Différents risques causés par les changements climatiques sont susceptibles de nuire aux institutions financières fédérales (IFF) ainsi qu’aux régimes de retraite fédéraux (RRF), révèle un document de travail du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF).
Le BSIF a annoncé au début du mois de janvier qu’il tiendrait des consultations pendant trois mois pour faire écho à son document de travail sur l’incertitude imposée par les changements climatiques.
Les consultations ont pour but d’amener les IFF, les RRF et les autres parties concernées à discuter du risque lié aux changements climatiques. Le BSIF cherche à comprendre comment les institutions financières fédérales et les régimes de retraite fédéraux définissent, déterminent et mesurent le risque climatique, mais aussi comment ils parviennent à le contrer.
Le BSIF invite en outre les intéressés à se prononcer sur les mesures qu’il pourrait prendre pour aider les IFF et les RRF.
Au terme des consultations, en avril prochain, le BSIF aimerait que l’interprétation des risques liés aux changements climatiques soit uniforme dans l’industrie, tant au Canada, qu’ailleurs dans le monde.
Actuellement, le Bureau du surintendant collabore avec la Banque du Canada à un projet pilote dont l’objet est d’évaluer le risque éventuel auquel seraient exposées les institutions financières à cause du passage à une économie à moindre intensité d’émissions de gaz à effet de serre.
Parler du risque financier lié aux changements climatiques
Dans son document de travail, le BSIF montre que les risques liés aux changements climatiques entrainent des risques pour les IFF et les RRF, notamment quant au crédit, aux liquidités, aux assurances, aux opérations et aux marchés. Ces risques peuvent ensuite affecter la sureté et la solidité financière, notamment en raison d’une perte financière plus élevée que la valeur estimée du risque prévisible.
La législation canadienne des valeurs mobilières oblige les émetteurs déclarants à indiquer les risques importants auxquels leur entreprise est exposée, notamment aux risques liés aux changements climatiques. Les investisseurs se réfèrent aux renseignements ainsi communiqués pour prendre des décisions de placement.
En 2019, le Groupe d’experts sur la finance durable a recommandé que le gouvernement du Canada exige la mise en œuvre progressive des recommandations pour les entreprises canadiennes, y compris les institutions financières et les régimes de retraite. Le groupe d’experts a aussi recommandé que les régimes de retraite fédéraux soient obligés d’indiquer dans leur énoncé des politiques et des procédures de placement s’ils ont tenu compte des enjeux climatiques. De quelle manière l’ont-ils fait et pour quelles raisons ne l’ont-ils pas fait ? Le BSIF suit de près la réponse que donnera le gouvernement du Canada à ses recommandations, car elle pourrait avoir des conséquences sur la façon dont le BSIF accomplit son mandat.
Le Bureau du surintendant s’attend des admirateurs des IFF et des RRF qu’ils prennent en considérations le large éventail de facteurs influant sur leur capacité à administrer prudemment les régimes retraites fédéraux dont ils ont la charge. En particulier pour les risques susceptibles d’avoir une incidence sur le rendement à long terme des placements. Bien que les documents d’orientation actuels du BSIF ne traitent pas expressément du risque lié aux changements climatiques, ils énoncent des principes et attentes qui s’appliquent à la gestion de ce risque par les régimes retraite fédéraux.
Changements climatiques et COVID-19
Les changements climatiques entrainent tant des risques physiques que de transition et de responsabilité, affirme le BSIF. Ces risques peuvent nuire à la solidité financière des institutions financières et peuvent parfois entrainer un risque stratégique ou opérationnel. Pour être résilientes, les institutions financières doivent définir leur propension à prendre des risques, dit le BSIF dans son document de travail. Elles doivent élaborer une stratégie connexe et mettre en œuvre des pratiques de gouvernance et de gestion de risque en conséquence, ajoute le Bureau.
La pandémie de COVID-19 a de nombreux points communs avec les effets des changements climatiques. Dans les deux cas, la modélisation du risque est l’un des points principaux qui doivent être mis de l’avant. La COVID-19 a mis en évidence la nécessité d’inclure dans les modèles de risque des facteurs qui échappent aux ensembles de données d’usages courants des organisations, pour tenir compte des risques émergents. « Des enseignements doivent être tirés de chaque crise », dit le BSIF. La COVID-19 n’y fait pas exception. Dans son document de travail, le BSIF a soulevé près d’une dizaine de pistes de solutions pour aider les institutions financières fédérales dans leur démarche.