Le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) a indiqué craindre « l’anglicisation de l’industrie », dans son mémoire prébudgétaire Un moteur économique qui évolue au service du consommateur soumis au ministère des Finances en février dernier. Éric Girard, ministre des Finances, dévoilera cet après-midi son premier budget.

C’est dans sa recommandation demandant au ministère de mettre en place des mesures fiscales visant à accélérer l’investissement des entreprises dans leur transformation technologique que le RCCAQ aborde la question de la langue.

« La langue est également un frein lorsque vient le temps de bénéficier des innovations technologiques de joueurs majeurs disponibles en anglais seulement », souligne l’organisme dans son mémoire.

Un facteur parmi tant d’autres

Typhaine Letertre, directrice des communications et affaires publiques du RCCAQ, nuance toutefois que la langue est un facteur parmi tant d’autres que le regroupement souhaite mettre en lumière auprès du gouvernement dans ses recommandations pour aider les cabinets dans leur évolution numérique.

« De nombreuses solutions technologiques se développent, de nouveaux acteurs dans le monde des assurtech apparaissent, plusieurs d’entre eux évoluant en anglais, et ajoutant ainsi une pression supplémentaire aux investissements que les cabinets doivent engager. Considérant que les cabinets de courtage sont des PME dont la grande majorité sont de très petites entreprises, il ne s’agit pas du principal facteur, mais d’un élément supplémentaire pour souligner l’urgence auprès du gouvernement de soutenir les cabinets de courtage prêts à relever le défi d’un nouvel environnement technologique. En d’autres termes, la langue est un critère parmi plusieurs, que nous croyons pertinent de souligner pour qu’il ne devienne pas un frein à la mise en place de solutions performantes », explique-t-elle.

Un possible déséquilibre

Ceci s’ajoute à l’inquiétude de ses membres quant au « possible déséquilibre entre les différents acteurs de la distribution de produits d’assurance de dommages dans le cadre du commerce électronique ». Le RCCAQ illustre que plusieurs centaines de cabinets, dont la plupart sont de très petites entreprises, ne disposent pas des mêmes moyens financiers que les assureurs directs pour investir dans les technologies.

Selon des données du RCCAQ, 67,5 % des cabinets de courtage sont des PME, comptant un à quatre employés certifiés.

« À notre avis, ce déséquilibre comporte un risque qui, ultimement, pourrait pénaliser le consommateur qui ne bénéficierait plus que d’une offre restreinte et, éventuellement, nuire à l’évolution de l’industrie », écrit le RCCAQ.

Un forum d’échange permanent

En plus de cette recommandation, le RCCAQ se dit en faveur de la mise sur pied d’un forum d’échange permanent avec le régulateur et le gouvernement « afin de pouvoir aborder l’avenir et l’évolution de l’industrie en plus de traiter d’enjeux courants, et ce, au bénéfice du consommateur ».

L’organisme indique vouloir travailler avec le régulateur et le gouvernement pour assurer l’équilibre entre la protection du consommateur et le développement de l’industrie, tout en tenant compte des risques économiques, technologiques et climatiques en évolution.

Réitération de certaines positions

Le RCCAQ réitère également plusieurs des commentaires qu’il a faits au cours des récents débats sur la vente de produits d’assurance par internet. L’un d’eux est la recommandation de rendre disponible au consommateur le mot-à-mot des polices d’assurance et des avenants, afin de lui offrir « le même degré de renseignements, de conseil et de protection professionnelle ».

Finalement, le regroupement demande à ce que des mesures visant l’accueil de nouveaux travailleurs, particulièrement dans les régions du Québec, soient instaurées, puisque l’industrie de l’assurance de dommages se trouve actuellement en pénurie de main-d’œuvre, dit le RCCAQ. Ces nouveaux travailleurs « contribueront ainsi à combler des emplois bien rémunérés au sein de l’industrie du courtage d’assurance de dommages », souligne le regroupement.