Les multiples changements mondiaux favorisent les risques liés aux agents biologiques pathogènes – ces bactéries, virus et autres parasites qui menacent l’être humain.

D’un côté, l’évolution de nos modes de vie fait augmenter le risque d’épidémies dévastatrices naturelles. De l’autre, les technologies émergentes utilisées en laboratoire facilitent la création et la propagation, accidentelle ou délibérée, de dangers biologiques.

Tout ça peut avoir des répercussions majeures sur la santé individuelle, la paix sociale, la sécurité nationale et l’économie. Le Forum économique mondial (FEM) traite de cet enjeu dans son rapport intitulé Global Risks Report 2019 – 14th Edition.

Multiplication des épidémies : les cinq grandes causes

Ebola, rougeole, choléra… Entre 1980 et 2013, 12 000 épidémies ont été enregistrées, représentant 44 millions de cas. Aucun pays du monde n’a été épargné. En juin 2018, des épidémies se sont propagées simultanément dans six des huit catégories de « maladies prioritaires », nommées ainsi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une situation sans précédent.

Le FEM cite cinq tendances pour expliquer la fréquence accrue des épidémies.

  • La mondialisation. Le nombre croissant de voyages et d’échanges, qui permettent à une épidémie localisée d’atteindre n’importe quelle ville du monde en moins de 36 heures.
  • La densité de population. Les zones restreintes où habitent un grand nombre de personnes, souvent dans de mauvaises conditions d’hygiène, facilitent la propagation des maladies infectieuses.
  • La déforestation. Ce phénomène serait à l’origine de 31 % des épidémies de Zika, d’Ebola et de Nipah. Ces virus infectent les animaux de la jungle tels que les singes ou les chauves-souris. En investissant les forêts, les humains augmentent leurs contacts avec les animaux vecteurs de ces virus.  
  • Le climat. Les moustiques qui transmettent des maladies comme la dengue ou la malaria ont besoin de chaleur pour se développer. Le réchauffement climatique leur permet de diversifier leurs lieux de vie, et ainsi de toucher des populations jusque là épargnées.
  • Les migrations humaines. Pour fuir la guerre ou la pauvreté, les migrants voyagent souvent dans des conditions sanitaires déplorables qui favorisent la propagation d’infections respiratoires aigües, de la rougeole, de la malaria et de la gastroentérite. Ces quatre affections sont responsables de 60 à 80 % des décès de réfugiés dont on connait la cause de la mort.
Des conséquences économiques majeures

Les épidémies sont de moins en moins mortelles, grâce aux progrès de la médecine et des systèmes de santé publique. Elles coutent en revanche très cher.

En 2003, une épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a touché 8 000 personnes et en a tué 774. Elle aura couté à l’économie mondiale autour de 50 milliards de dollars américains. Plus récemment, en 2015, une épidémie du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) survenue en Corée du Sud a touché 200 personnes et fait 38 morts. Son cout a été estimé à 8,5 milliards de dollars américains.

Dans un rapport daté de 2016, l’Académie nationale de médecine des États-Unis parle de « couts catastrophiques » pour l’économie mondiale. Selon ses calculs, basés sur des données de la Banque mondiale, les pandémies pourraient couter 6 billions de dollars américains sur l’ensemble du 21e siècle, avec des pertes estimées à plus de 60 milliards par an.

La menace bioterroriste

En plus de devoir faire face à la multiplication des épidémies naturelles couteuses, l’économie mondiale est menacée par le bioterrorisme. Jusqu’alors l’apanage d’équipes de scientifiques réputés, les technologies de bioconversion sont à la portée de plus en plus de gens.

En 2018, avec 100 000 dollars américains, des chercheurs canadiens ont pu synthétiser le virus de la varicelle. Ce virus est bénin, mais il est proche de celui de la variole, qui lui est très dangereux pour la vie humaine. En rendant public leur processus, ces chercheurs indiquent avoir facilité la création d’un nouveau vaccin. Ils ont aussi facilité une potentielle synthèse de la variole, augmentant le risque que ce virus soit créé, puis propagé accidentellement ou intentionnellement.

Le développement de la biologie de synthèse peut en effet servir à la création d’armes biologiques. Les attaques par enveloppes contaminées au bacille du charbon, qui ont notamment tué cinq personnes aux États-Unis en 2001, en sont la preuve. Pour limiter le risque, les États devront renforcer la règlementation internationale dans le domaine des biotechnologies, ce qui représente un défi dans un monde où la course aux avancées technologiques fait rage, analyse le FEM.  

Les 7 articles de ce dossier :

  1. L’environnement : le plus grand risque pour l’économie
  2. Repli des États sur eux-mêmes : un risque pour l’économie mondiale
  3. Santé mentale : le cout sociétal du mal-être humain
  4. Bactéries et virus : les armes de guerre de demain
  5. Montée des eaux : un risque de plus en plus réel pour les villes côtières
  6. Les dix grandes menaces de demain
  7. Des menaces qui ne cessent de s’intensifier