Les ventes d'assurance voyage sont en hausse et les assureurs l'attribuent à la conscientisation accrue des consommateurs sur les conséquences financières de partir sans elle.Robin Ingle, président d'Ingle International, un agent général de Toronto, a vu les ventes d'assurance voyage doubler au cours des deux dernières années. « Il y a un accroissement de la conscientisation du public face aux factures de soins de santé qui pourraient être contractées à l'extérieur du pays », dit-il.

Les consommateurs se rendent aussi compte que l'assurance voyage leur donne accès à des ressources pour les aider en route et une fois à destination, dit Martha Turnbull, présidente de la Travel Health Insurance Association of Canada, à Toronto.

Les ventes augmentent aussi parce qu'un nombre croissant de conseillers veillent à ce que le voyage de leurs clients soit assuré. Par exemple, Sécuriglobe, un agent général de Montréal, a vu le nombre de conseillers qui transigent par l'entremise de son réseau passer de 1 200 à 1 800 en un an.

Vice-président du marketing, Patrick Lavoie attribue l'augmentation du nombre des conseillers à la capacité de Sécuriglobe de traiter directement avec 14 fournisseurs d'assurance voyage. Le cabinet peut ainsi trouver dans le marché les produits répondant aux besoins particuliers des clients.

Martha Turnbull ajoute que les conseillers trouvent en l'assurance voyage une excellente porte d'entrée pour servir les clients. Terry Zavitz, présidente d'Advocis, l'association canadienne des conseillers en assurance de personnes, et propriétaire de Zavitz Insurance, une société de courtage de London, en Ontario, abonde dans le même sens. « Cela s'inscrit dans la gestion du risque que les conseillers effectuent au nom de leurs clients. Des soins médicaux à l'extérieur du Canada peuvent gruger considérablement les économies d'un client », rappelle-t-elle.

Discuter des besoins d'assurance voyage établit une relation avec le client, ajoute Robin Ingle. « Comme les primes sont peu couteuses, plusieurs professionnels financiers la considèrent comme une infime partie de leurs activités. Néanmoins, c'est un produit additionnel intéressant qui contribue à gagner la confiance et qui solidifie les relations avec le client », dit-il.

Les conseillers proactifs peuvent en tout temps aborder la question de l'assurance voyage avec leurs clients, surtout à l'approche de l'été. « Nos sondages indiquent que 65 % des voyageurs canadiens - une hausse comparativement aux 60 % d'il y a deux ans - achètent de l'assurance voyage », dit Heather Craig-Peddie, directrice des opérations à l'Association canadienne des agences de voyages, à Mississauga, en Ontario. « Nous présumons que les autres sont couverts par leur carte de crédit ou par leur assurance collective, mais nous n'en sommes pas certains. De plus, ils peuvent ne pas réaliser qu'il peut y avoir un plafond au montant que les cartes de crédit ou que le régime de l'employeur couvrent. Une police d'assurance voyage vous permet de savoir exactement ce que vous obtiendriez », ajoute-t-elle.

Une limite courante à l'assurance incluse avec les cartes de crédit est la longueur du séjour à l'extérieur du Canada. Les clients peuvent ignorer qu'ils ne seront pas couverts au-delà d'une période précise. De plus, les assurances collectives peuvent ne pas couvrir le type de traitement désiré ou en couvrir seulement une partie.

De nombreux régimes collectifs prévoient que l'assuré paiera le fournisseur de soins et qu'il demandera ensuite un remboursement à l'assureur. L'assuré pourrait donc devoir emprunter pour payer les soins. La plupart des assureurs de voyages, par contre, traitent directement avec le fournisseur de soins, au nom du client.

« La dernière chose dont votre client a besoin est de se soucier de la manière qu'il paiera les soins médicaux alors qu'il essaie de se rétablir, dit Tom Bzowey, vice-président, voyages, à RBC Assurance, à Toronto.

Si l'une de ces contraintes touche un client, le conseiller devrait lui suggérer de souscrire une couverture additionnelle.

Il est aussi important pour un conseiller de savoir de quel type de couverture le client se dote, ajoute Terry Zavitz. Par exemple, la période pendant laquelle une condition médicale préexistante doit avoir été stable pour être couverte diffère d'un assureur à l'autre. « Et certains assureurs peuvent ne pas couvrir certaines activités pendant le voyage comme la plongée autonome », dit-elle.

