L’assurance est désormais le deuxième service le plus utilisé par les adeptes de fintech de par le monde, révèle la firme de consultation EY dans son FinTech Adoption Index.

L’assurance, tant pour l’assurance vie que l’assurance de dommages, occupait en 2015 le quatrième rang. EY soutient que l’émergence de nouveaux joueurs, comme les sites de comparaison de primes et des technologies de télématique, explique cette hausse.

La firme-conseil établit son index sur les réponses d’utilisateurs de fintechs provenant de 20 pays. EY considère qu’un utilisateur régulier de fintech est un individu qui a fait appel aux services de deux fintechs ou plus au cours des six derniers mois.

Le transfert et le paiement d’argent en tête

En 2017, 24 % des 22 000 répondants utilisateurs de fintechs de l’index d’EY ont dit consommer des services en assurance. Ils étaient 8 % en 2015.

La première position demeure entre les mains des entreprises offrant des services de transfert d’argent et de paiement. Ce sont 50 % des répondants qui mentionnent avoir recours à une ou plusieurs fintechs dans ce secteur, alors que ce taux se situait à 18 % en 2015. C’est grâce aux banques exclusivement en ligne et aux nouveaux services de paiement mobiles que ce secteur a connu un bond d’utilisateurs en deux ans.

Par ailleurs, les lois et régulateurs ont aidé au développement et à l’essor des fintechs, note EY. Dans certains marchés, de nouvelles lois ont créé des occasions pour de nouvelles firmes et services de fintech. On peut penser à diverses directives européennes, qui ont permis l’émergence du concept d’Open Banking, où des fintechs utilisent des interfaces de programmation applicative pour créer des applications autour de celles des institutions financières.

En Inde, le lancement de nouvelles licences pour des « banques de paiement » a permis une plus grande compétition entre les institutions financières. En Chine, des règlements ouverts donnent le champ libre tant aux fintechs qu’aux entreprises de services non financiers d’innover sur les façons dont les produits financiers sont offerts.

18 % des Canadiens adoptent les fintechs

La population de la Chine est d’ailleurs celle qui a le plus adopté quatre d’entre elles, soit les transferts d’argent et de paiement (83 %), la planification financière (22 %), l’épargne et l’investissement (58 %), et les emprunts (46 %). Avec 47 % de sa population, c’est l’Inde qui a davantage adopté les services des fintechs en assurance, suivi du Royaume-Uni à 43 %.

Au Canada, le taux d’adoption des fintechs par la population se situe à 18 %, révèle l’étude d’EY, ce qui représente la 17e position sur 20 pays. L’étude révèle que la moyenne globale se situe à 33 %.

Globalement, les utilisateurs de fintech sont passés de « premiers utilisateurs » à « majorité précoce » dans 16 pays entre 2015 et 2017, alors que le taux d’adoption a atteint la « grande majorité » dans les marchés de la Chine et de l’Inde, où plus de la moitié de la population est composée d’utilisateurs réguliers de fintech, avec des taux respectivement de 69 % et 52 %.

Corrélation taux d’adoption-connaissance

EY rapporte que pour les cinq marchés ayant les plus hauts taux d’adoption, la moyenne se situe à 46 %, alors que pour les 15 marchés restants, elle est de 28 %.

« Le facteur principal qui explique ces hauts taux d’adoption est que les fintechs excellent dans le fait de percer des marchés qui sont forts en technologie, mais peu desservis en matière de services financiers, avancent les auteurs du rapport. Les cinq marchés émergents sont caractérisés comme ayant des économies croissantes et ayant une classe moyenne qui prend rapidement de l’ampleur, mais qui n’ont pas d’infrastructures financières traditionnelles pour répondre à la demande. Une proportion relativement élevée de la population est mal desservie par les fournisseurs de services financiers existants, alors que la chute des prix des téléphones intelligents et des services de télécommunications a fait croitre la population active numérique que les fintechs visent. »

EY établit une corrélation entre la hausse du taux d’adoption global des fintechs et la croissance de leur connaissance par la population. Dans les six marchés qui ont connu une hausse significative du taux d’adoption, le rapport démontre que la méconnaissance des fintechs a chuté. En 2015 au Canada, le taux d’adoption se situait à 8 %, et le pourcentage de méconnaissance des fintechs la même année était de 49 %. Pour 2017, ces données sont respectivement de 18 % et 22 %.

Le taux d’adoption des fintechs continuera à grimper

La raison principale pour laquelle certaines personnes affirment ne pas utiliser les fintechs est qu’elles n’ont pas connaissance de leur existence, bien que le nombre d’entre elles ait chuté de 38 % en 2015 à 16 % en 2017. Maintenant, 84 % de la population des marchés sondés sont au fait des fintechs. Il est à noter que le sondage d’EY a été mené en ligne.

La deuxième raison, qui, contrairement à la première, est à la hausse, est que les sondés préfèrent faire appel aux services d’une institution financière traditionnelle.

EY conclut que le taux d’adoption des fintechs continuera à augmenter dans le futur, et que le sentiment envers celles-ci est « incroyablement positif », alors que tous les marchés rapportent une utilisation future accrue. Globalement, le taux d’adoption des prochaines années atteindra 52 %. C’est en Afrique du Sud, au Mexique et à Singapour qu’on verra la plus grande croissance, croit la firme de conseils, et le taux augmentera dans tous les marchés. Au Canada, on prévoit que le taux d’adoption soit de 34 % dans le futur.

De plus, il est prévu que 88 % de la population à travers les 20 marchés sondés adoptent les services des fintechs de transfert d’argent et de paiement en ligne. Ce chiffre est de 55 % pour l’assurance, conservant ainsi la première et deuxième place au classement des catégories de services les plus utilisés.

Par ailleurs, EY remarque qu’une cohorte de superutilisateurs émerge, alors que 13 % des personnes considérées comme utilisatrices de fintechs utilisent les services de cinq entreprises ou plus. On en retrouve 3 % qui en utilisent 10 ou plus.