Le vol de véhicules au Canada connaît une progression fulgurante et atteint des sommets records. En 2022, il a coûté pour la première fois un milliard de dollars aux assureurs. Divers facteurs sont à l’origine de cette propagation et cette fois, Équité Association met en cause la responsabilité des fabricants : elle demande à Transports Canada d’adopter une norme qui forcerait les manufacturiers à inclure un système antivol dans chacun de ses nouveaux véhicules. 

Équité Association est un organisme national indépendant qui effectue un travail de prévention et de défense face aux crimes d’assurance. L’organisme est financé par les plus grands assureurs du Canada.

Le vol de véhicules au pays a atteint un niveau critique et il continue de grimper en flèche. Les disparitions sont devenues un fléau et personne n’y échappe. L’an dernier, le véhicule de fonction de la mairesse de Montréal a été volé et celui du chef de police de Longueuil, un Toyota Highlander hybride 2023, a subi le même sort il y a quelques jours. Il n’y a pas que le Québec où le phénomène a pris de l’ampleur. À Toronto, ce type de vols forme désormais le deuxième crime le plus répandu sur son territoire.

Une crise nationale

« Il ne fait aucun doute que le vol de véhicules est devenu une crise nationale », commente Terri O’Brien, présidente-directrice générale d’Équité Association.

Elle décrit un système sophistiqué où les véhicules sont volés au Canada par des organisations criminelles nationales et internationales. Le produit de ces vols servirait à financer le trafic de drogue, le trafic d’armes et le trafic de personnes à l’échelle nationale et même le terrorisme à l’échelle internationale. 

Les syndicats du crime organisé considèrent le vol de véhicules au Canada comme un délit à faible risque et à forte rentabilité, que les véhicules soient destinés à l’exportation ou à la vente au pays. Les marges bénéficiaires illégales sont très élevées et le risque de poursuites judiciaires est faible. 

Que les véhicules volés soient destinés à l’exportation ou au reNIVage (modification du numéro d’identification [NIV] pour dissimuler le fait qu’ils sont volés), les profits sont énormes et valent le faible risque de conséquences pénales pour les voleurs. Le déséquilibre entre l’offre et la demande occasionné par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement en modèles neufs alimente le marché national des véhicules munis d’un nouveau numéro d’identification (reNIVés).

Mettre à jour le Règlement national

Face à l’explosion du nombre de voitures qui s’éclipsent au pays, Équité Association demande à Transports Canada de mettre à jour son Règlement fédéral sur la sécurité des véhicules automobilesdu Canada afin d’adopter les normes de sécurité mises à jour récemment par la UL Standards & Engagement (ULSE). 

Ces normes, souligne-t-elle, ont été élaborées il y a plus de 15 ans avant que les technologies concernant le démarrage sans clé et à distance soient introduites dans les véhicules. Elles n’ont pas été mises à jour depuis leur mise en application et ne tiennent pas compte des plus récentes technologies. Des voleurs futés peuvent capter le code à distance dans une maison et partir avec un véhicule sans causer de dommages. 

« En 2007, lorsque ces normes ont été adoptées, on n’a pas tenu compte du démarrage des véhicules à l’aide d’un bouton, dit Bryan Gast, vice-président des Services d’enquêtes à Équité Association. Les criminels profitent dorénavant de normes désuètes. Ils peuvent exploiter rapidement et facilement ces vulnérabilités, ce qui a mené à une augmentation importante du nombre de véhicules volés au Canada. » 

Pour diminuer ce risque, le Règlement fédéral sur la sécurité des véhicules automobilesdu Canada désuet doit être modernisé pour tenir compte des plus récentes technologies antivol, réclame l’association. 

Dans son document publié récemment, intitulé Standard for Automobile Theft Deterrent Equipment and Systems : Electronic Immobilization, l’ULSE, un organisme qui élabore des normes et des lignes directrices pour divers produits, a émis un ensemble de normes actuelles afin que Transports Canada modernise les normes de sécurité concernant les véhicules au pays. 

L’une des plus importantes qu’Équité Association voudrait voir adoptée serait l’installation par les fabricants automobiles d’un dispositif antivol dans chaque nouveau véhicule. L’organisme voudrait que ces dispositifs n’aient jamais plus de trois ans afin de demeurer à jour avec la technologie antivol moderne. 

« Alors que les consommateurs dépensent des dizaines de milliers de dollars pour un nouveau véhicule, ils ne devraient pas s’attendre à engager des frais supplémentaires pour un système antidémarrage de rechange », dit sa présidente et chef de la direction. 

Approche par couches

L’organisation émet aussi des conseils à l’attention des propriétaires afin qu’ils fassent leur part pour réduire les risques de disparitions de leur véhicule. Elle leur recommande une approche par couches en quatre étapes comme meilleure façon de protéger leur voiture. 

Quelques faits à propos des vols de véhicules :

 


– La majorité des vols en Ontario (61 %) et au Québec (75 %) touchaient des modèles 2017 ou de fabrication plus récente afin d’en tirer un maximum de profits lors de ventes à l’étranger. La majorité des vols dans les provinces maritimes concernaient des véhicules fabriqués entre 2010 et 2016 (43 %).