L’Association des courtiers d’assurance du Canada (ACAC) souhaite que courtiers, assureurs et firmes de logiciel de gestion de cabinet transigent leurs affaires directement par Internet en temps réel, sans avoir à passer par un portail. L’organisme a discrètement commencé à sonder des acteurs de l’industrie sur leur aptitude à le faire.

Le Journal de l'assurance a appris que l'ACAC (en anglais l'Insurance Brokers Association of Canada ou IBAC) avait demandé aux fournisseurs technologiques d'explorer leur capacité de transmettre une police automobile en langage XML.

Dans un sommaire publié en août en anglais et intitulé « Position paper on the use of multiple company websites », l'ACAC note que les assureurs ont tous leur propre interface, ce qui force les courtiers à dupliquer leur travail pour communiquer avec les assureurs, ce qui peut mener à des erreurs et à des omissions de la part du courtier.

L'ACAC note aussi que cet état de fait pourrait inciter certains courtiers à travailler avec moins d'assureurs à la fois, réduisant ainsi le choix des consommateurs. De plus, l'Association avance que les interfaces des assureurs empêchent les courtiers d'offrir un bon service à la clientèle.

L'ACAC termine son sommaire en recommandant aux assureurs et aux fournisseurs technologiques de travailler sur une solution à simple entrée pour toutes les compagnies, où toutes les transactions du courtier s'effectueraient en temps réel entre le logiciel du cabinet et celui de l'assureur.

Bruno Fortin, membre du comité de technologie de l'ACAC, a confirmé au Journal de l'assurance que des tests étaient présentement menés à cet effet avec différents fournisseurs de logiciels de cabinet de courtage au Canada.

Prudent

En entrevue au Journal de l'assurance, Dan Danyluk, PDG de l'ACAC, dit vouloir rester prudent vis-à-vis ce projet et rappelle qu'il n'en est qu'à une étape préliminaire. « Nous voulons voir ce que les fournisseurs technologiques peuvent faire, sans plus. Nous sommes encore en mode exploratoire et ce n'est que la première étape. Nous ne savons pas s'il y aura une deuxième étape. Nous allons y aller très tranquillement », dit-il.

M. Danyluk mentionne toutefois que les fournisseurs technologiques approchés jusqu'à maintenant ont été très coopératifs vis-à-vis leur démarche. Aucun assureur n'a été approché pour le moment.

Le CEPA a aussi confirmé au Journal de l'assurance qu'il était prêt à supporter le projet et mettre ses standards XML à la disposition de l'IBAC. C'est ce qu'a confirmé Bruno Fortin, qui est aussi vice-président du CEPA et président du bureau de direction au Québec, au Journal de l'assurance.

M. Fortin a toutefois précisé que le CEPA ne s'était pas encore engagé dans le projet. Dans son projet, l'ACAC prévoit aussi que, en plus de transiger en temps réel par Internet, les courtiers qui le veulent pourraient aussi utiliser le réseau du CEPA, le CSIOnet, pour transmettre leurs affaires.

Prêts à supporter

La plupart des fournisseurs technologiques interrogés par le Journal de l'assurance se sont dits prêts à supporter le projet de l'ACAC.

« Ça fait sept ans que notre système est prêt pour les normes XML, affirme Martin Ouellet, directeur régional des ventes au Canada d'Applied Systems. On est prêt à créer un modèle à la condition d'utiliser les standards du CEPA. Si l'IBAC veut faire quelque chose, on n'aura pas de problème à l'utiliser, mais on met un bémol. On veut aussi que le CEPA l'approuve. »

Pour sa part, Technologie Keal a confirmé au Journal de l'assurance qu'il avait réussi à produire en 30 jours le modèle demandé par l'ACAC. « Si on avait travaillé uniquement avec cette norme avant, ça aurait simplifié les choses pour tout le monde. Tout le monde aurait communiqué avec tout le monde. Il n'y aurait pas eu une interface par assureur. En ce moment, c'est très difficile d'avoir de l'efficacité et ce sont les courtiers qui en pâtissent », dit Pat Durepos, président de Technologie Keal.

M. Durepos affirme que les assureurs pourront même compter des différences dans leurs formulaires. Un assureur pourrait demander à un client combien il utilise de cordes de bois de chauffage dans une année, alors que l'autre ne le demande pas. Il ajoute toutefois que généralement, quand un assureur ajoute un supplément, le reste de l'industrie suit. Il précise aussi que des changements au formulaire demandés par les assureurs pourraient être ajoutés en quelques jours par les fournisseurs technologiques.

Perplexe

De son côté, Raymond Delisle, président de Deltek, dit comprendre les avantages d'un tel système, mais ne se dit pas prêt à travailler dans un environnement universel.

« Ce n'est pas notre volonté d'avoir vers un tel environnement. On préfère être un logiciel local, au Québec. Nous ne sommes pas présents dans les autres provinces et nous n'avons pas l'intention d'exporter nos produits. On développe notre modèle avec un environnement Microsoft, qui est 100 % Windows. Nous sommes l'un des rares à le faire et nous ne sommes en retard sur personne. XML est une partie du langage et nous ne sommes pas sur une tendance XML. Pourquoi changer ce qui va déjà bien? », se questionne-t-il.

M. Delisle ajoute qu'il fait aussi des tests pour travailler dans un environnement Linux. « Il pourrait y avoir des possibilités dans cet environnement qu'on ne voit pas aujourd'hui. On ne veut pas se limiter à donner un ultime effort en XML », dit-il.

Pour sa part, Michel Vigeant, vice-président vente et développement des affaires au Canada pour Policy Works, dit ne pas être en mesure de commenter directement le projet de l'IBAC. Toutefois, il mentionne que sa compagnie transmet déjà des données directement par Internet en assurance des entreprises depuis plusieurs années, sans passer par un portail.

Ce qu’est le langage XML

Le langage XML décrit la structure et le contenu de l’information à véhiculer dans un fichier informatique afin de la rendre accessible, quel que soit le logiciel utilisé pour la créer.

Ainsi, XML permet de séparer le contenu de la présentation, ce qui permet par exemple d’afficher un même document sur des applications ou des périphériques différents sans pour autant nécessiter de créer autant de versions du document que l’on nécessite de représentations. (Voir le site commentcamarche.net)

Avec XML, un courtier entre les données du client une seule fois et le logiciel du cabinet les traduit en XML, les rendant accessibles à tous les formats qu’utilisent les assureurs.