« Un impact négligeable ».

C’est par ses mots que Louis Marcotte, chef des finances d’Intact Corporation financière, a décrit l’impact sur la performance de souscription de son entreprise par rapport au retrait de l’assureur du marché automobile facultatif de la Colombie-Britannique. Il a fait cette description lors d’une conférence téléphonique tenue avec des analystes financiers à la suite de la divulgation des résultats financiers de l’assureur au troisième trimestre de 2020.

Intact a annoncé fin octobre qu’elle se retirait de ce marché vu les modifications réglementaires à venir dans la province. L’assureur considère que ces mesures réduiront la concurrence et limiteront le choix des consommateurs.

En Colombie-Britannique, les consommateurs doivent se procurer leur protection d’assurance automobile auprès d’un assureur public : l’Insurance Corporation of British Columbia (ICBC). Les conducteurs qui le souhaitent peuvent ensuite se procurer une couverture facultative supplémentaire.

À combien de primes renoncera Intact ? Le Portail de l’assurance a posé la question à la fois à Intact et à l’ICBC. Les deux organismes ne l’ont pas dévoilé.

Des données amassées par MSA Research et publiées dans le 2020 Stats Guide de Canadian Underwriter font état qu’Intact possédait un volume de primes de 90 M$ dans le segment automobile des particuliers. L’assureur y possède la plus grande part de marché, à 39 %, juste devant Economical, à 36 %.

Après 20 ans d’efforts, « l’espoir a disparu », dit Charles Brindamour

Le chef de la direction d’Intact Charles Brindamour a aussi donné son point de vue sur la question lors de la conférence téléphonique avec des analystes. « Nous y travaillons depuis plus de 20 ans. Essayer de concurrencer sur une petite partie du marché un monopole qui subventionne une partie avec l’autre a rendu les choses très difficiles. C’est probablement le seul endroit dans toute notre organisation où l’espoir faisait partie de la stratégie. L’année dernière, nous y avons perdu espoir », a-t-il indiqué.

M. Brindamour a aussi fait part de ses recommandations pour le marché automobile de la Colombie-Britannique. « Nous avons les capacités nécessaires pour bien servir le marché en Colombie-Britannique. La voie à suivre en Colombie-Britannique est d’ouvrir la concurrence à tous les niveaux et de rivaliser avec la plateforme en place actuellement. Mais être compétitif sur une petite partie du marché, que le monopole subventionne, est tout simplement intenable d’un point de vue stratégique », dit-il.

M. Brindamour a ajouté qu’il ne voit tout simplement plus ce marché s’ouvrir à la concurrence. « Nous avons maintenant tellement d’opportunités de croissance que nous avons décidé de rediriger nos efforts là où les marchés privés fonctionnent efficacement et où nous pouvons offrir aux clients la meilleure offre possible », a-t-il aussi commenté.

L’ICBC en désaccord

Jointe par le Portail en assurance, l’ICBC se dit en désaccord avec la position d’Intact, selon laquelle l’introduction de l’Enhanced Care Act limite les opportunités pour les assureurs automobiles privés. « Avec l’Enhanced Care Act, les assureurs privés continueront d’être en mesure de vendre les mêmes couvertures d’assurance facultative qui existent aujourd’hui, ainsi que d’autres nouvelles options de produits qui deviennent disponibles », a affirmé son porte-parole Brent Shearer, dans un courriel.

Il ajoute, à titre d’exemple, que les assureurs privés pourront toujours vendre une assurance collision aux Britanno-Colombiens pour couvrir les réclamations liées aux dommages des véhicules des conducteurs, en plus d’une couverture complète contre le vol et le vandalisme d’automobile. Il en est de même pour l’assurance responsabilité civile étendue pour la protection lorsque les Britanno-Colombiens conduisant à l’extérieur de la Colombie-Britannique, ainsi que pour les dommages matériels aux véhicules en Colombie-Britannique ou ailleurs.

« L’introduction de l’Enhanced Care Act le 1er mai 2021 entrainera des réductions importantes du coût de l’assurance automobile pour les conducteurs de la Colombie-Britannique de 20 %, ou 400 $ en moyenne, offrant certains des taux les plus bas au Canada, aux côtés de certains des avantages les plus généreux disponibles partout », a aussi écrit M. Shearer.