L’année 2024 sera décisive pour les PME, car plusieurs d’entre elles ont connu une année pénible en 2023 « alors qu’elles n’étaient pas complètement remises des conséquences néfastes de la pandémie », souligne la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
La FCEI publie mensuellement son Baromètre des affaires pour dresser le portrait du niveau de confiance des dirigeants de PME, de l’état des affaires et divers facteurs liés à la santé de l’économie. Pour la première fois, l’organisme publie ce bulletin en forme de bilan pour la dernière année.
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Sur un indice de 0 à 100, le niveau de confiance annuel pour l’année 2023 s’est établi à 47,8, ce qui en fait le résultat le plus bas depuis 2010, si l’on fait exception du creux historique de 38,9 observé en 2020, première année de la pandémie de COVID-19.
L’état général des affaires est en baisse, selon les dirigeants de PME du Québec qui ont participé à l’enquête, tous secteurs confondus. Quelque 45 % des répondants disent que la situation de leur entreprise est bonne, tandis que 42 % indiquent que la situation est acceptable et 13 % jugent qu’elle est mauvaise. Les résultats de 2023 sont basés sur 6 946 réponses fournies aux enquêtes mensuelles.
Pour plusieurs PME, « l’année 2023 était censée être celle qui permettrait de laisser derrière elles les chocs immenses reçus durant la pandémie. En rétrospective, c’est le contraire qui est arrivé », fait valoir François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI.
Selon M. Vincent, les coûts d’exploitation ont continué de grimper et le gouvernement du Québec a contribué à rendre la situation plus difficile. Il énumère les hausses des coûts d’électricité, qui a été la plus élevée en 25 ans, de même que celle du salaire minimum, la plus importante augmentation depuis 1995.
Les hausses de taxes annoncées en fin d’année dans plusieurs municipalités pour l’année 2024 sont aussi dénoncées par la FCEI. « C’est à se demander où est passée la sensibilité envers les PME démontrée durant la pandémie », ajoute M. Vincent, cité dans le communiqué qui accompagnait la publication du Baromètre des affaires le 9 janvier dernier.
La main-d’œuvre
Parmi les principales contraintes qui limitent la progression des ventes des petites et moyennes entreprises, les membres de la FCEI mettent toujours au sommet de la liste la pénurie de main-d’œuvre qualifiée (52 %) et de main-d’œuvre non qualifiée (34 %).
Ces préoccupations sont inférieures à ce qu’elles étaient un an plus tôt, où les mêmes indices atteignaient 58 % et 46 %, mais demeurent plus élevées que la moyenne historique du Baromètre depuis 2010. À l’exception de l’agriculture, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée arrive en tête de liste pour tous les secteurs d’activité.
Les préoccupations à l’égard de la main-d’œuvre ont été l’objet d’un sondage distinct, mené au printemps 2023, dont les résultats ont été publiés au début de l’été dernier.
Concernant les pressions faites sur les coûts, tous secteurs confondus, les charges salariales arrivent en tête de liste, avec 65 % des répondants qui le confirment, une hausse par rapport au score de 63 % de 2022 et sur la tendance historique (55 %).
Les coûts d’assurance arrivent en deuxième place des principales pressions, celles-ci étant mentionnées par 51 % des répondants, comparativement à 33 % un an plus tôt et à une moyenne historique de 39 %. Suivent les coûts des carburants et de l’énergie, cités par 46 % des répondants, et les coûts d’emprunt (44 %).
Cette pression additionnelle sur les coûts a un impact sur les investissements planifiés au cours du premier trimestre de 2024, lesquels sont en baisse pour toutes les catégories comparativement à la même période 12 mois plus tôt, soit la bureautique, l’outillage de fabrication, les terrains et les bâtiments ainsi que les véhicules.
« Une baisse de l’investissement privé n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie » ni pour les PME, selon la FCEI.
Des gestes attendus
Pour la FCEI, les différents paliers de gouvernement peuvent appliquer un plan simple en trois étapes pour faciliter la vie des dirigeants de PME : limiter l’augmentation des coûts, créer un environnement fiscal concurrentiel pour favoriser l’investissement privé et réduire le fardeau administratif et réglementaire pour accorder du temps aux entrepreneurs.
Comme elle le fait de manière régulière, la FCEI exhorte le ministre des Finances du Québec à mettre fin à la règle fiscale qui empêche les plus petites entreprises du secteur de la construction et des services d’avoir accès au taux d’impôt réduit accordé aux autres petites entreprises. Les petits cabinets en assurance de dommages et en expertise de règlement de sinistres font partie des PME concernées par cette demande récurrente de la FCEI.
Plus de 2,25 millions de Québécois travaillent dans une PME, ce qui représente plus de 8 emplois sur 10 dans le secteur privé. Quelque 85 % des entreprises du Québec ont moins de 20 employés. Plus de la moitié des entreprises, soit 53 %, ont moins de 5 employés.
« La situation des PME est loin d’être favorable, et cela se voit dans les résultats du bilan 2023. Le gouvernement du Québec a les clés pour changer cette tendance inquiétante », souligne M. Vincent. La FCEI compte 97 000 membres partout au Canada, dont 21 000 sont au Québec.
Finances, assurances et immobilier
Pour le secteur « finances, assurances et immobilier », les perspectives des PME étaient supérieures à celles de l’ensemble des répondants, l’indice atteignant 62,5 en 2023. Cet indice est en hausse par rapport à l’année précédente.
La préoccupation à l’égard de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée était citée au premier rang par 48 % des répondants de ce secteur. En deuxième place, l’élément préoccupant le plus fréquemment cité par 28 % des répondants concernait les compétences en gestion et les contraintes de temps, en hausse par rapport à la mention faite par 18 % des participants de l’industrie en 2022.
Concernant l’état général des affaires, quelque 82 % des dirigeants de PME du secteur estimaient que la situation était bonne, tandis que 18 % la jugeaient acceptable. Personne n’estimait la situation mauvaise, alors qu’ils étaient 4 % à le penser un an plus tôt. En consultant les données moyennes annuelles fournies par la FCEI, on voit qu’il n’y a jamais eu plus de 8 % des répondants du secteur « finances, assurances et immobilier » qui estimaient la situation mauvaise.