À la fin de 2020, la part de marché du courtage à escompte était au-delà de 10 % au Canada, se rapprochant de celle du courtage indépendant.

Cette information, on la découvre dans la plus récente mouture de la revue économique trimestrielle de l’Autorité des marchés financiers. Ainsi, fin 2020, l’Autorité calculait que le secteur du courtage à escompte au Canada avait un actif sous gestion de 594 milliards de dollars (G$), soit près de 10,8 % d’une industrie évaluée à près de 5 500 G$. Les autres canaux de distribution reposent sur le conseil.

L’Autorité poursuit son analyse plus loin et la projette dans une perspective historique. Le régulateur indique que même si le courtage à escompte existe depuis trois décennies, l’attrait pour l’investissement autonome a progressé lentement au Canada, bien qu’une tendance structurelle puisse être observée sur une longue période.

Ainsi, si l’on compare la part de l’actif sous gestion du courtage à escompte à celui du courtage de plein exercice, dit l’Autorité, on remarque que, en près de 20 ans, la part du courtage à escompte a progressé de 9 points de pourcentage pour passer de 19,6 % au quatrième trimestre de 2000 à 28,6 % à pareil trimestre en 2020. Fin 2020, le courtage de plein exercice avait un actif sous gestion estimé à 1 471 G$ contre 594 G$ pour le courtage à escompte.

L’Autorité a aussi analysé l’évolution du nombre de comptes de courtage à escompte par rapport au nombre de comptes de courtage de plein exercice. Ainsi, en 2018, le nombre de comptes de courtage à escompte a atteint pour la première fois un niveau équivalent à celui du courtage de plein exercice soit près de 7 millions de comptes. Puis, fin 2020, le nombre de comptes de courtage à escompte a dépassé le nombre de comptes de courtage de plein exercice de près de 1,9 million pour s’établir à 9,1 millions.

L’Autorité note toutefois qu’un même individu peut avoir plusieurs comptes de courtage à escompte chez un même courtier selon le régime fiscal. On peut le faire pour un CELI, un REER, un CRI ou un FERR. En outre, ce type de compte peut être ouvert autant par des personnes physiques que morales, telles qu’une société ou une fiducie.

Qu’en est-il du nombre de transactions ? Selon l’Autorité, l’activité transactionnelle du dernier trimestre de 2020 démontre bien la progression du courtage à escompte par rapport au courtage de plein exercice.

Au début des années 2000, le volume de transactions du courtage à escompte représentait près des deux tiers des transactions de courtage de plein exercice, indique l’Autorité. Cette proportion a lentement progressé pour dépasser le volume d’activité du courtage de plein exercice à partir de 2008.

Par la suite, dans la décennie 2010, le volume transactionnel du courtage de plein exercice a de nouveau dépassé le courtage à escompte jusqu’en 2020, « où la situation s’est drastiquement renversée », peut-on lire dans la revue trimestrielle de l’Autorité.

Les effets de la pandémie de COVID-19

L’Autorité fait aussi remarquer que la pandémie de COVID-19 a entrainé une « très forte » croissance du secteur du courtage à escompte.

Le régulateur explique cette hausse essentiellement par trois raisons : le confinement, le taux d’épargne et l’âge des investisseurs.

Confinés à domicile, les investisseurs autonomes ont eu le temps nécessaire pour mieux observer et suivre la reprise boursière. Ce même confinement a limité leurs dépenses et libéré de l’épargne, qu’ils ont redirigée vers les marchés boursiers. Autre observation : l’attrait des jeunes pour les services en ligne s’est intensifié.

« On remarque ainsi que, depuis le creux des marchés boursiers au 1er trimestre de 2020, la croissance du secteur peut s’observer à différents niveaux. Tout d’abord, la croissance trimestrielle du nombre de comptes de courtage à escompte est passée d’un rythme de 1 % à 2 % dans les trimestres précédents la pandémie à un rythme de 4 % à 16 % à partir du creux de la correction boursière du 1er trimestre 2020 », rapporte l’Autorité.

Le régulateur dit aussi avoir observé que l’activité transactionnelle dans les comptes de courtage à escompte a enregistré des niveaux de croissance trimestrielle continus très élevés depuis le premier trimestre 2020, exception faite d’une légère baisse au troisième trimestre 2020. « Les données du premier trimestre 2021 illustrent la vitesse de cette croissance alors que 81 millions de transactions ont été exécutées dépassant, en un seul trimestre, les 69,7 millions de transactions exécutées durant toute l’année 2019 », écrit l’Autorité.

Attention aux mauvais choix

Comment l’Autorité perçoit-elle ce changement de paradigme dans le comportement des investisseurs ? Le régulateur fait tout d’abord valoir que la démocratisation de l’accès aux marchés boursiers que sous-tend le développement du courtage à escompte a permis aux investisseurs de prendre leurs décisions d’investissement de manière autonome et à faible cout.

« Le secteur du courtage à escompte au Canada, qui connaissait jusqu’à présent une croissance structurelle relativement lente depuis les vingt dernières années, traverse actuellement une période de développement très rapide dans le contexte de la pandémie. Le retour à des conditions stables sur les marchés et dans la vie de tous les jours nous permettra de réellement évaluer si la croissance observée dernièrement marquera le début d’une profonde mutation vers l’investissement autonome au Canada », indique le régulateur.

L’attrait de l’investissement autonome auprès d’investisseurs plus jeunes ou moins expérimentés pourrait cependant les exposer à de mauvais choix d’investissement selon leur niveau d’éducation financière, prévient l’Autorité. « Les marchés sont volatils et imprévisibles. Investir par soi-même est une tâche délicate qui comporte d’importants risques et nécessite un certain niveau de connaissances financières », ajoute le régulateur.