Charles Brindamour, chef de la direction d’Intact Corporation financière, pense encore en termes de croissance pour la compagnie qu’il dirige. Et ce, malgré les mesures de confinement liées à la pandémie de la COVID-19.

Il a expliqué pourquoi lors d’un entretien réalisé par Mario Mendoca, analyste chez TD Securities. Ce dernier a aussi interrogé d’autres PDG en assurance au cours des derniers jours, notamment Roy Gori, de Manuvie, et Denis Ricard, d’iA Groupe financier.

Au cours de son entretien, M. Brindamour a souligné que l’éclosion de la COVID-19 est devenue sa priorité dès le début de février. Ainsi, en date du 30 mars, 98 % des 16 000 employés d’Intact sont en télétravail. « Vendredi [27 mars], il ne restait que 300 personnes dans nos bureaux. Nous nous préparons pour un verrouillage plus strict. S’il le faut, nous opèrerons l’entreprise sans nos bureaux », a affirmé le chef de la direction d’Intact.

Comme mesures de protection, Intact a renforcé ces cyberdéfenses, a fait savoir M. Brindamour, notant une hausse des attaques sur ce front. Pour les clients de l’assureur, des mesures de paiements différés, d’élimination de frais et autres allègements financiers ont été mises de l’avant.

« On s’ajuste au profil de risque de nos clients, ce qui pourra leur permettre d’épargner au niveau de leurs primes. En d’autres mots, si vous ne conduisez plus pour vous rendre au travail, si les ventes de votre entreprise chutent drastiquement ou encore si votre flotte est à l’arrêt, nous ajusterons votre profil de risque pour prendre en compte l’environnement dans lequel vous êtes ». a indiqué le chef de la direction d’Intact.

Les risques

Malgré cette crise, Intact n’oublie pas son plan de match. Selon M. Brindamour, sa performance de souscription devrait se maintenir, bien qu’elle risque d’être inégale tout au long de l’année. Il dit croire que la crise générera des dépenses additionnelles, mais que des mesures sont en place pour que les dépenses suivent le volume d’activités d’affaires.

Il donne l’exemple de l’assurance automobile pour démontrer son point. Il dit s’attendre à une réduction de la fréquence, des sinistres, soulignant au passage que les données de télématique que cumulent Intact démontrent une baisse du kilométrage parcouru par ses clients.

« On le sent aussi dans nos centre d’appels en réclamation. C’est aussi vrai en assurance automobile des entreprises », dit M. Brindamour.

En assurance habitation, la dynamique est différente, souligne le chef de la direction d’Intact. « Les gens sont à la maison. Les réclamations pourraient donc se rendre à nous plus rapidement. »

Le cas de l’assurance des entreprises

Cette dynamique est encore plus complexe en assurance des entreprises, souligne M. Brindamour. Pour les entreprises de services, qu’il englobe sous l’expression Main Street operation, il n’y a pas de couverture d’interruption des affaires qui y est liée. Le chef de la direction d’Intact souligne toutefois qu’il surveille deux risques précis : l’inoccupation des bâtiments et la hausse des incendies qui peut en découler.

C’est plutôt du côté des risques spécialisés que la pandémie risque d’avoir un effet sur Intact, prévoit M. Brindamour. « On peut penser à tout ce qui est annulation d’évènements ou encore de remboursement de frais de formation. On pourrait avoir plus d’exposition à ce type de couverture plus indirecte. Il y a aussi un risque de réclamations plus accru du côté de la responsabilité des employeurs, mais aussi de celle des administrateurs et dirigeants. »

Le futur

M. Brindamour dit que le mouvement à la hausse des primes se poursuivra, pandémie ou pas. Il souligne que les assureurs de dommages en Amérique du Nord ont terminé 2019 avec un rendement de l’avoir des actionnaires de 5,5 %. « La hausse des primes se poursuivra tant que ce chiffre n’avoisinera pas 9 % à 10 % », croit le chef de la direction d’Intact.

L’assureur entend garder ses équipes affutées le temps que la pandémie passe. M. Brindamour a souligné qu’Intact profitera de ce temps pour accélérer le déploiement du travail à distance. « On donnera une bonne poussée pour former nos gens le temps qu’ils sont à la maison, et ce, très prochainement. Nous développons une bonne compréhension de notre pool de talents. C’est aussi dans ces temps que nous voyons nos vrais leadeurs émerger », a-t-il également mentionné.

À LIRE SUR LE SUJET DE LA COVID-19 :