Le secteur canadien de l’assurance de dommages a réussi à absorber l’impact de l’année 2024, la plus coûteuse jamais enregistrée en matière de catastrophes, selon AM Best. Dans un nouveau rapport spécial, l’agence de notation attribue cette résilience aux solides coussins de capital, à une tarification disciplinée et à une gestion efficace des risques. 

« AM Best maintient également ses perspectives stables pour le marché de l’assurance de dommages au Canada, en partie grâce à sa forte rentabilité, à la solidité des résultats en souscription et à des rendements de placements favorables », indique l'agence. « D’autres facteurs de soutien incluent un cadre réglementaire complet et en constante amélioration, des niveaux adéquats de capacité en réassurance et une atténuation des pressions inflationnistes. » 

Parmi les défis que doivent relever les assureurs, AM Best cite les risques climatiques persistants et les difficultés dans le secteur de l’assurance automobile des particuliers. « Ces pressions mettent à l’épreuve la résilience de l’industrie et exigent une adaptation continue des stratégies de souscription et des pratiques de gestion des risques afin de maintenir la rentabilité », ajoute Alan Murray, directeur chez AM Best, dans un communiqué.

« Les assureurs de dommages canadiens ont affiché une autre solide performance financière en 2024, générant un revenu net total de 6,3 milliards de dollars canadien, en léger recul par rapport aux 7,1 milliards enregistrés en 2023 », poursuit AM Best dans le communiqué. 

Le rapport souligne que les résultats en souscription ont fait preuve d’une résilience notable, et que les revenus de placement ont été solides, portés par des rendements obligataires plus élevés liés à la hausse des taux d’intérêt. 

Des pertes catastrophiques historiques 

Le document s’attarde également aux pertes catastrophiques records survenues en 2024. « Une fois ajustés à l’inflation, les coûts cumulés de ces événements depuis l’an 2000 s’élèvent à 50,6 milliards de dollars. Une part d’environ 18% de ce total a été enregistrés durant la seule année 2024 », affirme AM Best.

« Alors que les changements climatiques accroissent la fréquence et l’intensité de ces événements, la nécessité pour les assureurs, les gouvernements et les communautés de collaborer en matière de prévention se fait de plus en plus pressante. Les investissements dans la résilience des infrastructures, la mise à jour des codes du bâtiment et le développement de systèmes avancés d’alerte précoce peuvent jouer un rôle essentiel dans la réduction des expositions futures. » 

Intitulé Best’s Market Segment Report: Credit Fundamentals in Canada’s Property/Casualty Sector Remained Stable in 2024, Despite Record Catastrophe Year, le rapport traite aussi de la montée des périls secondaires, de la valorisation des portefeuilles, des risques géopolitiques émergents, de l’utilisation de l’intelligence artificielle, des risques environnementaux, des évolutions réglementaires, des cyberrisques et de la distribution. 

Préoccupations croissantes face au risque sismique 

Dans son rapport AM Best fait état de la découverte d’une ligne de faille située principalement au Yukon, soulignant qu'elle vient accentuer les préoccupations liées au risque sismique. « Longtemps inactive, une rupture le long de la faille de Tintina pourrait, selon les estimations, dépasser une magnitude de 7,5 sur l’échelle de Richter », écrivent les auteurs. « L’impact sur l’industrie pourrait aussi être significatif, d’autant plus qu’AM Best estime que la disponibilité et l’accessibilité de la réassurance au Canada pourraient être mises à rude épreuve dans un tel scénario. » 

Les réassureurs, malgré une détérioration de leurs résultats techniques, ont maintenu des positions de capital solides en 2024. Le rapport indique également que les prix sont demeurés fermes dans la majorité des segments. « Les réassureurs canadiens ont connu une performance inférieure en 2024 par rapport à 2023. Le ratio combiné a grimpé en flèche, passant de 65,6% en 2023 à 92,6% en 2024, en raison d’une forte hausse du ratio de sinistres, tandis que le ratio des frais est resté relativement stable d’une année à l’autre. »