La COVID-19 réunit tous les éléments pour une hausse de la fraude à l’assurance, croit Alain Harvey, témoin expert civil et criminel en matière d’enquête incendie et président et co-fondateur du Congrès Fraude-Expert.
« Quand les gens sont au bout du rouleau, ne sont plus capables d’y arriver et n’ont plus d’argent, la seule alternative qui leur reste est de soit frauder le gouvernement ou frauder les assurances, dit-il. Il faut être conscient que ce genre de situation existe en temps normal et s’exacerbe en période de crise. »
La fermeture des entreprises pour une durée indéterminée, l’isolement, l’anxiété, la peur et le stress financier sont « les éléments d’un cocktail qui pousse les gens en détresse à agir impulsivement et à chercher la facilité pour survivre à une situation traumatisante », ajoute-t-il.
« Avec la situation que l’on vit présentement, l’anxiété et le stress financier vont être multipliés. C’est donc évident qu’une multiplication des fraudes est à prévoir. En comparant les situations de crises du passé comme la crise du verglas ou même la guerre du Golfe, on peut voir que beaucoup de gens ont opté pour cette avenue. Avec la COVID-19, il faut donc s’attendre à une recrudescence des cas de fraudes », poursuit, l’ex-policier militaire.
Le travail des experts en sinistre se complique
La situation de la COVID-19 pose problème aux experts en sinistre. « Habituellement lors d’une enquête on se déplace, on va chez les gens, on leur parle, mais actuellement on ne veut pas outrepasser les mesures de sécurité du gouvernement et l’on tente de minimiser les contacts avec les autres. Maintenant, à moins d’une urgence, on ne sort pas. Presque plus. », dit M. Harvey. Un problème, croit-il.
« Si l’expert en sinistre ne va pas sur les lieux, comment peut-il vérifier et être certain qu’il ne s’agit pas d’une fraude ? L’enquête par téléphone n’est pas fiable. Il va manquer d’éléments au contexte visuel. Oui, il pose des questions au téléphone, mais il n’a pas la personne et les dégâts devant lui. Il faut aller sur les lieux des sinistres pour corroborer la version de l’assuré qui fait une réclamation. »
Les experts en sinistre doivent rester vigilants en cette période qui ouvre la porte aux fraudeurs, dit-il, et s’assurer de bien faire leur travail. « En enquête incendie, on le voit que certains tournent les coins ronds et certaines municipalités ne font tout simplement pas d’enquête. »
Le genre de fraude à prévoir
Selon le niveau d’endettement et la perte financière, « l’incendie est l’un des moyens couramment utilisés. Sinon, il y a des gens qui sont réellement affectés par un sinistre, mais qui vont en mettre un petit plus pour en retirer un peu plus », dit le président de la section québécoise de l’Association internationale des enquêteurs en incendie criminel.
M. Harvey s’attend également à voir des gens demander de l’aide du gouvernement alors qu’ils n’en ont pas besoin. « Certains vont travailler au noir et demander l’aide du gouvernement. C’est une forme de fraude. »
Situation sur le chômage
Au Canada, du 16 au 25 mars, 1,55 million de nouvelles demandes d’assurance-emploi ont été déposées et depuis les trois dernières semaines le taux de chômage au Canada a bondi de 5,6 % à plus de 15 %, a indiqué le gouvernement fédéral.
Beaucoup de chômeurs n’ont pas été prestataires de l’assurance-emploi, au cours du mois de mars, en raison du nombre d’heures cumulé, l’arrivée à échéance de leur période de prestations ou bien, parce qu’ils sont pigistes et généralement exclus de ce type de service.
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