L'industrie de l’assurance et les gouvernements doivent s’aligner et partager leurs expertises ainsi que leurs ressources afin de mieux comprendre et atténuer les risques et les dommages liés aux changements climatiques. C'est le message d'une nouvelle publication (en anglais) de Reuters Events, United in the storm: How Canadian insurers are aligning on climate adaptation, dans laquelle des représentants de l'industrie prennent parole pour presser les gouvernements à en faire plus en matière d'adaptation climatique.
« Au Canada, les discussions sur la réduction des émissions ont été passablement conflictuelles. Elles ont monopolisé toute l’attention, ce qui a relégué l’adaptation climatique au second plan », affirme Craig Stewart, vice-président des questions climatiques et fédérales au Bureau d’assurance du Canada (BAC).
Un constat qui fait d'ailleurs écho à une publication récente de l’Institut Fraser.
Selon le rapport de Reuters, 80 % des villes canadiennes sont situées en zone inondable, faisant des inondations la principale catastrophe naturelle au pays. « Les dommages causés par les inondations représentent 75 % des indemnisations liées aux catastrophes naturelles au Canada », indique-t-il. En 2024, les assureurs du pays ont versé au total 8,5 milliards de dollars en indemnités pour des sinistres liés aux inondations, aux tempêtes de grêle et aux incendies.
À l’heure actuelle, environ 10 % des habitations canadiennes sont considérées comme non assurables contre les inondations, ajoute le rapport. Par ailleurs, de plus en plus d’assureurs habitation rendent obligatoires certaines mesures de prévention pour permettre l’accès à des conditions avantageuses, comme le renforcement de la toiture, la création d’un périmètre défendable ou l’installation de dispositifs de coupure d’eau.
Le rapport souligne également que la rhétorique gouvernementale affirmant que les changements climatiques représentent un enjeu collectif n’a rien d’exagéré. Et l'expertise des assureurs est essentielle. « Nous avons une vision d’ensemble des risques qu'à peu près aucun autre acteur ne peut avoir », déclare Craig Stewart.
Selon lui, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et municipaux doivent investir davantage dans la protection des Canadiens et dans l’amélioration des efforts de rétablissement. Le BAC demande d’ailleurs la tenue d’un sommet national réunissant tous les acteurs concernés.
Partage de données
Des entreprises comme Co-operators vont jusqu’à partager leurs données propriétaires avec des organismes comme l’Institut climatique du Canada, dans le but de contribuer aux changements nécessaires. « Nous sommes profondément convaincus que nous risquons un avenir où l’assurance deviendra inabordable pour les Canadiens. Nous observons déjà ce phénomène dans certains marchés », affirme Tara Laidman, vice-présidente de l’assurance habitation et automobile chez Co-operators.
Le rapport, citant les travaux de l’Institut climatique du Canada, ajoute que pour chaque dollar investi dans l’adaptation, on peut s’attendre à un retour de 13 à 15 dollars en économies et bénéfices, directs et indirects, au fil des années.
« Les assureurs ont un rôle de premier plan à jouer, non seulement pour informer les Canadiens de leurs risques, mais aussi pour veiller à ce que le pays soit prêt à se relever. L’industrie peut et doit être un partenaire essentiel pour aider les gouvernements à comprendre où se situent les risques et quelles devraient être les priorités », conclut le rapport. « Bien qu’un marché concurrentiel soit en mesure d’absorber une bonne partie des risques, face à la nature des catastrophes climatiques, les assureurs ont besoin de l’appui des gouvernements. »