La firme de notation Moody’s a abaissé la perspective de croissance des réassureurs à travers le monde, la faisant passer de stable à négative. Les autres firmes de notation ne sont pas allées aussi loin, mais ne sont guère plus optimistes quant à la suite des choses.

Toutes s’entendent toutefois pour dire que même augmenter les tarifs des traités de réassurance ne suffira pas à améliorer la rentabilité des réassureurs. Ce constat pourrait être lourd de sens pour l’industrie de l’assurance et ses clients. Si les réassureurs haussent leur prix, leurs clients assureurs devront bien refiler la facture à quelqu’un… soit les entreprises et particuliers qui sont leurs clients. Déjà que l’assurance est dans un fort durcissement de marché, qui mènent la tarification des primes à la hausse depuis près de deux ans…

D’ailleurs Moody’s précise que les assureurs doivent budgéter à une hausse de plus de 5 % pour renouveler leurs traités de réassurance. La firme de notation dit s’attendre à ce que cette tendance à la hausse se poursuive jusqu’en 2021. Ses analystes rappellent par ailleurs que la rentabilité des réassureurs est de 15 % en deçà de ce qu’elle était en 2012. Le poids du changement climatique n’était pas encore ce qu’il est aujourd’hui, ajoutant un défi supplémentaire à ce redressement, font-ils aussi remarquer.

Dans un rapport publié début septembre, la firme de notation DBRS a passé en revue la rentabilité des réassureurs à mi-année. La majorité des réassureurs ont affiché un bénéfice net au second trimestre de 2020, ce qui n’était pas le cas au premier trimestre de 2020. Or, les résultats de souscription ne sont pas au rendez-vous. Après six mois, les réassureurs présentent un ratio combiné de 103,7 %. Un an plus tôt, au terme du premier semestre de 2019, ce ratio était de 92,8 %.

Un seuil à ne pas franchir

La firme de notation Standard & Poor’s (S&P) a pour sa part publié trois rapports détaillant la situation des réassureurs. Dans l’un d’eux, ses analystes disent s’attendre à ce que les réassureurs terminent 2020 avec un ratio combiné entre 103 % et 108 %. Et encore, ces rapports avaient été rédigés début septembre, avant que la Californie ne soit ravagée par des feux de forêt et que l’ouragan Sally touche terre sur les côtes américaines.

S&P voyait déjà négativement les perspectives de croissance des réassureurs. Elle a aussi fixé un cap à ne pas atteindre pour que la situation des réassureurs deviennent hors de contrôle. La firme de notation affirme que si les pertes assurées liées à des catastrophes dépassent le cap des 60 à 70 milliards de dollars (G$), huit des 20 plus grands réassureurs du monde pourraient avoir des problèmes à remplir leurs obligations. À mi-année, ceux-ci avaient déboursé 12 G$.

La pandémie de la COVID-19 a aussi érodé leur bas de laine, font remarquer les analystes de S&P. Ce bas de laine contenait 32 G$ avant la pandémie. Il en reste 14 G$ à l’heure actuelle, évalue la firme de notation. Celle-ci ne croit pas que les choses s’amélioreront avant 2021 pour les réassureurs.