Selon une importante firme de courtage d’assurance de dommages, la concurrence accrue découlant de la résurgence des Lloyd’s de Londres au Canada et de l’arrivée de nouveaux joueurs, offre désormais la possibilité aux entreprises de couvrir leurs risques dans de meilleures conditions et à prix plus raisonnable.
Le géant du courtage Navacord a récemment publié ses perspectives du marché de l’assurance aux entreprises dans un récent rapport, intitulé Crosswinds and Currents. On y constate notamment les impacts de l’incertitude associée à la guerre commerciale tous azimuts lancée par Washington, notamment contre le Canada.
En conséquence, les entreprises sont en mode attentiste et retardent les décisions d’investissement. « Cette pause dans l’activité entraîne une incertitude sur le marché de l’assurance responsabilité des administrateurs et dirigeants à l’avenir », indiquent les auteurs du rapport.
Immobilier
L’appétit grandissant des agents généraux (MGA) force les assureurs domestiques à tailler leurs crayons au moment de souscrire des risques associés aux immeubles commerciaux. Navacord fait observer que les souscripteurs augmentent les limites et réduisent les franchises notamment pour les dommages causés par l’inondation afin d’attirer les nouvelles affaires.
Par contre, « les clients qui font preuve d’un manque d’attention à la prévention des pertes de biens pourraient néanmoins voir leurs primes augmenter, même dans un marché souple », ajoutent les auteurs.
Les règles de souscription pour les nouveaux immeubles commerciaux demeurent très strictes en raison de la hausse des événements météorologiques extrêmes. « Les clients doivent établir des programmes d’atténuation des risques et tirer parti des nouvelles technologies, en particulier dans les nouvelles constructions et les conversions dans l’espace résidentiel. »
En assurance responsabilité civile des entreprises, la présence accrue des Lloyd’s de Londres augmente la concurrence dans le marché. On souligne dans le rapport que la couverture des risques à long terme associés aux « polluants éternels » du type PFAS (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées – SPFA) est de plus en plus souvent visée par des exclusions ou des limites dans les contrats d’assurance.
Navacord remarque les couvertures excédentaires de type parapluie (umbrella) sont désormais plus accessibles et comportent des limites plus intéressantes pour les entreprises.
La firme remarque aussi l’existence de conditions plus abordables pour la responsabilité civile générale et excédentaire dans le secteur de la construction. « Les assureurs manifestent un intérêt accru pour les secteurs historiquement en difficulté, tels que les entrepreneurs en mécanique et en restauration. Les entreprises de toiture, de protection, de protection environnementale et de travaux industriels à haut risque bénéficieront également de réductions. »
Par contre, pour les biens des entreprises, la rareté de l’offre fait en sorte que les hausses de primes sont plus élevées pour la couverture des équipements de production, font valoir les auteurs du rapport.
Avec la multiplication des sinistres catastrophiques liés au climat, l’intérêt des entreprises pour l’autoassurance et les captives est en croissance, souligne Navacord. On a observé l’établissement de 33 captives en Alberta depuis 2022, où les règles d’implantation sont plus simples que celles qui sont applicables dans les juridictions fiscales dans les Caraïbes, par exemple.
Pour le secteur de l’agriculture, un acteur très important dans les provinces des Prairies, la diversification des marchés d’exportation est déjà entamée. En conséquence, les clients actifs dans l’exportation de produits agricoles outre-mer ont intérêt à utiliser l’expertise des courtiers pour revoir leur stratégie de couverture de risque sur le marché londonien, suggère Navacord.
Assurance des particuliers
Les auteurs notent que le marché demeure plus difficile en assurance des particuliers, étant donné le coût plus élevé de la réassurance à laquelle les assureurs doivent recourir en raison d’événements météorologiques extrêmes et de grande envergure, comme on en a vécu au Canada en 2024.
La situation n’est guère meilleure au Canada en 2025 en matière de sinistres climatiques. On souligne notamment l’importante tempête de verglas qui a touché l’Ontario et le Québec à la fin de mars, pour laquelle Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ) rapportait récemment une évaluation de 416 millions de dollars (M$) en dommages assurés.
Navacord mentionne l’importance des feux de forêt dévastateurs dans les provinces de l’Ouest, lesquels ont forcé l’évacuation de plusieurs communautés en Saskatchewan et au Manitoba. D’autres sinistres majeurs aux États-Unis, notamment les ouragans en Floride à la fin de l’été 2024 et les feux à Los Angeles en janvier 2025, forcent aussi les réassureurs à revoir les limites de ce qu’ils sont prêts à couvrir.
Même si les consommateurs continuent de magasiner leurs protections individuelles, le marché de l’assurance habitation demeure très serré en raison des coûts de reconstruction, qui augmentent plus vite que l’inflation.
En assurance automobile, les coûts de réparation, les vols de véhicules et les soubresauts dans l’encadrement du marché par les provinces sont considérés comme des facteurs qui influencent la prime au renouvellement. En ajoutant l’impact de la guerre commerciale avec les États-Unis, les pressions sur la tarification resteront élevées dans les prochains mois, estiment les auteurs du rapport.
Concernant le vol automobile, Navacord constate que les efforts concertés des autorités ont permis d’endiguer le fléau, mais le taux de récupération demeure insuffisant. De plus, les réseaux criminels mettent l’accent sur les modèles plus récents et luxueux.
En matière d’assurance voyage, Navacord souligne que la firme est le joueur le plus important dans ce marché et que ses courtiers peuvent assister les consommateurs dans leur questionnement sur les visas et les règles touchant l’immigration. Dans le rapport, on constate que les transporteurs ont commencé à créer de nouvelles routes pour des destinations situées ailleurs qu’aux États-Unis.