Quelles stratégies les assureurs peuvent-ils mettre en place pour s'adapter aux conséquences posées par la pandémie de la COVID-19 ?
La firme d’analyse de données britannique GlobalData se penche régulièrement sur la question. Ses analystes ont mené à deux nouvelles débouchées pour les assureurs.
Assurance de dommages : comment investir la santé mentale et physique
Selon GlobalData, les assureurs de dommages devront adapter leurs polices aux risques changeants. Elle prend pour exemple l’assurance habitation. Comme les gens sont plus à la maison en raison du confinement, il y a moins de vols et de cambriolages. Il y a aussi moins de dégâts d’eau. Ou à tout le moins, les gens peuvent plus rapidement colmater les brèches puisqu’ils sont présents lorsqu’une fuite surgit.
Comment le risque change-t-il ? Yasha Kuruvilla, analyste chez GlobalData, donne en exemple le cas de l’assureur Zurich qui, à travers le monde, a enregistré une hausse de 22 % de réclamations en lien avec des télévisions à écrans plats brisés depuis le début du confinement. Cette proportion passe à 57 % dans les cas où l’écran de la télé peut être changé.
De même, les assureurs de dommages devront peut-être concentrer leurs efforts dans de nouveaux segments, notamment en ce qui a trait à la santé mentale et au bien-être physique. Ce sont des risques que ne couvrent pas les polices traditionnelles d’assurance de dommages.
Comme les gens travaillent davantage de la maison, il est probable que leurs bureaux ne soient pas ergonomiques, ce qui augmente le risque de blessures physiques. Comme les gens travaillent davantage de la maison, ils ont moins d’interactions sociales, ce qui peut mettre une pression sur leur santé mentale. « Les contrats d’assurance devront s’adapter aux nouveaux besoins de gens », dit M. Kuruvilla, analyste chez GlobalData.
Chubb l’a fait, révèle l’analyste de GlobalData. Dans la région de l’Asie-Pacifique, l’assureur a lancé une protection pour les travailleurs de la maison qui offrent une protection pour les douleurs musculaires et un soutien en santé mentale.
« Une fois que les risques de travailler à distance seront mieux cernés, de plus en plus d’assureurs lanceront des produits permettant aux entreprises de protéger la santé de leurs employés. Ça aura un impact sur les primes en assurance habitation. Les assureurs auront toutefois besoin de plus de données pour bien mesurer s’il y a véritablement une baisse des vols et des dégâts d’eaux, entre autres », dit M. Kuruvilla.
Se greffer aux données ouvertes des banques
Le concept d’open banking et du partage de données qui en découlent s’accélérera avec la pandémie et les assureurs devront en profiter, dit aussi GlobalData. Comment ? En comprenant mieux les informations qu’ils dégagent de données ouvertes, les assureurs pourront créer de nouveaux produits numériques plus personnalisés. À terme, ils pourront aider leurs clients à mieux gérer leurs finances.
Cela entrainera une diminution des interactions en personne et une hausse des chats en ligne via des applications et appareils mobiles, dit Jazmin Chong, analyste chez GlobalData. Elle donne l’exemple de l’assurtech ByMiles, qui a introduit une couverture d’assurance automobile où le client paie seulement en fonction de l’usage qu’il en fait. « Cela fait fluctuer la prime mensuellement, mais ByMiles n’a plus recours à des informations comme le pointage de crédit ou d’information plus difficile à obtenir de ce type. »
L’analyste dit croire que les assureurs verront de plus en plus les avantages de ce partage de données au fil du temps. « Sans l’open banking, ByMiles n’aurait pas pu mettre au point son produit. Le partage de données ouvertes lui a permis de mesurer le risque lié à son approche. On peut donc s’attendre à ce qu’il y ait mois d’interaction entre le client et l’assuré à partir de ce moment, puisque le processus d’achat sera grandement simplifié puisque la collecte de données sera moins fastidieuse », dit-elle.