Dans son étude, Nicholas Le Pan s’attarde sur la capacité des assureurs de rembourser les réclamations découlant d’un tremblement de terre. Et il se questionne sur la relation que les assureurs ont avec les réassureurs.
L’ancien surintendant affirme que la capacité de l’industrie de l’assurance à satisfaire ses réclamations dépend largement des contrats de réassurance. Se basant sur de l’information publiée par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), M. Le Pan souligne que jusqu’à 80 % de la capacité de l’industrie à payer ses réclamations provient de la réassurance. Pour les tremblements de terre, la couverture envoyée en réassurance atteindrait 60 %.
Cette situation fait sourciller l’ancien surintendant des institutions financières du Canada. « L’interprétation des traités de réassurance contre les catastrophes est très complexe. Le paiement n’est pas garanti. Ce n’est pas rare de voir des différences considérables entre ce que les assureurs primaires croient qu’ils vont recevoir et ce qu’ils recouvrent en réalité », dit-il.
Cette réflexion se fait aussi chez le régulateur que M. Le Pan a dirigé. Jeremy Rudin, surintendant actuel a discuté de la relation entre assureurs et réassureurs à la Conférence nationale sur l’assurance au Canada (NICC), qui a eu lieu à Vancouver à la fin septembre.
M. Rudin juge que la réassurance est un outil utile pour les assureurs. Il a toutefois une préoccupation : la réassurance peut créer de nouveaux risques, dont celui de risque de crédit de contrepartie.
« Dans nombre de cas, ces risques sont transférés alors que les montants de capital maintenus au Canada sont réduits. C’est pourquoi nous disons que ce modèle repose sur le financement par emprunt. Dans des cas extrêmes, ce modèle pose pour l’assureur primaire un risque de crédit de contrepartie très concentré qui, à terme, pourrait miner sa capacité de dédommager ses souscripteurs à la suite d’un sinistre grave, mais vraisemblable », dit M. Rudin.
Cette situation a poussé le BSIF à passer en revue les programmes de réassurance et les pratiques de gestion des risques des assureurs de dommages. « Nous constatons jusqu’ici que la plupart des institutions gèrent prudemment leur risque de réassurance. Il y a toutefois un groupe restreint, mais significatif d’assureurs ayant des problèmes de concentration du risque de crédit de contrepartie », a révélé M. Rudin.
Le BSIF porte maintenant son attention dans le recours à la réassurance et son incidence sur le risque net de l’assureur direct. « Nous espérons que ces travaux nous permettront de déterminer si les stratégies de réassurance au-delà du modèle s’appliquant aux opérations financées par emprunt soulèvent des problèmes liés au risque de crédit de contrepartie et, si c’est le cas, de nous pencher sur la façon dont ces risques sont gérés », dit M. Rudin.