Aucune perte d’emploi ne découle de la fusion des cabinets PMT Roy et PMA Assurances. « Le seul poste qu’on a aboli, c’est le mien », lance André Roy, président de PMT Roy.
Le Portail de l’assurance s’est entretenu, à la mi-décembre, avec M. Roy et son homologue Patrice Jean, président de PMA Assurances. Ces deux entreprises avaient annoncé leur fusion la semaine précédente. Les deux cabinets ont été fondés il y a plus de 90 ans.
La transaction prenait effet le 1er janvier 2024. Pourquoi à cette date ? « C’est juste de la sémantique. Selon les conseillers auxquels on parle, comptables ou fiscalistes, certains préfèrent le 31 décembre, d’autres le 1er janvier », indique André Roy.
En fermant leurs livres respectifs le 31 décembre 2023, la nouvelle entreprise pouvait prendre son envol le 1er janvier 2024, ajoute Patrice Jean.
Le nom de la nouvelle organisation reste à déterminer, poursuit M. Jean. « On a décidé de ne pas poursuivre avec un dérivé des lettres PM. D’ici le mois de mars, on devrait avoir une annonce à faire, avec de nouvelles couleurs et une nouvelle dénomination. »
Le cabinet PMT Roy, basé à Québec, est présent depuis peu dans la région métropolitaine, mais ses succursales sont principalement concentrées dans la région de Québec, et aussi sur la rive sud du fleuve de Lévis jusqu’en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. Le cabinet PMA Assurances, établi à Trois-Rivières, concentre ses activités dans les régions de la Mauricie et de Lanaudière sur la rive nord et dans le Centre-du-Québec et l’Estrie sur la rive sud du fleuve.
Il n’y a qu’une seule municipalité où les deux cabinets étaient présents, soit Saint-Marc-des-Carrières, à l’extrémité ouest de la MRC de Portneuf. « Nous sommes dans le même immeuble, avec nos équipes sur deux étages différents », lance André Roy. « Je ne me souviens plus qui est au premier et au deuxième », ajoute Patrice Jean.
À la retraite
André Roy ne fait pas de cachette : comme il a annoncé qu’il voulait prendre sa retraite, c’est bel et bien lui qui a été à l’origine de la fusion. « Je désirais quitter mes fonctions, depuis déjà un bout de temps. On en a discuté entre actionnaires. L’idée a surgi que ça pourrait être un match intéressant avec PMA Assurances. »
Arrivé comme PDG chez PMA Assurances en juin 2021 pour prendre la relève de Louis Caron, Patrice Jean a impressionné son collègue André Roy.
Aucun successeur potentiel ne souhaitait prendre sa relève à la tête de PMT Roy. « On a une belle équipe de direction, et tout le monde reste là. Cela aurait été une option, mais on a plutôt choisi la fusion avec PMA », explique M. Roy.
André Roy aura 67 ans au début de 2024. « Je suis très proche de mon équipe, et ça me fait de la peine de les quitter. Ça fait un an que je prépare mon départ, et ça me fait mal. »
Il ne tenait pas du tout à rester comme membre du conseil d’administration. « Je pense sincèrement que je ne suis plus l’homme de la situation. Je laisse cela à d’autres, ils vont faire le travail, j’en suis convaincu », ajoute M. Roy.
Il ne reste même pas non plus comme courtier pour s’occuper personnellement de ses clients. « Aucun ne m’aime à ce point ! »
André Roy ne dévoile pas à qui ses actions dans le cabinet seront vendues, mais il indique que la majeure partie de celles-ci seront redistribuées au sein des cadres de l’entreprise. « Des employés étaient déjà actionnaires, comme c’est le cas chez nous », note Patrice Jean.
L’organigramme de la nouvelle direction a été présenté à l’ensemble des employés des deux cabinets le 6 décembre, un jour avant l’annonce de la fusion. « Cela a quand même été une partie de plaisir de trouver le bon titre pour tout le monde. On a beaucoup de gens très talentueux et on a réparti les tâches », précise Patrice Jean.
Une seule agence
Les deux cabinets avaient créé leur propre agence Intact la même année, d’abord PMT Roy au printemps 2021, suivi par PMA Assurances au début de l’automne suivant. Les deux agences seront aussi fusionnées en même temps que leur cabinet respectif.
Le taux de satisfaction de la clientèle est mesuré, tant du côté de l’agence que du cabinet, et le score NPS (Net Promoter Score) est en hausse constante dans les deux entreprises du groupe. André Roy rappelle que les cabinets membres du groupe Virage, qui concentrent leur volume en assurance des particuliers chez Intact, peuvent se comparent entre eux en fonction de différents paramètres.
« C’est un endroit où on échange énormément. On a plusieurs comités de travail, on mène des études, on partage des programmes de formation, etc. », dit M. Roy. Depuis une dizaine d’années, son cabinet a mené plusieurs projets de front avec d’autres cabinets membres du groupe Virage.
