 15,3 % et le MSCI World mondial 13,3 %. Indice phare du marché américain, le S&P 500 a reculé de 11,8 %. Du côté canadien, le S&P/TSX composite a perdu 20,9 %.

La chute des rendements a fait monter le prix des obligations, mais pas assez pour compenser l’impact négatif sur le passif des régimes, note le sondage d’Aon. L’indice obligataire à long terme FTSE canadien a gagné 0,2 %, alors que l’indice obligataire universel FTSE canadien a gagné 1,6 %.

Les classes d’actifs non traditionnels ont pour leur part reculé. Celle des infrastructures a baissé de 22,4 %, et celle de l’immobilier mondial de 21,6 %.

La volatilité se poursuit

« Mars a peut-être été le mois le plus cruel pour les actions, mais nous ne sommes pas sûrs que la volatilité ait pris fin », a déclaré Erwan Pirou, directeur des placements chez Aon. Il serait selon lui logique que les promoteurs de régimes de retraite rééquilibrent leurs portefeuilles pour revenir à leurs objectifs. Ils les invitent à transiger prudemment, en raison des conditions de liquidité actuellement restreintes.

« Les promoteurs doivent également rester prêts à profiter des possibilités qui peuvent se présenter à mesure que les dislocations du marché et les conditions de liquidité serrées créent des erreurs d’évaluation du prix, comme c’est déjà le cas sur les marchés du crédit », ajoute M. Pirou. Il prévoit à court terme une suppression du rendement des obligations et la poursuite de la volatilité des obligations. « Ce qui signifie que les régimes de retraite doivent continuellement réévaluer leurs stratégies d’atténuation du risque. »

Pire trimestre de tous les temps

Associé exécutif des solutions pour la retraite chez Aon, Claude Lockhead croit que le premier trimestre 2020 s’annonce comme le pire depuis plus d’une décennie pour les régimes de retraite canadiens. Il est peut-être même le pire de tous les temps pour les marchés financiers, renchérit M. Lockhead.

« La volatilité et la baisse des prix des actifs auront sans aucun doute des répercussions sur les stratégies de gestion de risque des promoteurs de régimes de retraite et sur leur trésorerie. Si ce n’est déjà fait, les promoteurs doivent mettre à jour leurs projections de trésorerie et revoir leur gestion de risque », suggère le spécialiste des solutions de retraite.

Gestion des risques : garder le cap

Claude Lockhead rappelle que les gestionnaires de caisses de retraite peuvent recourir à des stratégies pour gérer les cotisations à un régime pour parer à la détérioration des positions de solvabilité. Autre possibilité, le marché du transfert de risque lié aux régimes de retraite peut répondre aux besoins de ceux qui attendent de pouvoir effectuer des transactions, en raison de la volatilité des obligations.

« En général cependant, nous pensons que c’est une bonne pratique pour les régimes de retraite de rester fidèles à leurs stratégies de gestion de risque. Le moment est venu de réagir de manière mesurée et non pas excessive à des conditions de marché qui sont encore en évolution », dit M. Lockhead.

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