Les primes augmentent de manière importante depuis la pandémie pour l’ensemble du marché de l’assurance habitation. La limite de la valeur du bâtiment est indexée d’environ 7 % par année par les assureurs haute valeur, estime Vanessa Lajeunesse, courtière de Covalen. La prime augmente de 10 à 15 % selon le cas, et c’est en bonne partie la couverture pour les dégâts d’eau qui coûte de plus en plus cher, selon elle. 

Les courtiers doivent plus souvent expliquer de manière détaillée les différents facteurs qui expliquent les hausses successives imposées ces dernières années. Vanessa Lajeunesse donne l’exemple de la couverture pour les séismes dont le coût a aussi beaucoup grimpé. Cette protection couvre aussi les dommages liés aux glissements de terrain, lesquels surviennent souvent après de fortes précipitations. 

À propos de cette protection contre les séismes, Marie-Pier Renaud, courtière de BFL Canada, souligne qu’on lui pose de plus en souvent des questions sur cette garantie. « On me parle plus souvent de cela que de cybersécurité », dit-elle. 

Le montant de la prime qui couvre le risque sismique a aussi augmenté, fait observer Dominique Duquette, courtière de Hub International. Cette couverture est peu courante au Québec, mais ses collègues de la Colombie-Britannique lui rapportent que les assureurs sont plus craintifs à cet égard. 

Hausse des valeurs 

En assurance habitation, la limite de la garantie comprend aussi un pourcentage pour les dommages aux biens de l’assuré. Le courtier peut ainsi négocier avec l’assureur en fonction des besoins particuliers de son client, selon Mme Renaud. On peut ajuster à la baisse le pourcentage alloué aux biens pour réduire la prime. 

La tâche du courtier est d’expliquer l’impact de ces réclamations sur l’augmentation des primes, la réduction des limites et la hausse des franchises. « Quand nous nous étions parlé il y a trois ans, on commençait à voir apparaître la hausse des franchises pour les dommages causés par l’eau, relate Mme Duquette. La franchise de 25 000 $, c’est vraiment installé maintenant », et c’est le cas chez tous les assureurs de haute valeur. 

Le courtier doit travailler plus fort au renouvellement si l’assureur resserre les conditions de souscription et aller voir l’offre des autres assureurs. Selon le territoire, « chaque assureur a ses normes, sa cartographie des risques et son historique de réclamations », note Dominique Duquette. Un risque peut être refusé par un assureur, mais toléré par un autre. « Ça alourdit beaucoup notre tâche. » 

L’avenant imposé par Intact en 2024 concernant l’état des toitures est aussi appliqué dans le secteur des résidences de haute valeur, précise Mme Duquette. Il s’est passé la même chose pour les résidences dotées d’une piscine. « Quand l’équipement prend de l’âge, les limites de la couverture sont plus petites s’il y a un dégât », dit-elle. 

Concernant l’évolution des primes, Rhonda Griffin, qui dirige l’équipe Signature de Fort Assurances et Services financiers s’occupant des clients privilégiés, dit que l’ampleur des augmentations est assez variable chez les principaux assureurs de ce créneau. « On a vu le même assureur annoncer des augmentations de 20 % deux années de suite. Chez un autre, c’est plus autour de 10 %. Dans un autre cas, comme les augmentations ont été plus basses ces dernières années, il nous prévient déjà que la prochaine année, on sera plus autour de 20 % », explique-t-elle. 

Selon son collègue Thomas Scharen, les taux de l’assurance habitation en général continueront d’augmenter. « Quand ça fait plusieurs années de suite que tu annonces une hausse de 15 %, les arguments commencent à manquer pour l’expliquer », note le courtier. L’inflation normale des coûts de construction, les catastrophes naturelles, l’augmentation des valeurs, autant de facteurs qui peuvent expliquer l’ampleur de l’indexation des primes. « Mais on n’a pas de nouveaux arguments », insiste Mme Griffin. 

Le rôle du courtier 

Selon Dominique Duquette, les clients doivent consulter leur courtier avant de céder aux offres faites par les assureurs directs qui leur font miroiter des primes réduites pour couvrir leurs biens. « Ce n’est pas rare de voir des clients qui ne veulent pas renouveler leur police avec les produits de prestige », dit-elle. 

« La prime totale c’est important, mais n’oubliez pas de comparer ce que vous avez comme couverture parce que moi aussi je peux vous offrir une prime à moitié prix. Mais la couverture ne sera pas la même, poursuit Mme Duquette. Il faut comparer des pommes avec des pommes. Malheureusement, c’est au moment de réclamer qu’on réalise qu’on n’est peut-être pas aussi bien couvert qu’on pensait. » 

À l’étape de la souscription, le dossier fourni par le courtier comprend une description minimale des biens. Si la valeur des objets à assurer dépasse les montants prévus au contrat, par exemple pour un tableau, une évaluation professionnelle peut être réclamée avant d’ajuster la couverture.

Pour les nouvelles affaires chez un assureur en haute valeur, une évaluation professionnelle est faite par l’assureur pour déterminer le montant de la garantie. « Quand je monte le dossier, j’ai beaucoup de questions à poser afin de bien comprendre les besoins du client. Les gens collaborent, car ils sentent qu’on est là pour protéger leurs biens », note Marie-Pier Renaud. 

Cet article est un Complément au magazine de l'édition de novembre 2025 du Journal de l'assurance.