Maxime Rousseau-Dubé, qui était déjà administrateur désigné par l’actionnaire Intact chez PMA Assurances, restera au conseil de la nouvelle entité issue de la fusion. Les deux cabinets fourniront aussi des représentants supplémentaires au conseil. « On veut tirer le meilleur parti des deux organisations et adopter les meilleures pratiques d’affaires », indique Patrice Jean.
André Roy rappelle que, malgré la taille importante des deux entreprises avant leur fusion, celles-ci sont exploitées avec des valeurs similaires qui ont été inspirées par les familles de leurs fondateurs respectifs. « La relation entre la direction et les employés, le souci du service à la clientèle, la proximité des succursales dans les régions qu’on dessert, etc. Nos employés font leurs emplettes à la même place que leurs clients. Ils font partie de la communauté », explique-t-il.
La fondation PMT Roy continuera de distribuer des bourses dans les communautés où le cabinet était déjà établi. « Il y aura 27 établissements, désormais. La tradition de redonner à la communauté, ça va se poursuivre », insiste M. Roy.
En assurance des entreprises, les deux cabinets servent aussi des petites et moyennes entreprises locales, actives dans les mêmes segments d’affaires. La taille de l’entreprise permettra de mettre en commun l’expertise des équipes actuelles afin de mieux servir des clients ayant des besoins plus précis, ajoute-t-il.
Patrice Jean ajoute que les valeurs communes dans la culture entrepreneuriale des cabinets seront perpétuées au sein de la nouvelle entreprise. Toutes les succursales sont conservées, parce qu’on veut garder le lien de proximité entre les courtiers et leurs clients à l’échelle locale.
Avantages de la taille
Une entreprise de plus de 500 employés représente-t-elle un défi de gestion plus complexe ? Durant près de quatre ans, Patrice Jean a été PDG au sein du cabinet Lussier, une autre firme de grande taille. Il ne croit pas que la taille accrue pose un problème en soi.
« La nouvelle entreprise est issue de deux compagnies très bien gérées et très performantes. Nos valeurs sont assez similaires. On l’a vu quand on a réuni les gestionnaires des deux cabinets, avant de faire l’annonce aux employés. Les gens se mélangeaient naturellement, plusieurs se connaissaient déjà à travers différents comités de travail », explique M. Jean.
L’entreprise sera de plus grande taille et elle aura plus de moyens pour retenir et attirer des talents, en créant des équipes de qualité en gestion des ressources humaines, en comptabilité, en innovation technologique, etc. « Personne n’a annoncé son départ parce que la compagnie est rendue trop grosse », confirme M. Jean.
Un boulot prenant
L’entrepreneuriat est un boulot très prenant, mais extrêmement motivant, selon André Roy. « Tu te réveilles le matin, jusqu’au coucher le soir, tu penses toujours à l’entreprise. Tu ne fais pas d’effort pour penser à ton travail, la motivation est toujours là. Si tu es leader dans l’âme, ça ne te pèse pas », dit-il.
Bien sûr, cela représente aussi une responsabilité. André Roy est très fier de ce qu’il a accompli à la tête de son entreprise. Au début des années 1990, alors que l’économie allait mal et que les courtiers se faisaient piller des parts de marché par les assureurs directs, il avoue avoir eu un doute. Même si tout le monde travaillait fort, la qualité du service n’était pas à son goût.
« On était à Charlesbourg dans ce temps-là, je suis allé faire des achats aux Galeries de la Capitale. L’économie allait mal, il n’y avait personne dans les grands magasins, sauf chez Simons. » À cet endroit, les clients en avaient pour leur argent, le service était impeccable, les produits étaient bien présentés, etc., raconte-t-il.
Il en a tiré une leçon. « Je veux que les gens viennent chez nous parce qu’on est les meilleurs. » C’est encore le cas ces dernières années, avec la croissance organique du cabinet, le degré de satisfaction de la clientèle, le niveau d’engagement des membres du personnel et la rentabilité de l’entreprise.
« J’arrive à bon port, je confie le bateau à un nouveau capitaine qui l’amènera ailleurs. Je suis très satisfait de là où nous sommes, justement parce qu’on a investi dans la formation des employés, dans la technologie, dans le développement des affaires, dans le télémarketing, et parce qu’on partage nos meilleures pratiques avec d’autres cabinets », poursuit M. Roy.
« Ce qui nous gardera éveillés la nuit, c’est de faire en sorte que le cumul des deux entreprises permettra d’obtenir une croissance encore plus élevée », ajoute Patrice Jean.
« Tu dois avoir un volume assez élevé pour te donner les moyens d’appuyer le personnel, notamment par du coaching », souligne André Roy. L’industrie de l’assurance est devenue un domaine très complexe et les distributeurs doivent continuellement s’ajuster à la demande.
Le cabinet peut ainsi compter sur des spécialistes pour les divers types de risques, en assurance agricole, en cautionnement, en assurance crédit, en protection informatique, etc. « Pour être concurrentiel quand on approche les plus gros clients, qui font souvent affaire avec de grands cabinets internationaux, tu dois avoir les ressources en conséquence », souligne André Roy.