Des produits pour la clientèle âgéeLes conseillers gagneront à considérer les produits qui sont en mesure de couvrir les besoins des clients plus âgés, qui ont le temps de voyager et le revenu discrétionnaire pour le faire. Certains assureurs offrent à cette clientèle des régimes aux modalités plus souples quant aux conditions médicales préexistantes.
Entre autres, l’assurance Le Migrateur de TIC couvre les voyageurs de 50 ans et plus qui ont des problèmes cardiaques à la condition qu’il n’y ait eu aucun changement de leur état dans les 365 jours précédents. Pour d’autres maladies, une stabilité de six mois est requise. Pour l’hypertension, 30 jours de stabilité sont exigés. « Dans le groupe des 50 ans et plus, il est rare qu’une personne ne soit atteinte d’aucune maladie », dit Jane-Sladjana Sekulic, gestionnaire de produits, chez TIC.
L’assurance voyage CARP, offerte aux membres de CARP, un groupe d’intervention pour les gens de 45 ans et plus, a éliminé sa limite d’âge l’an dernier. Ainsi, les personnes qui ne se sont pas admissibles à une proposition standard, comme ceux qui suivent un traitement de chimiothérapie, peuvent obtenir une couverture en répondant à un questionnaire détaillé, dit David Rivelis, vice-président principal de CanAm Insurance, à Windsor, en Ontario, qui administre l’assurance voyage de CARP. « La prime peut couter davantage, mais ils pourront voyager », dit-il.
Advenant l’impensable, soit que votre client ou son compagnon de voyage décède à l’extérieur du Canada, la plupart des assurances voyages incluent le rapatriement du corps. Un seul appel au numéro sans frais assurera que tous les arrangements seront faits.
De plus, l’assurance voyage dans le Canada ne devrait pas être négligée. Seuls les frais médicaux de base sont couverts par la province de résidence, ce qui impliquerait d’avoir à payer pour l’évacuation terrestre ou aérienne du patient vers son domicile, pour les rayons-x, pour les frais des spécialistes et pour le retour à la maison d’un compagnon de voyage ou des enfants. « Récemment, un vol par ambulance aérienne qui transportait un client de RBC Assurances du Nouveau-Brunswick à Toronto a coûté 15 000 $ », explique Tom Bzowey, vice-président, voyages à RBC Assurances.
Une fois que les conseillers ont déterminé les besoins d’assurance voyage de leurs clients, ils ne manqueront pas d’assureurs de qui acheter les produits. Toutefois, ceci demande de déterminer exactement ce que les différentes sociétés couvrent ou non.
Pour contrer cette complexité, Patrick Lavoie, vice-président du marketing de Securiglobe, dit que les conseillers qui travaillent pour sa compagnie fournissent à leurs clients le numéro de téléphone de Securiglobe et que c’est le personnel du centre d’appel qui prend ensuite le voyageur en charge.
« Les conditions et les exclusions sont différentes selon les assureurs et un conseiller peut ne pas toutes les connaitre », dit M. Lavoie. « Certains assureurs, par exemple, considèrent le changement d’un médicament de marque déposée à un médicament générique comme une modification de la stabilité de la condition du patient. »

 

 


Trois domaines couverts

 

En général, l'assurance voyage couvre trois domaines : l'annulation, la couverture des voyages et les soins médicaux.

L'assurance annulation ou interruption d'un voyage protège l'investissement du client qui peut représenter 20 000 $, voire 100 000 $, dans le cas d'une croisière luxueuse, note Tom Bzowey.

TIC assurance de voyage, une filiale de Co-operators Compagnie d'assurance-vie qui compte environ 2 200 conseillers, a constaté une remontée des activités de la part des retraités migrateurs. TIC a constaté un intérêt considérable pour la couverture contre l'annulation ou l'interruption de voyages qui coutent plus de 12 500 $. « Les safaris et les croisières onéreuses sont populaires auprès des 50 ans et plus », dit Marion Leavitt, gestionnaire de produits chez TIC, à Toronto.

Alertes

Robin Ingle prévient toutefois que les assureurs ne remboursent pas ceux qui voyagent en dépit des alertes. « Advenant que malgré un avertissement de mauvais temps ou d'autres dangers comme une guerre ou une agitation à la destination choisie par votre client, l'assureur ne paiera pas s'il doit revenir chez lui. De plus, si le client a un proche atteint d'une maladie grave et hospitalisé, et qu'il décide quand même de voyager, il ne sera pas couvert s'il doit revenir en raison du décès de cette personne », ajoute-t-il.

Ensuite, la couverture des bagages protège contre le coût d'une perte, d'un bris ou d'un vol. « Toutefois, il y a généralement un maximum que l'assureur paiera, souvent entre 250 $ et 350 $ par bagage, plus une franchise. Cela ne satisfera pas vraiment un client dont la caméra vidéo de 1 500 $ est endommagée », dit M. Ingle. Il recommande de souscrire un avenant de séjour à l'extérieur à même l'assurance habitation pour couvrir ces cas particuliers.

Dernier domaine couvert : l'assurance voyage pour soins médicaux paie les couts liés aux soins de santé à l'extérieur du Canada ou de sa propre province. Ceci est essentiel parce qu'un séjour à l'hôpital aux États-Unis, par exemple, coute 10 000 $ par jour et que les provinces en rembourseront seulement une fraction. « Un séjour d'une semaine peut couter 60 000 $ et plus à votre client », dit M. Ingle.

Advenant une maladie ou une blessure pendant un voyage, le client appellera le numéro sans frais de l'assureur et il sera dirigé vers l'établissement de soins de santé approprié dans le secteur. « L'assuré ne devrait pas chercher de l'aide médicale par lui-même, parce ce ne sont pas tous les établissements de santé des autres pays qui ont des normes comparables à celles du Canada. La langue peut aussi s'avérer une barrière », prévient Tom Bzowey.