Environnement Canada émet plus de 10 000 avertissements de temps violent au Canada chaque année.
Aucun de ces évènements météorologiques extrêmes n’a causé la faillite d’un assureur au cours des 60 dernières années.
La plus grande catastrophe naturelle au Canada a été un incendie de forêt à Fort McMurray, en Alberta, en 2016, qui a entraîné des pertes assurées d’environ 3,6 milliards de dollars (G$).
Il est bien documenté qu’un vaste tremblement de terre autour de Vancouver ou de Montréal aurait un impact marqué sur la rentabilité de l’industrie, mais aussi sur sa capacité de répondre à ses obligations.
Les tremblements de terre ne sont toutefois pas les seuls évènements qui ont le potentiel de mettre l’industrie canadienne de l’assurance de dommages, et de surcroît toute l’économie du pays, en péril. La Société d’indemnisation en matière d’assurances IARD (PACICC) en a dressé une liste dans un rapport intitulé How Big is Yoo Big? Update to the PACICC P&C Industry Model - The Tipping Point for Systemic Failure.
Voici donc quelques autres scénarios du pire pour l’industrie de l’assurance de dommages et l’économie canadienne.
Un astéroïde frappant le centre-ville de Toronto
Il est estimé que 15 000 tonnes de météorites frappent l’atmosphère terrestre chaque année. La plupart s’incinèrent sous forme de météores. Il arrive toutefois que des morceaux plus gros que dix centimètres de diamètre franchissent cette barrière. Ils ont 70 % de chance d’échouer dans les océans, vu la superficie que ces derniers occupent sur notre planète.
Est-il farfelu de penser que le centre-ville de Toronto ou un autre grand centre urbain pourrait être touché ?
En 1908, un petit astéroïde ou comète a explosé au-dessus de la Sibérie, faisant tomber 80 millions d’arbres sur une superficie de 2 000 kilomètres carrés. Au cours des 50 prochaines années, il y a cinq à dix pour cent de chances que la planète connaisse un autre astéroïde ou une autre frappe de comète comme l’évènement de 1908, indique la société dans son rapport.
Il faut aussi considérer qu’au Canada, la chute d’objets est un dommage couvert par les contrats d’assurance, y compris d’éventuelles réclamations pour dommages causés par les météorites.
« Si l’astéroïde ou la comète frappaient la terre et frappaient directement une ville, la dévastation serait au-delà de tout ce qui a été vécu auparavant », écrit la société dans son rapport.
Un modèle de la firme Risk Management Solutions (RMS) qui a modélisé l’évènement de 1908 sur la ville de New York a entraîné une estimation de plus de 1 000 milliards de dollars de dommages.
« La valeur des biens assurés à Toronto et dans d’autres grandes zones bâties au Canada est de plusieurs centaines de milliards de dollars. Même s’il est très peu probable qu’un astéroïde heurte une ville, cela entraînerait certainement des réclamations pour dommages qui dépasseraient de loin la capacité de payer des assureurs canadiens. »
Une tempête solaire qui « grillerait » les réseaux d’Hydro-Québec
Scénario impensable ? Pas tant que cela…
En 1989, une tempête géomagnétique a déclenché les disjoncteurs du réseau électrique d’Hydro-Québec, entraînant une panne d’électricité qui a duré 12 heures, touché cinq millions de personnes et causé plus de 2 milliards de dollars de dommages. Certains satellites ont perdu le contrôle pendant plusieurs heures et les signaux radio à ondes courtes ont été perturbés.
« La société est devenue de plus en plus dépendante des équipements électriques sensibles. Des recherches pour comprendre et aider à gérer les risques associés à la prochaine super tempête solaire, comme l’évènement de Carrington de 1859, sont en cours depuis environ une décennie, mais les implications pour la société et l’impact potentiel d’un évènement météorologique spatial extrême sur l’industrie canadienne de l’assurance est inconnu. Il existe un risque qu’il puisse entraîner plusieurs dizaines de milliards de dollars de réclamations, dépassant potentiellement la capacité financière de l’industrie », peut-on lire dans le rapport.
Rappelons aussi que les tempêtes solaires peuvent perturber les satellites de communication, la surveillance météorologique et les lignes de transmission électrique et endommager les pipelines, les engins spatiaux et nécessiter la réorientation des voyages aériens pour éviter le risque accru de rayonnement dans les régions polaires.
Le cyberrisque
Il s’agit là d’un risque encore bien incompris, affirme la Société d’indemnisation en matière d’assurances IARD dans son rapport. Ajouter à cela une rupture causée par une catastrophe naturelle pourrait s’avérer digne d’un scénario de science-fiction.
« La dépendance de la société moderne sur les systèmes informatiques est croissante. De plus en plus, ces systèmes s’appuient sur un nombre limité de fournisseurs cloud pour le stockage des données, mais aussi comme plateformes d’exploitation. Quels risques posent les catastrophes naturelles sur ces systèmes ? Il est probablement substantiel », admet la société dans son rapport.
Celle-ci s’attend toutefois à approfondir ces connaissances à ce sujet au fil des ans.