Le marché mou frappe de plein fouet Kingsway compagnie d’assurance générale. L’assureur a vu son volume de primes fondre de 9 % en 2007. Kingsway compte désormais sur un volume de 392 millions de dollars (M$), comparativement à 427 M$ en 2006.Selon Shaun Jackson, président et directeur général de Kingsway, la concurrence a été particulièrement vive dans l’industrie canadienne de l’assurance de dommages en 2007. Il ajoute que sa compagnie a ressenti de très près les effets de la baisse des tarifs et de l’assouplissement des critères de souscription de la concurrence.

« Nous voulons maintenir une tarification qui reflète adéquatement les risques que nous souscrivons. Toutefois, la majorité de nos concurrents disposent d’un surplus de capital et se sont engagés dans la course aux parts de marchés. Grâce à cela, ils ont baissé leur tarification ou ont accru les incitatifs offerts aux conseillers pour qu’ils y transfèrent leurs affaires », explique M. Jackson. Ce dernier ajoute qu’il ne cédera pas à la pression d’en faire de même.

Entre 2006 et 2007, l’un des plus durs coups a été porté au segment d’assurance auto standard de Kingsway par des concurrents actifs en Alberta et en Ontario. Le volume de primes de l’assureur a connu une baisse de 16 % dans ce segment, reculant de 109 à 91 M$. Le segment de l’assurance camionnage a aussi été affecté par la concurrence, dit M. Jackson, sans pouvoir donner de chiffres précis.

La vive concurrence en sol canadien a aussi amené certains assureurs généralistes à jouer dans les plates-bandes de Kingsway, qui est surtout un spécialiste de l’assurance IARD hors norme (sous-standard).

« L’appétit des assureurs généralistes grandit à mesure que la concurrence se fait forte. Ils ont alors tendance à souscrire des risques sous-standard, qu’ils ne souscriraient pas en temps normal. Ils ne vont pas jusqu’à offrir ces produits en première ligne (stand alone), mais ils n’hésitent plus à les promouvoir auprès des clients qui assurent avec eux le véhicule et la résidence principale », précise M Jackson.

La filiale York Fire & Casualty a connu un sort similaire en assurance habitation et en assurance aux entreprises. Son volume de primes est passé de 177 à 121 M$ entre 2006 et 2007. De son côté, la filiale Jevco, spécialiste de l’assurance motocyclettes, motoneiges et tout terrain, a été épargnée.

La niche de cette filiale l’a bien servie, puisque les effets du marché mou se sont moins fait sentir en assurance moto, affirme M. Jackson. Les ventes de Jevco ont continué de progresser l’an dernier. Son volume de primes a bondi de 62 à 95 M$ entre 2006 et 2007.

Par contre, Jevco a ressenti les effets du marché mou quant à ses primes nettes acquises et de ses revenus nets, qui ont reculé respectivement de 202 à 196 M$ et de 29 à 28 M$. La diminution du ratio de sinistres de la filiale a diminué durant la même période, de 60 à 56. Les déboires de la société mère se sont tout de même répercutés sur ses filiales, indique M. Jackson. Ainsi, le rendement sur l’avoir des actionnaires de Jevco a reculé de 26 à 21 %.

Au 31 décembre dernier, le segment assurance moto de Kingsway avait cru de 18 % par rapport à 2006 pour atteindre 81 M$ en volumes de primes. Cette croissance est similaire à celle enregistrée au Québec, en dépit de la venue d’un nouveau joueur dans ce marché, La Capitales assurances générales avec son programme VR Solutions, affirme M. Jackson.

Le marché mou qui sévit au Canada est ainsi venu accentuer la pression à la baisse sur les résultats financiers consolidés des 13 filiales de Kingsway. Au 31 décembre dernier, le groupe affichait un solde négatif de ses revenus nets de 118 M$ dans son rapport annuel. Un an plus tôt, le holding y avait inscrit des revenus de 123 M$.

Le rapport annuel du groupe fait aussi état d’un recul des primes de 21 %, passant de 634 à 416 M$ de 2006 à 2007. Les déboires du groupe sont notamment dus à la contre-performance de la filiale américaine Lincoln General, spécialiste de l’assurance camionnage.

Cette dernière a dû augmenter ses réserves de 218 M$ en 2007 pour pallier aux problèmes de souscriptions et de réclamations qu’elle a éprouvés au cours des 18 derniers mois, explique M. Jackson. Au cours des prochaines années, le dirigeant s’attaquera notamment à redresser les activités de Lincoln afin de renouer avec la rentabilité dans l’ensemble des activités du groupe.