Selon un nouveau rapport de l’Institut sur la retraite et l’épargne d’HEC Montréal, les Canadiens ayant les revenus les plus élevés sont, en moyenne, les moins bien préparés pour la retraite — une tendance qui demeure inchangée depuis la publication du rapport initial de l’institut en 2020.
Intitulé Préparation des Canadiens à la retraite : rapport de mise à jour, le rapport vise à éclaircir les conclusions divergentes des différentes études portant sur la préparation des Canadiens à la retraite, à l’aide de leur propre modèle de calcul et de simulation.
La simulation repose sur un vaste éventail de données, incluant les soldes initiaux des comptes d’épargne, les contributions prévues et les retraits anticipés, tous types de comptes confondus, en plus d’analyser la nature des actifs détenus. Elle s’appuie également sur des données issues d’un sondage mené auprès de 6 005 ménages.
« Cela signifie qu’en moyenne, les Canadiens ont un revenu net à la retraite qui est supérieur à leur revenu avant la retraite — s’ils prennent leur retraite à l’âge prévu, s’ils maintiennent leurs stratégies d’épargne et de remboursement des dettes, et s’ils convertissent tout leur patrimoine financier en revenu au moment de la retraite », écrivent les auteurs. Malgré ce constat, ils ajoutent que 16 % des Canadiens demeurent « non préparés » pour la retraite.
L’importance de l’épargne privée
« L’épargne privée dans le troisième pilier joue un rôle essentiel dans la préparation à la retraite », écrivent les chercheurs. « Les personnes à faible revenu (salaire inférieur à la médiane) y apparaissent bien couvertes par le système public malgré leur faible niveau d’épargne et de couverture de régime complémentaire de retraite (RCR). Le groupe le moins bien préparé se compose des ménages à revenu élevé sans couverture RCR ni épargne : seuls 52,4 % d’entre eux sont sur la bonne voie. Leur probabilité d’être “préparés” reste à 69,9 % s’ils disposent d’une épargne privée en l’absence d’un régime d’employeur. »
Les auteurs soulignent également le rôle déterminant des régimes à prestations déterminées (PD) dans la préparation à la retraite. « Les personnes sans RCR et sans épargne affichent des scores de préparation bien inférieurs à ceux qui jouissent d’un régime à PD (prestations déterminées) », note-t-on. « Dans le cas où les régimes à PD disparaîtraient — sans être remplacés par d’autres formes d’épargne — la part des ménages “préparés” tomberait à 72 %, ou de 14 points de pourcentage. »
Impact de l’inflation
Les chercheurs s’intéressent aussi à l’effet de l’inflation. En supposant un taux d’inflation de 3 %, un peu moins de 20 % des ménages canadiens ne seraient pas prêts pour la retraite. « En outre, 21,9 % des ménages auraient moins de 80 % de chances d’être préparés pour la retraite, soit 4,3 points de pourcentage de plus que dans le scénario de référence », peut-on lire.
« Globalement, les ménages canadiens semblent s’en tirer face à une légère hausse modeste de l’inflation de 2 % à 3 % par an. Cela tient sans doute au fait que les deux premiers piliers du système de retraite canadien, soit la Sécurité de la vieillesse/Supplément de revenu garanti, le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec (SV/SRG et RPC/RRQ) sont bien protégés contre l’inflation notamment en s’adaptant à l’évolution du coût de la vie — ce qui fait ressortir l’importance de leur rôle pour plusieurs ménages canadiens. »