La haute direction du cabinet EgR Stratèges en assurance prépare sa relève depuis un moment. Quatre courtiers ont été promus à la tête de cette importante entreprise spécialisée en assurance aux entreprises. Ils entreront en fonction le 1er octobre prochain.
Le 7 juillet dernier, les coprésidents de l’entreprise, Richard Drouin et Simon Marchand-Fortier, ont annoncé céder leur place à Marc-Antoine Roux et Bruno Castonguay. Les deux courtiers occupaient des fonctions similaires de vice-président et responsable d’un territoire.
En entrevue avec le Portail de l’assurance, MM. Drouin et Marchand-Fortier précisent qu’ils continueront à œuvrer comme conseillers stratégiques et à épauler la nouvelle direction dans ses plans de croissance des prochaines années.
Fondé à l’automne 2014 par la fusion des expertises de courtiers spécialisés en assurance de dommages des moyennes et des grandes entreprises, EgR comptait à l’époque 150 employés et un volume de primes combiné de 140 millions de dollars (M$).
Dix ans plus tard, selon le Classement des leaders en distribution d’assurance de dommages au 31 décembre 2024, EgR arrivait en septième place avec un volume de primes de 375 M$. Selon Richard Drouin, ce volume approchera les 400 M$ à la fin de 2025.
« Durant nos deux premières années, on était occupé à intégrer les trois cabinets et les deux acquisitions récentes, et notre volume a peu bougé. La progression du volume s’est faite en 8 ans », explique-t-il.
Au début de juillet, les employés étaient réunis pour souligner le 10e anniversaire du cabinet. Par la même occasion, Marc-André Laflamme a été nommé chef des opérations et Philippe Bureau est devenu vice-président et dirigeant du Centre-du-Québec.
Une transition harmonieuse
C’est important de passer le flambeau quand l’entreprise est en excellente santé.
– Richard Drouin
Les deux coprésidents sortants sont arrivés dans le courtage en étant recrutés par des courtiers qui désiraient préparer leur relève. « On est arrivé dans l’industrie de cette manière et on a toujours été sensible à ça. Nos prédécesseurs nous ont attirés vers l’industrie et nous ont fait progresser dans l’entreprise », ajoute M. Drouin.
Richard Drouin est diplômé en finances. Il a été recruté en 2001 par le cabinet Assuraction Pépin Assurances, de Drummondville, avant d’en devenir le président quelques années plus tard.
De son côté, Simon Marchand-Fortier, qui a commencé sa carrière comme avocat durant une dizaine d’années, a été recruté en 2007 par Louis Bélanger, du cabinet Pratte Morrissette à Québec. M. Bélanger, qui a été le premier président d’EgR, a cédé les rennes en 2016.
« On a toujours eu en tête de bâtir la relève et de voir des jeunes progresser. Et là, on voyait le temps arriver où ces gens étaient prêts. Ils avaient accompli de belles choses chez EGR et c’est important de passer le flambeau quand l’entreprise est en excellente santé », souligne M. Drouin.
Simon Marchand-Fortier abonde dans le même sens : « On confie à nos successeurs une Ferrari dont le réservoir est plein. »
Ils verront à transmettre leurs connaissances en gestion. « La santé financière d’EGR est exceptionnelle. Cela pourrait nous permettre de considérer de possibles acquisitions. Je ne dis pas que ça va arriver, mais nous pourrons nous impliquer pour aider la direction à identifier les cibles potentielles », explique Richard Drouin.
Une distribution des tâches à préciser
On s’est rendu compte au fil du temps qu’on travaillait tellement en étroite collaboration qu’on ne forme qu’un président.
– Simon Marchand-Fortier
Simon Marchand-Fortier était chef de l'exploitation et Richard Drouin occupait la fonction de chef de la direction. Pour l’instant, la répartition des tâches n’est pas définie pour les prochains coprésidents. « On leur laisse le soin de préciser cela en cas de besoin », note M. Drouin. « La hiérarchie n’a jamais été un problème entre nous. »
Son collègue enchaîne : « Même si on avait délimité nos tâches au départ de façon assez précise, on s’est rendu compte au fil du temps qu’on travaillait tellement en étroite collaboration qu’on ne forme qu’un président », souligne M. Marchand-Fortier. « Tout ce qui est important, on le fait à deux tout le temps. »
Le choix des succursales
À la suite de la fondation en 2014, et avec des cultures entrepreneuriales distinctes à intégrer dans une seule entreprise, la direction a eu à préciser ses valeurs et à créer sa propre vision de l’expansion de l’entreprise, laquelle passe par la croissance organique et l’acquisition de talents.
