Une nouvelle modélisation faite sur la population ontarienne à la demande de l’Institut canadien des actuaires (ICA) montre que la probabilité d’une quatrième vague d’infections de la COVID-19 est très élevée d’ici avril 2022 tant que 90 % de la population de la province ne sera pas adéquatement vaccinée. 

L’étude a été rendue publique ce mercredi 11 août à Ottawa. Titrée « The Future of COVID-19 in Ontario : Variants, Vaccines, and Avoiding Future Waves », elle a été produite par une équipe de l’Institut constituée pour ce projet. Un sommaire de l’étude, sous la forme d’un énoncé de principe, est aussi disponible en français dans le site web de l’Institut.

Selon l’ICA, la sévérité de la quatrième vague sera déterminée par la capacité des autorités sanitaires à se rapprocher le plus rapidement possible du seuil adéquat de couverture vaccinale. 

« Même si la modélisation est basée sur l’Ontario, nous estimons que nos conclusions sont valables pour les autres législations ailleurs au pays », indique Alison Rose, présidente du conseil de recherche à l’ICA.

La présidente de l’ICA, Jacqueline Friedland, dit espérer que la modélisation permettra au gouvernement ontarien et à la population de mieux comprendre l’interaction des facteurs de risques sur la pandémie. 

Les travaux de modélisation de l’équipe spéciale de l’ICA ont été inspirés par le modèle de propagation élaboré à l’origine par les docteurs Ashleigh TuiteDavid Fisman et Amy Greer, de l’Université de Toronto. Les facteurs qui influencent la pandémie de la COVID-19 sont la saisonnalité, les prévisions de la santé publique, les données sur la vaccination, les mesures sanitaires et l’impact des nouveaux variants du virus. 

Empressement de la population 

La modélisation permet à l’ICA de conclure que pour renforcer la nécessité de la couverture vaccinale la plus large possible, l’élément clé demeure l’empressement de la population envers la vaccination. Cette intention demeure plus importante que l’efficacité même des vaccins, selon l’Institut. 

L’étude confirme que les restrictions sanitaires permettent de limiter les impacts sur le réseau de la santé, mais dès qu’elles sont levées, les infections reprennent et grimpent de manière exponentielle. De plus, les individus non vaccinés seront plus à risque de tomber malades lors des prochaines vagues découlant de nouveaux variants. 

« Je crois que la chose la plus importante à retenir de nos conclusions est qu’il existe des moyens pour mitiger les risques associés à la COVID-19, donc on peut rester optimistes », souligne Garett Klus, l’un des membres de l’équipe du projet de l’ICA sur la modélisation de la pandémie.

« En comprenant mieux les interactions entre ces différents facteurs de risques, nous pourrons déterminer les stratégies et les moyens qui auront un véritable effet sur la pandémie », ajoute-t-il. 

Les autres membres de l’équipe de l’ICA ayant travaillé sur cette modélisation sont Spencer BatemanLuis DizonJacques LeducBrad LeeTommy Nguyen et Jake Seok

Avant la fin de l’année 

La modélisation de l’Institut montre que des taux de vaccination de près de 90 % de la population totale pourraient être nécessaires pour prévenir une quatrième vague de la pandémie au dernier trimestre de 2021, en raison de la saisonnalité. L’infectiosité des variants et l’efficacité réelle des vaccins contre ces mutations détermineront la pertinence de ce seuil. 

Les auteurs de l’équipe spéciale de l’ICA soulignent qu’étant donné l’évolution rapide de la biologie du virus de la COVID-19, la capacité de l’équipe à mettre à jour la modélisation en fonction des nouvelles données disponibles était limitée. La phase 1 du projet a ainsi pris fin le 1er avril 2021.

À l’issue de cette première phase, la modélisation incluait le taux de transmissibilité variable par rapport à la souche originale, en fonction de divers scénarios.

« Nous avons supposé que l’efficacité du vaccin contre les variants s’élevait à 70 % de l’efficacité de 94 % présumée pour la souche initiale, soit un taux d’efficacité réel de 66 % », écrivent les auteurs. Tous les scénarios de variants analysés lors de la phase 1 montraient une troisième vague au printemps 2021, laquelle est effectivement survenue, ainsi qu’une éventuelle vague en fin d’année 2021. L’impact de la pandémie s’atténue pendant les mois d’été. 

La modélisation montre que même si l’on applique des hypothèses pessimistes de transmissibilité des variants, le déploiement très efficace de la campagne de vaccination permettrait d’éliminer une quatrième vague à l’automne.

Dans le scénario de faible succès de la vaccination, la modélisation prévoit un niveau élevé d’infection pendant tout l’été 2021, ce qui entraîne un double pic en fin d’année et au début de l’année 2022.

Dans le scénario pessimiste tant à l’égard de la transmissibilité de la COVID-19 que pour les perspectives de vaccination, il existe un risque élevé de quatrième vague extrême dès l’automne. 

« Nous avons constaté que les résultats étaient plus sensibles à l’empressement de la population à se faire vacciner qu’à l’efficacité des vaccins », ajoutent les auteurs. À des taux de 80 % tant pour l’empressement que pour l’efficacité, le modèle prévoit quelque 120 cas d’hospitalisation aux soins intensifs au sommet de l’hiver 2022. 

Si l’empressement de la population grimpe à 90 %, même avec un taux d’efficacité de seulement 66 % contre les variants, le nombre de ces mêmes hospitalisations aux soins intensifs ne devrait pas dépasser 50 cas. 

On présume que les vaccins sont toujours très efficaces à prévenir les cas graves, même si leur efficacité est moindre contre les infections légères. 

Sans la couverture vaccinale adéquate, les gouvernements devront se résigner à maintenir ou imposer des mesures sanitaires pour contrôler la propagation du virus. Les mesures de confinement rapides et strictes ont été efficaces pour pratiquement éliminer la COVID-19 dans certains territoires, mais cette stratégie est devenue beaucoup moins pratique au fil de la pandémie, ajoute-t-on dans l’étude. 

« Il est important de reconnaître que lorsque le système de santé est débordé, le taux de décès liés à la pandémie augmente au fur et à mesure que les ressources médicales sont limitées », indiquent les auteurs. En conséquence, la modélisation tient compte de la capacité du réseau en soins intensifs. 

L’arrivée de nouveaux variants incite les chercheurs à conclure que les gens vaccinés ou déjà infectés par le virus sont susceptibles d’être infectés. Selon l’étude, si la campagne de vaccination obtient un succès élevé, l’imposition de nouvelles mesures de confinement, même à un niveau modéré, ne sera plus nécessaire.