Dans quelques semaines, à Promutuel Lanaudière, entreront en fonction 15 nouvelles recrues.
Pour pourvoir ses postes vacants, c’est à l’étranger et plus précisément en Tunisie que la mutuelle a démarré un recrutement en novembre 2021. Alors que les premiers candidats ont commencé à atterrir sur le sol canadien, la directrice générale Bouthaina Méchichi est revenue sur le processus dans un entretien avec le Portail de l’assurance.
« Ça faisait déjà trois ans qu’on peinait à combler des postes et la pandémie de COVID-19 n’a pas aidé du tout. On est arrivé à la conclusion qu’il fallait trouver une solution différente et plus rapide », explique la directrice.
Un recrutement en collaboration
Pour réaliser son recrutement, Promutuel Lanaudière a fait appel aux services de Montréal International, un organisme aidant le développement économique. « On a communiqué avec un organisme local travaillant sur la régionalisation de l’immigration, pour essayer de voir s’il pouvait nous aider à attirer des gens du côté de Joliette et de la région de Lanaudière, mais ça a été infructueux », relate Mme Méchichi.
Toutefois, tout n’était pas perdu puisque la directrice et son équipe ont été introduits aux Journées Québec, un évènement organisé par le gouvernement du Québec et ses partenaires pour permettre des recrutements à l’étranger.
« Une mission était ouverte et notre code de profession était disponible au ministère de l’Immigration donc on a été mis en relation avec Montréal international et on a pu faire les inscriptions », indique la directrice. « Tout s’est fait en l’espace de dix jours », se souvient-elle.
À cette période, un choix se présentait à la mutuelle entre des candidats du Maroc et de la Tunisie. Les candidats sélectionnés ont déjà un passif dans l’industrie de l’assurance et la Tunisie est « un marché que je connais et dans lequel j’ai œuvré en assurance », révèle Mme Mechichi.
La sélection de ces nouvelles recrues est « un travail fait en collaboration avec le ministère et une agence conventionnée par le ministère dans le pays choisi et donc avec des critères bien établis et à travers une plateforme bien définie. Même si je connais ce terrain, il faut passer par ce mécanisme et les candidats sont déjà filtrés par l’agence en question », tempère toutefois la directrice.
Accueil et formations
Selon la responsable, ce recrutement est une opportunité, car il permet de combler le manque de main-d’œuvre qualifiée, mais pas seulement. Au total, si l’on compte les familles des personnes sectionnées, ce sont une quarantaine de nouveaux arrivants qui posent bagages dans la région. « C’est bon pour l’industrie et pour la régionalisation de l’immigration. Venir avec leurs familles et placer leurs enfants dans les écoles est un ancrage important », indique Mme Méchichi.
La responsable et son équipe se sont attelées à préparer leur accueil. Le 26 septembre dernier, la moitié des candidats est arrivée, suivis d’un autre groupe le 28 septembre. Au moment de l’échange avec Mme Méchichi, trois personnes étaient encore attendues.
« Dès le début de la mission nous avons commencé à travailler sur l’hébergement avec la pénurie ainsi qu’à chercher les formations et programmes adaptés et qui répondent aux exigences de l’immigration, car le permis d’agent est une obligation », détaille la directrice.
Pour s’aider, Promutuel a eu recours aux services de Conform-ID pour mettre sur pieds des formations, opérées par Marc Nadeau, facilitant l’intégration des nouveaux talents de la mutuelle. L’objectif est de « mettre en exergue les différences que l’on peut trouver entre l’assurance en Afrique du Nord et en Amérique du Nord. » À côté de cela, l’Institut d’assurance de dommages du Québec prend en charge « le plus gros de la formation pour le permis d’exercer ».
Une stratégie avantageuse
Outre le logement et la formation, la mutuelle a également aidé ses nouveaux employés pour se véhiculer. « En région on a tous besoin de voiture, mais il faut avoir du crédit et pour avoir un crédit il faut un historique de crédit », constate la responsable.
C’était sans compter sur l’intervention de Sandra Bruneau, directrice des ressources humaines et « native de la région qui a négocié avec Desjardins pour faciliter l’achat de véhicules pour ces gens-là », explique Mme Mechichi. « La caisse populaire a accepté d’ajouter une ligne dans la liste déroulante des concessionnaires autorisées pour qu’ils soient capables d’acheter un véhicule, d’avoir du crédit même sans historique de crédit », détaille-t-elle.
Lors de l’échange accordé au Portail de l’assurance, la directrice confiait que tout était prêt dans les locaux de Promutuel pour accueillir les professionnels, des postes de travail à la technologie. « Cette main-d’œuvre additionnelle va nous aider dans l’atteinte de notre objectif d’affaires », assure-t-elle.
Si aller chercher ses professionnels à l’autre bout du globe peut paraître fastidieux, la directrice estime que ça reste avantageux et se dit « ouverte à renouveler l’expérience ». Selon elle, « la pénurie de main-d’œuvre risque de perdurer entre 15 et 30 ans d’après les experts, ça fait peur ». Face aux actuelles difficultés de recrutement dans l’industrie, elle recommande l’option de l’étranger et indique qu’« il faut se lancer et prendre ce genre de décision pour être capable de continuer d’assurer le service à nos assurés ».