Issue du secteur de l’assurance de dommages, Jacqueline Friedland est présidente de l’Institut canadien des actuaires depuis le 1er juillet 2021. Mme Friedland succède ainsi à Michel St-Germain, président sortant.

Durant son mandat de 12 mois, la nouvelle présidente veut contribuer à la diversité, la lutte contre les changements climatiques et l’analytique.

Forte de plus de 35 ans d’expérience en assurance de dommages, Jacqueline Friedland a fait le saut au Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) en octobre 2020, à titre de directrice principale, groupe assurance de dommages. Elle était auparavant présidente de la firme d’actuariat J. Friedland Actuarial Consulting.

Avant cela, Jacqueline Friedland occupait le poste de chef de l’actuariat, des risques et de la conformité au sein de RSA Canada. Mme Friedland a aussi œuvré de nombreuses années à titre de consultante pour des groupes tels que KPMG et Tillinghast–Towers Perrin. Parmi ses domaines d’expertise figurent la modernisation et les meilleures pratiques en actuariat, la tarification et la gestion des risques ainsi que la norme sur les contrats d’assurance IFRS 17.

Dans une discussion en tête-à-tête avec M. St-Germain, Mme Friedland a entre autres parlé de ses projets pour sensibiliser et former les actuaires aux changements climatiques et aux pratiques émergentes comme celles de l’analytique et de l’intelligence artificielle. Elle s’est dite engagée à suivre les recommandations du groupe de travail sur l’analytique prédictive mis sur pied par l’ICA en mars 2020. Cet engagement de l’ICA passera entre autres par la promotion et la formation qui mène à l’obtention du titre de Fellow de l’Institut canadien des actuaires (FICA).

Moderniser la formation

Mme Friedland croit que l’institut pourra apporter beaucoup plus de profondeur au domaine de l’analytique prédictive dans son parcours de formation qui mène à l’obtention du titre de FICA. L’ICA s’est ainsi engagé à renforcer l’importance stratégique de l’amélioration et de la promotion de l’analytique prédictive. Il s’engage aussi à en renforcer ses applications chez tous les actuaires.

Selon elle, les universités seront des alliés importants dans cette stratégie. « On ne peut pas offrir et évaluer une formation en analytique à l’ancienne, avec des examens sur papier. Les candidats doivent avoir accès à des ensembles de données et à des outils de programmation et de visualisation de données. Et on pense que les universités sont les mieux placées pour cela », dit la présidente de l’ICA.

Climat : des changements paralysants

Au moment d’évoquer les risques liés aux changements climatiques, Jacqueline Friedland a rappelé que le BSIF les classe en trois catégories : risques physiques (fréquence et importance), responsabilité (exposition aux litiges) et transition vers une économie carboneutre.

La dirigeante a mis l’accent sur les risques de transition qui résultent des tentatives pour diminuer les gaz à effet de serre (GES), alors que l’économie transite vers une empreinte GES plus petite. Citant des passages de l’article ‘Powerful signal’: In a single day, Big Oil suffers historic blows on climate paru sur le site Politico.eu le 27 mai 2021, la présidente de l’ICA a souligné que ces changements se produisent à « une cadence presque paralysante ».

L’article relate trois évènements survenus le même jour, en quelques heures : Exxon Mobil a été ébranlé par un nouvel actionnaire déterminé à remanier son conseil d’administration ; les actionnaires de Chevron Corp ont demandé à la pétrolière de réduire ses émissions de GES ; et un tribunal hollandais a ordonné à Royal Dutch Shell de couper ses émissions de 45 %. « Et pendant que l’industrie pétrolière essuyait les coups, leur allié de longue date, Ford Motor, a pris davantage ses distances des combustibles fossiles », poursuit Mme Friedland en citant l’article de Politico.

Pas besoin de réinventer la roue

Comme dans le cas de la formation en analyse prédictive, Jacqueline Friedland dit que les universités canadiennes tiendront une place importante dans la formation en lien avec les changements climatiques. « Il se passe tellement de choses et cela arrive tellement vite… et plusieurs universités canadiennes ont des programmes ou des centres d’excellence liés aux changements climatiques », rappelle-t-elle.

L’Institut canadien des actuaires sera, selon elle, en mesure d’inclure le meilleur matériel dans le parcours 1 vers le FICA grâce à son approche collaborative. L’ICA a la chance de pouvoir choisir parmi un vaste ensemble de matériel de formation, ajoute Jacqueline Friedland. Elle mentionne des nouveaux projets de l’Association Actuarielle Internationale, de l’Association internationale des contrôleurs d’assurance (AICA) et de régulateurs en Europe et au Canada que tel le BSIF.

« Je ne crois pas que l’ICA a besoin de réinventer la roue. Je veux miser sur le matériel qui existe et collaborer avec d’autres. Nous pouvons apporter beaucoup à la discussion », dit Mme Friedland. Outre collaborer, elle estime important de tester le matériel et de tirer des leçons « en s’ajustant au besoin ».