Quelque 85 % des dirigeants de PME du Québec affirment que le manque de main-d’œuvre représente un frein majeur pour leur avenir. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a tenu un récent sondage qui lui permet de quantifier l’impact des problèmes de recrutement et de rétention du personnel. 

Le sondage a été mené en ligne du 20 avril au 31 mai 2023. Quelque 903 membres de la FCEI, issus de tous les secteurs et de toutes les régions du Québec, ont participé au sondage. Un échantillon de cette taille comporte une marge d’erreur de 3,3 %, 19 fois sur 20. 

Un sondage similaire avait été mené en septembre 2022, où 87 % des dirigeants de PME avaient exprimé leur vive inquiétude au sujet de la main-d’œuvre. La Fédération leur demande de choisir la situation qui décrit le mieux leur situation concernant la main-d’œuvre. 

Quelque 43 % des répondants disent qu’ils n’ont pas tous les employés qu’il leur faut pour leurs activités actuelles en raison des pénuries de personnel. Ce nombre est assez stable comparativement aux 44 % des répondants qui ont dit la même chose en septembre dernier. 

Un quart des répondants (25 %) déclarent avoir tous les employés dont ils ont besoin, mais ils observent une hausse importante des coûts du côté des salaires, de la flexibilité des horaires et des primes à l’embauche. Cette option avait été retenue par 21 % des dirigeants de PME au précédent sondage. 

De plus, 17 % des répondants indiquent qu’ils ont tous les employés requis pour maintenir leur niveau actuel d’activité, mais ils soulignent leur incapacité à trouver le personnel nécessaire pour prendre de l’expansion ou répondre à la demande accrue ou nouvelle. Ils étaient 22 % à déplorer cette situation en septembre dernier. 

Quelque 9 % des répondants choisissent l’option : « Aucune pénurie, nous avons tous les employés qu’il nous faut. » C’est un léger progrès comparativement aux 7 % de dirigeants qui choisissaient cette réponse en septembre 2022. 

Le sondage comporte aussi des données par secteurs d’activité, les types d’emploi les plus recherchés, les principaux obstacles rencontrés par les PME dans leur recrutement et les solutions envisagées pour soutenir les entrepreneurs dans le contexte de la rareté de personnel. 

Risque à moyen terme 

François Vincent

Le sondage de la FCEI vise aussi à évaluer la perception des entrepreneurs sur le temps de survie de leur PME si la pénurie de main-d’œuvre persiste ou s’aggrave. Quelque 40 % des répondants disent qu’ils ne pourront survivre à moyen terme, soit entre une et quatre années, sans le personnel nécessaire. Cette proportion atteignait 45 % en 2021, lors du premier sondage mené par la FCEI sur le sujet. 

S’ajoutent à cela 6 % des dirigeants de PME qui estiment que leur survie est menacée à court terme, soit moins d’un an. Cette proportion était de 12 % en 2021. 

Enfin, 33 % des répondants estiment qu’ils pourront survivre à long terme, soit plus de cinq ans, sans le personnel nécessaire. Ils étaient 23 % à choisir cette option en 2021. 

Selon François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI, cette proportion de 46 % des répondants estimant leur survie être menacée à court ou moyen terme confirme que cet enjeu de main-d’œuvre met une pression énorme sur le dos des entrepreneurs. 

« La bonne nouvelle, c’est que la pression diminue sur le court et moyen terme. On peut voir ici les effets positifs du travail des PME pour faire face à cet enjeu ainsi que les retombées des programmes gouvernementaux. L’enjeu reste de taille et urgent pour notre économie. Il faut poursuivre et accentuer les efforts », indique M. Vincent.

Temps plein 

Les emplois vacants sont des postes à temps plein, confirment les répondants du sondage. Quelque 80 % des dirigeants de PME disent chercher des employés de production ou des métiers spécialisés, 50 % veulent recruter du personnel technique ou administratif, 46 % cherchent du personnel de vente et 34 % veulent pourvoir des postes de cadres. 

« Les contraintes sont encore nombreuses pour les dirigeants de PME, comme la difficulté de trouver des candidats aux compétences répondant à leurs besoins, la difficulté des petites entreprises de répondre aux attentes des candidats ou encore la concurrence entre elles, les grandes entreprises et le gouvernement pour les mêmes candidats. Les deux tiers des emplois du secteur privé se trouvent en petites entreprises. Économiquement, on a tout à gagner à mieux les outiller pour relever le défi du manque d’employés », ajoute François Vincent.

De l’aide requise 

Même si les données du sondage montrent une légère amélioration de la situation comparativement aux résultats antérieurs, l’enjeu de la main-d’œuvre demeure important. La FCEI a aussi demandé aux répondants de cibler les priorités d’action que devrait prendre le gouvernement du Québec. 

Selon M. Vincent, d’ici la mise à jour économique de l’automne, la FCEI estime que le gouvernement « devrait créer un groupe d’action gouvernemental pour lutter contre les pénuries de main-d’œuvre, coprésidé par les ministres de l’Emploi et de l’Économie ».