Au fil des ans, des succursales ont été fermées à Laval, Trois-Rivières et Sherbrooke. Une nouvelle succursale a été créée à l’automne 2024 dans cette dernière municipalité, et une autre a été établie à Rivière-du-Loup.
« À l’époque, on avait fermé Trois-Rivières et Laval parce qu’on jugeait qu’on n’avait pas le personnel nécessaire pour fonctionner et donner la qualité de service qu’on veut offrir », explique Richard Drouin.
À l’inverse, l’établissement de Rivière-du-Loup a été créé parce que le cabinet désirait acquérir l’expertise particulière de certains courtiers actifs dans la région. « Les nouveaux talents, ça nous permettait d’avoir une concentration d’employés dans ce territoire et d’y ouvrir une succursale », précise Simon Marchand-Fortier.
Un marché plus souple
Il faut trouver l’équilibre entre la qualité du produit et le prix qui est offert.
– Richard Drouin
Même si la pandémie a permis de créer des rencontres virtuelles, en assurance des entreprises, le courtier doit encore se rendre chez le client pour évaluer les risques à couvrir. « L’aspect relationnel du conseil est très important », insiste M. Drouin.
« Notre approche est toujours la même, poursuit-il. Nos clients connaissent notre fonctionnement, ils sont au courant des tendances du marché et on les implique dans le processus au renouvellement. » Cette relation de proximité avec les moyennes et grandes entreprises semble fonctionner, car le taux de rétention de la clientèle est de 96 % depuis la création d’EgR.
Durant la période où le marché s’était durci et que les capacités offertes par les assureurs étaient limitées, les renouvellements étaient plus complexes. La concurrence plus vive et l’appétit grandissant de certains assureurs depuis le dernier trimestre de 2023 permettent de magasiner davantage. « Il faut trouver l’équilibre entre la qualité du produit et le prix qui est offert », dit-il.
Le client qui choisit son courtier ou son assureur en fonction de la prime la plus basse sera le premier à partir au renouvellement, ajoute M. Drouin.
« Le marché mou a un impact sur la nature des conseils qu’on leur donne et les stratégies qu’on leur propose », note Simon Marchand-Fortier. Certaines entreprises préfèrent garder le même assureur qui était présent au moment où elles en avaient besoin et qui les accompagne maintenant à l’international, précise-t-il.
La plus grande souplesse chez les assureurs permet par exemple aux entreprises d’obtenir des primes plus acceptables pour des garanties excédentaires en responsabilité civile, indique M. Drouin.
L'importance du climat de travail
Les gens connaissent la façon dont on travaille, nos valeurs, et ils savent que le bureau est bien établi.
– Simon Marchand-Fortier
EgR possède un important volume d’affaires en cautionnement, avec une équipe d'environ 25 personnes, souligne Richard Drouin. Au fil des ans, le cabinet a aussi développé son expertise dans le transport de marchandises par bateau, l’assurance-crédit et la cybersécurité.
Selon Richard Drouin, le cabinet « est renommé pour offrir une très grande expertise, un niveau de performance qui est reconnu ». « On a de la compétence chez EGR, ajoute-t-il. Mais ce qui est très plaisant aussi, c’est que tout ça vient avec les éléments de plaisir et du travail d’équipe. »
Outre quelques départs à la retraite et la restructuration des ressources humaines qui a découlé de la fusion des cabinets à l’origine d’EgR, il y a eu très peu de départs volontaires dans le personnel au fil des ans.
« EGR est rendu vraiment attractif aujourd’hui. Les gens connaissent la façon dont on travaille, nos valeurs, et ils savent que le bureau est bien établi. Notre fondation est forte, on est solide et performant », renchérit Simon Marchand-Fortier.
En conséquence, le cabinet peut être sélectif et créer un nouveau poste afin d’attirer un courtier actif dans une autre entreprise. « Parfois, ça peut être quelqu’un qui n’est pas heureux chez son employeur et qui cherche ailleurs », poursuit-il.
« On ne recrute jamais de manière cavalière chez les concurrents », enchaîne Richard Drouin. Le courtier qui offre ses services doit partager les valeurs de l’entreprise. « Si tu vas chercher un employé par la paye, tu vas le perdre par la paye deux ans plus tard », dit-il.