L’explosion d’un camion-citerne sur l’autoroute 40 a marqué l’imaginaire. Et l’évènement a rappelé qu’un cataclysme peut s’abattre sur une entreprise sans qu’on s’y attende.
Selon Mathieu Gagnon, vice-président au développement des affaires de Vézina Assurances, il y a eu quelques cas très médiatisés qui ont mis de l’ordre dans le marché de la responsabilité du type Dirigeants et Administrateurs. Il cite le cas de l’explosion survenue en aout 2008 aux installations de Sunrise Propane, à North York (Ontario), ou encore celui du site contaminé de la société aérospatiale Northstar. « Beaucoup de dirigeants réalisent de plus en plus qu’ils sont exposés à d’énormes frais, dit-il. L’époque où l’on pouvait mettre la clé dans la porte de la compagnie et se sauver de ses responsabilités est finie. »
Daniel Vena, courtier, responsable du secteur immobilier chez BFL Canada, rappelle que le risque environnemental touche toute entreprise, et pas seulement celles qui mènent des activités qui peuvent polluer l’air, le sol ou l’eau. « Outre que de couvrir les dommages, l’assurance devient aussi un outil financier pour transférer ou mitiger son risque. Il faut le voir dans un esprit d’ensemble », dit-il.
Toutefois, l’évaluation du risque environnemental représente un exigeant travail de souscription. On vise alors des polices d’une durée plus longue, de trois à cinq ans. On le voit particulièrement dans les projets qui sont prévus sur d’anciens sites industriels.
À la suite de certains sinistres qui ont couté très cher à des assureurs, on a vu disparaitre la clause du plafond de couverture appelée en anglais “cost cap”. Le preneur acceptait de payer un énorme montant de franchise, et assurait l’excédent. « On sait qu’il y en a pour 10 millions de dollars (M$) pour restaurer le site, donc on achète une police pour couvrir au-delà ces 10 M$. Mais les assureurs ont eu de gros problèmes avec ce produit. Quand venait le temps de dépolluer le site, ça coutait toujours plus que prévu », explique Mathieu Gagnon.
Michel Bergeron, responsable des institutions financières au Québec chez EY, estime que les administrateurs et dirigeants de l’entreprise doivent absolument assurer leurs projets d’expansion contre le risque environnemental. « Une PME du Québec qui ouvrira un site au Vermont découvrira vite que les lois et les règlements sont relativement complexes dans le pays voisin », cite-t-il en exemple.
Détenteur du titre d’administrateur de sociétés certifié, Bernard Deschamps souligne que la formation en la matière consiste essentiellement à « apprendre à poser les bonnes questions ». Modifier la culture de l’organisation à l’égard de la gestion du risque prend du temps, dit-il en donnant l’exemple des préoccupations nouvelles à l’égard de la cybercriminalité. « C’est une question d’éducation. À un moment donné, les gens réalisent que c’est important, ils en ont entendu parler, et ils décident d’acheter une police. »