La Coalition pour une relève en assurance de dommages fêtera ses 20 ans d’existence en janvier 2022.

Le nombre de postes à pourvoir dans l’industrie ne cesse de grimper. Il y en avait plus de 6 000 le printemps dernier, comparativement à 5 300 trois ans plus tôt. Son président, Robert LaGarde, dit ne pas s’inquiéter et estime au contraire que cela montre le dynamisme de l’industrie de l’assurance de dommages. « Au Québec, on a même le leadership à cet égard », dit-il.

« Prenons juste le cas d’Intact, qui a développé par acquisition le plus grand modèle d’affaires au Canada », dit-il, en citant aussi les autres grands joueurs québécois comme Desjardins et Beneva.

Avec son nouveau positionnement stratégique annoncé à l’automne 2020, la Coalition épouse désormais un pan plus large des carrières en assurance de dommages. « Pensons seulement à l’utilisation des données, à l’ingénierie des procédés, en informatique, l’apprentissage automatique, l’intelligence artificielle, etc. Ce sont toutes de nouvelles carrières », dit-il.

Selon lui, il importe de défaire le mythe de l’homme à la valise toujours parti sur la route à faire du porte-à-porte, une image encore imprégnée dans l’esprit de plusieurs générations de parents.

Les efforts de la Coalition pour améliorer la notoriété de l’industrie donnent des résultats, comme le montrait le sondage publié au début de l’automne. Grâce au programme d’aide pour la requalification de la main-d’œuvre, les formations qualifiantes en assurance sont désormais offertes dans une trentaine de cégeps.

L’importance des cabinets

L’entretien accordé au Portail de l’assurance a eu lieu une semaine avant son allocution faite au congrès du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ).

M. LaGarde se promettait de faire valoir l’importance du programme phare de la Coalition, qui est l’implantation de l’AEC en milieu de travail, en alternance travail-études. Le projet pilote mené dans les trois cégeps accueillait une cohorte de 28 étudiants. Seulement deux cabinets de courtage ont manifesté leur intérêt.

La Coalition participe à de nombreux salons carrières et de formation professionnelle un peu partout au Québec, et elle y croise de nombreux représentants de l’industrie. « L’enjeu est d’avoir du personnel qualifié et la qualification passe par les diplômes qui comportent un certain nombre d’heures d’apprentissage au niveau des différentes compétences », explique M. LaGarde.

Il rappelle que la Coalition a réussi à implanter ce changement en pleine pandémie. La Coalition des partenaires du marché du travail (CPMT) a accordé une subvention de 600 000 $ à la Coalition pour faciliter son implantation.

Le programme pilote « connaît un franc succès. C’est un modèle pilote, ça se termine en novembre. Il y aura un bilan, mais on s’active pour le reconduire à l’échelle nationale auprès d’un plus grand nombre de collèges. Actuellement, il y en a trois qui participent à l’élaboration du programme, on veut l’élargir », explique-t-il.

Le volet formation en entreprise de l’AEC permet au candidat de se préparer à obtenir son certificat auprès de l’Autorité des marchés financiers. « L’étudiant est apte à conseiller du côté des lignes personnelles, et elle poursuit sa formation jusqu’à l’émission du diplôme qualifiant au terme des 870 heures. »

Et la Coalition offre à l’employeur d’obtenir un remboursement de 15 $ l’heure pour le temps consacré par le candidat à sa formation, pour un montant maximal de 13 050 $.

Des capsules

Avec Academos, partenaire de l’Association pour la relève en assurance du Québec (LARAQ), la Coalition a mis en ligne cet automne deux nouvelles capsules vidéo sur YouTube. La comédienne et animatrice Rosalie Bonenfant utilise le volet « démystifie-moi ça » pour expliquer les métiers de courtier en assurance de dommages et d’expert en sinistre.

On veut « connecter les jeunes de 14 à 30 ans avec la réalité du monde du travail grâce à une application de mentorat virtuel qui leur permet de dialoguer gratuitement avec des milliers de professionnels passionnés par leur métier », explique Orlane Lothoré, coordonnatrice aux communications de la Coalition.

