Avec des pertes économiques totales de 5,3 G$ et des dommages assurés de 3,7 G$, l’incendie de Fort McMurray en Alberta est sans conteste le sinistre d’assurance le plus important de l’histoire du Canada. Selon les statistiques mondiales compilées par Swiss Re, il s’agirait même du deuxième feu de forêt le plus onéreux de l’histoire.

En effet, seul le feu d’Oakland Hills, Californie, en 1991 a engendré des dommages assurés plus élevés. Alors que les dommages économiques de Fort McMurray sont estimés à 5,3 G$, Statistique Canada estime le nombre net d’heures de travail perdues à cause du feu à 7,6 millions pour les environs de Fort McMurray et à 2,9 millions pour le reste de l’Alberta.

Le bilan financier global, y compris les pertes indirectes telles que la perte d’heures de travail, pourrait atteindre 9,5 G$.

Du point de vue de l’assurance, ce feu de forêt a été l’événement le plus coûteux de l’histoire du Canada. Les dommages assurés se sont élevés à 3,7 G$, soit près du double du précédent plus gros sinistre ayant frappé le pays, à savoir l’inondation dans l’Alberta en 2013. Les taux de pénétration élevés de l’assurance dans la zone, la proximité de la ville de Fort McMurray et la dévastation de nombreuses communes avoisinantes expliquent le niveau record des pertes subies.

 


Une addition de plusieurs facteurs

L’incendie qui s’était propagé dans les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan de mai à juillet 2016 avait été favorisé par des taux pluviométriques inférieurs à la moyenne de l’automne précédent et par le faible enneigement durant l’hiver. Associés à El Niño, ces paramètres avaient asséché la végétation, fournissant un combustible de choix. En près de deux mois, le feu a endommagé près de 2 400 équipements à Fort McMurray et brûlé 590 000 hectares de forêts, forçant l’évacuation de 88 000 résidents.

Sous l’influence du changement climatique, les climats plus chauds et plus secs créant les conditions favorables à la combustion. Par exemple, la durée de la saison des feux de forêt a augmenté de 2,5 mois au cours des 30 dernières années selon le World Resources Institute.

Un phénomène de moins en moins rare

Les dommages assurés dus aux feux de forêt n’ont cessé de croître depuis 1980, et cette tendance n’est pas prête à s’arrêter pour plusieurs raisons selon le rapport de Swiss Re. Les expositions dans les régions sujettes aux feux de forêt continuent en effet de progresser compte tenu de l’accroissement de la population, des constructions et des infrastructures toujours plus nombreuses et des effets possibles du changement climatique tels que les saisons plus chaudes et plus sèches.

 

Les nombres ci-dessus indiquent le nombre d’événements

 

De plus, de modestes changements des taux de précipitations et des températures peuvent influer considérablement sur les conditions dans lesquelles les gros incendies se déclarent. Une hausse de la température moyenne estimée à 2°C pourrait multiplier par 1,4 à 5 la surface brûlée chaque année par les feux de forêt dans les États de l’Ouest américain, selon des scientifiques publiant dans Conservation Biology.

Ces gros incendies coûtent également très cher. En 2015, la lutte contre les feux de forêt a englouti plus de la moitié du budget annuel du Service des forêts des États-Unis. En 1995, cette part n’était que de 16%.