Chaque année, le Forum économique mondial fait le point sur des risques évoqués les années précédentes pour analyser leur évolution au fil du temps. Dans The Global Risks Report 2019 – 14th Edition, elle revient sur les menaces qui pèsent sur trois domaines : la sécurité alimentaire, la société civile et l’investissement dans les infrastructures.
La sécurité alimentaire
Tant en 2008 qu’en 2016, le Forum économique mondial constatait que les changements climatiques avaient des répercussions sur la sécurité du système alimentaire. Déjà, ils modifiaient les régimes de température et de précipitations, mettant ainsi en péril l'agriculture. Les changements climatiques entrainaient également des perturbations systémiques plus vastes, telles que des urgences humanitaires, des interruptions de réseaux de transport et la volatilité des marchés.
L’organisation indique que, ces dernières années, la menace s’est « intensifiée ». La sous-nutrition touche de plus en plus de pays, et le besoin en matière d’aide alimentaire d’urgence est « sans précédent dans les dernières décennies », selon le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine.
Depuis 2015, la sous-alimentation a pris de l’ampleur dans le monde. Quelque 821 millions de personnes étaient sous-alimentées en 2017, soit près de 11 % de la population mondiale. Ce chiffre n’avait pas été aussi élevé depuis 2009, alors que 840 millions de personnes étaient touchées par ce fléau.
En plus des changements climatiques, d’autres facteurs jouent contre la sécurité alimentaire :
- Conflits. L’augmentation des conflits observée ces dernières années est l’une des causes derrière le nombre croissant de cas de sous-alimentation. De fait, les pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire, soit les pays en développement tels que le Yémen ou le Soudan du Sud, sont touchés par de violents conflits.
- Démographie. La hausse de la population mondiale n’arrange pas la situation. Selon le rapport, « pour maintenir la quantité de nourriture disponible entre aujourd’hui et 2050, il faudrait augmenter la production alimentaire d’environ 70 % ».
- Gaspillage. Il faudra également réduire le gaspillage alimentaire. « Actuellement, à l’échelle mondiale, environ un tiers de la nourriture produite pour l’humain est gaspillé », dit le rapport. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (ONUAA), 78,2 kg de nourriture sont gaspillés par personne chaque année, au Canada.
La société civile
En 2017, le Forum économique mondial soulignait la prolifération des obstacles aux libertés civiles ainsi que l’influence des organisations non gouvernementales. Il n’aura pas attendu plus de deux ans pour revenir sur cette menace. En cause : l’intensification des modes de gouvernance autoritaristes, tant au sein des États démocratiques que non démocratiques.
Pour restreindre les libertés civiles – la liberté de réunion pacifique ou la liberté d’expression, par exemple –, les États brandissent de plus en plus souvent l’argument de la sécurité, parfois sans réelle raison. Le rapport précise que la liberté de presse est la liberté fondamentale la plus fréquemment bafouée à travers le monde. Ces derniers mois, la situation s’est même dégradée dans certains pays d’Europe, « région où la protection des journalistes est généralement la plus forte ».
Le rapport souligne également que les organisations conservatrices ont de plus en plus de poids dans certains pays, aux États-Unis notamment. Ces groupes aux causes diverses ont pour point commun « la quête d’une protection; que ce soit contre le changement, contre les pressions économiques extérieures ou contre de nouveaux types d’identités et codes moraux ».
L’investissement dans les infrastructures
En 2010, le Forum économique mondial signalait l’urgence d’entretenir et de développer les infrastructures, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie. À l’époque, le rapport indiquait que 35 billions de dollars américains devaient être investis dans le monde d’ici 2030.
Aujourd’hui, ce sont quelque 97 billions de dollars américains qui devraient être investis d’ici 2040, dont 28 billions en Chine, « le pays où les besoins en infrastructures sont les plus importants », selon le Global Infrastructure Hub. Cependant, selon les tendances actuelles, il pourrait manquer 1,9 billion de dollars américains à ce pays pour qu’il atteigne cet objectif.
Le rapport avance plusieurs raisons pour expliquer l’accélération de ce besoin en dix ans.
- Les cyberrisques sont devenus une menace majeure. Les infrastructures actuelles sont de plus en plus vulnérables au piratage, et doivent donc renforcer leurs mécanismes de protection.
- Les changements climatiques sont également au cœur des problématiques mondiales. Leurs répercussions sur les infrastructures sont donc mieux connues, ce qui a entrainé une prise de conscience sur le besoin d’agir.
- Le monde est entré dans l’ère de la transition énergétique, ce qui a des conséquences sur les infrastructures. Il faudra notamment investir dans les énergies renouvelables, les réseaux de véhicules électriques et les infrastructures vertes ou numériques.
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