Avec la firme 7-24, la Coalition a mené sa campagne de notoriété en utilisant le géomarketing (ou « geofencing »). On utilise la géolocalisation pour envoyer des messages personnalisés sur leur cellulaire aux jeunes qui passent près d’un établissement d’enseignement.

« Le message est envoyé, il peut être lu ou rejeté. On fait le monitorage depuis juin et on peut savoir le nombre de clics et le temps passé à consulter ce qu’on envoie, on parle de 3 min 27 s que les jeunes passent en moyenne grâce à cela. Nous sommes rendus à 3 492 000 impressions », explique M. LaGarde.

Lors du dernier comité d’établissements tenu la veille de notre entretien, la Coalition a appris qu’il y a eu une hausse des candidatures en provenance des gens en réorientation de carrière dans les programmes d’attestation d’études collégiales (AÉC).

« Il y a beaucoup d’enjeux et les emplois se transforment. Les façons de procéder en automobile et habitation ne sont pas les mêmes qu’il y a 15 ans. Nos processus de formation et de transfert des connaissances doivent être les plus modernes possibles pour tenir compte de l’évolution, notamment en technologie », indique M. LaGarde.

La Coalition a déjà mis un manuel de 195 pages dans les mains des conseillers en orientation pour qu’ils aient le matériel requis pour parler d’assurance de dommages. « On leur a fait une trousse spécifique pour l’IARD. Elle est encore d’actualité, on va à leur congrès chaque année », dit-il.

De larges besoins

La Coalition a reçu ses stratégies au fil des ans en fonction de l’évolution démographique. « On s’attaquait beaucoup aux jeunes, mais si on regarde les données d’Emploi Québec, les jeunes vont couvrir seulement 54 % des besoins du marché du travail », indique M. LaGarde.

En 2024, ce sont 17 % des besoins qui seront couverts par l’immigration. « C’est un bassin important, il faut recruter dans tous les pays, des entreprises membres chez nous peuvent avoir jusqu’à 27 nationalités », poursuit-il.

« Une nation qui se respecte doit accueillir au moins 1 % de sa population chaque année », dit-il. En 2018, le Québec était à 57 000, et le gouvernement Legault a baissé la cible à 40 000 en 2019. En 2020, en raison de la pandémie, ce sont seulement 22 000 immigrants qui ont pu s’établir au Québec. « On parle de remonter ça à 50 000, mais il faudrait être à 84 000 », dit-il.

« C’est un bienfait chez les entreprises qui ont cru et croient encore à l’immigration. Ces gens ont une fidélité envers leur employeur qui leur a donné une première chance, ils sont investis, ils poursuivent leur formation continue, ils veulent progresser dans leur entreprise », note Robert LaGarde.

L’autre bassin à exploiter est celui des jeunes retraités actifs. Selon M. LaGarde, il faut réduire les pénalités actuarielles qui sont imposées aux retraités qui reprennent du service à temps partiel.

« Ça prend des stratégies nouvelles. Tu le laisses partir en Floride durant trois mois, et à son retour, tu lui demandes ce qu’il veut faire pour les 15 prochaines années. Il faut garder des liens, il y a des moyens pour les garder actifs, ces retraités actifs qui sont des mentors, des réservoirs incommensurables de talent, d’expertise et autres », précise M. LaGarde.

Longue vie

« Doit-on vous souhaiter longue vie? », a demandé le Portail de l’assurance à M. LaGarde. Ce dernier affirme que son mandat est toujours pertinent, même s’il faut revoir régulièrement la planification stratégique.

« J’ai déjà indiqué au président du conseil qu’il y a des choses qui ont été décidées en 2020 qu’il faut déjà revoir. Il faut aller encore plus loin, estime-t-il. On a besoin d’outils, d’études, de stratégies et de partenariats qui correspondent à notre vision à long terme. »