Les assureurs IARD du Québec disent observer une baisse continue du nombre de véhicules volés depuis quelques années. Ils s’attendent toutefois à une hausse en 2009 compte tenu de la crise économique.
L'Union Canadienne a observé en 2008 une diminution de 10 % de la fréquence de vol par rapport à 2007. La sévérité des vols a, quant à elle, diminué d'environ 15 % par rapport à 2007.
Par ailleurs, le nombre de sinistres de 25 000 $ et plus liés au vol automobile a diminué significativement en 2008 à L'Union Canadienne. Dans ce segment, l'assureur a observé une baisse des vols de 35 % selon les territoires. L'assureur fait toutefois remarquer que 2007 avait été une année difficile dans ce segment.
L'Union Canadienne dit aussi avoir constaté une nouvelle tendance au chapitre des modèles de véhicules les plus volés avec notamment une augmentation du nombre de vols de Toyota Yaris. En 2008, l'assureur a eu plus de vols de Yaris que de Honda Civic. L'Union Canadienne explique cette hausse par la grande popularité de ce modèle de véhicule dans le contexte économique actuel.
Dans le but de bien protéger ses assurés, L'Union Canadienne a aussi mis en place au cours des derniers mois un questionnaire qu'elle soumet à tous les fournisseurs de systèmes antivols qui veulent être accrédité par l'assureur. Si un fournisseur ne répond pas à un critère de base, il ne sera pas recommandé.
Pour le marquage des pièces, le fournisseur doit spécifier le nombre de pièces marquées et bien détailler comment fonctionne son marquage. Pour les systèmes de repérage, il doit détailler comment se fait le repérage du véhicule. Pour les systèmes d'alarme, le fournisseur doit indiquer le nombre de coupures.
« Avec ce questionnaire, on veut voir le sérieux de l'entreprise et la qualité du système installé. On veut aussi bien comprendre le fonctionnement de ce dernier.
Parfois, avec le questionnaire, on s'aperçoit qu'il n'y a aucun soutien offert au client. Le but est d'assurer sa protection. À l'interne, on s'assure de transiger avec des entreprises sérieuses, qui font un contrôle de qualité. On ne veut pas que le client coure lui-même après son auto », dit Aldo Arcaro, directeur plans et programme en assurance des particuliers à L'Union Canadienne.
Baisse de 15 %
Pierre Lepage, vice-président assurance des particuliers chez Intact Assurance (auparavant ING Assurance), dit aussi avoir observé une diminution du vol assez significative en 2008, surtout lors du dernier trimestre de l'année.
« La tendance des trois dernières années se poursuit. Au cours des quatre dernières années, nous avons enregistré des baisses allant de 6 à 15 % par année. Pour 2008, nos chiffres préliminaires indiquent qu'on va vers une baisse de 15 % . Pour la valeur totale, c'est plus difficile à évaluer, car il faut déterminer le type de réclamation selon le type de véhicule. Il semble y avoir une diminution, mais on reste prudent », dit-il.
Au cours des derniers mois, Intact a lancé quelques initiatives avec les fournisseurs de systèmes antivols. L'une d'entre elle était avec Repérage Boomerang et s'appelait « Ça sent le char neuf ». Intact voulait ainsi inciter les gens à installer un système de repérage plutôt que de leur offrir un rabais. Cette promotion était destinée aux gens ayant des voitures d'une basse valeur, mais dont la fréquence de vol est élevée, comme les Honda Civic.
Intact soumet aussi sa liste de véhicules volés à Repérage Boomerang chaque jour. Boomerang porte ainsi attention à ces véhicules lors de ses inspections quotidiennes. Lorsque Boomerang retrouve un véhicule, Intact lui verse une indemnité pour ses efforts.
TD Assurance dit aussi voir une baisse appréciable du taux de vol automobile. Elle se chiffre à environ 10 %. « Nous expliquons cette baisse par deux facteurs. Il y a eu une amélioration de la sécurité au Port de Montréal et les systèmes de sécurité sont de plus en plus robustes, affirme Henri Blumenthal, vice-président et chef de la souscription chez TD Assurance.
M. Blumenthal révèle aussi que TD a revu sa souscription en ce qui concerne certains risques. Cette démarche a eu des impacts appréciables sur son volume de réclamations, où l'assureur a observé une légère baisse.
« Le vol auto demeure toujours une problématique. Le crime organisé ne prend pas de vacances. On voit toutefois une tendance favorable et on croit qu'elle va se maintenir.
Nous avons une meilleure compréhension de ce qui se passe en souscription. TD Assurance assure beaucoup de véhicules de haute valeur. On doit faire attention, mais nos efforts ont porté fruits jusqu'à maintenant », dit-il.
Coût moyen stable
Chez Desjardins Groupe d'assurances générales, on dit aussi observer une diminution du vol auto depuis quelques années. Le coût moyen du vol reste toujours aux alentours de 12 000 $ par méfait depuis 2006. Stéphane Mailhot, directeur des communications de Desjardins Groupe d'assurances générales, affirme que les gestes posés au cours des dernières années ont aidé à réduire le vol auto.
« Le gouvernement s'est mis à imposer des systèmes d'antidémarrage de série, ce qui a contribué à diminuer les vols commis par de petits vandales. Ça n'a toutefois pas contré le crime organisé. Les systèmes sont de plus en plus sophistiqués, que ce soit pour le repérage ou le marquage. On voit des gens créatifs et si le système est bon, on se doit de le prendre », dit-il.
M. Mailhot dit aussi observer de petits vols partiels de temps à autre. « Avec la crise économique, on pourrait en voir plus, comme des vols de pneus, qui sont plus fréquents lors d'une récession », mentionne-il.
Concessionnaires autos
M. Mailhot ajoute que les concessionnaires autos ont aussi fait leur part pour réduire le vol automobile. « Les concessionnaires ont installé des barrières à l'entrée de leur commerce, et ça a aidé à diminuer le vol auto. On observe un effort conjoint de tout le monde. Il faut demeurer à l'affût. On ne peut rien laisser aller, car sinon, on voit immédiatement une remontée des vols », dit M. Mailhot.
Au Groupe Promutuel, la baisse de la fréquence du vol automobile s'établit à 2 % par année depuis 2005. « Nous sommes un assureur surtout présent à l'extérieur des grands centres urbains, mais on observe que le vol augmente au niveau des camions diesel et des véhicules 4x4. On observe aussi une baisse au niveau du vol de VTT et de motoneiges. Elle est comparable à celle en vol auto », précise Benoît Duchesne, directeur de l'indemnisation du Groupe Promutuel.
En ce qui a trait à la valeur des véhicules volés, M. Duchesne affirme observer une baisse semblable à celle de la fréquence des vols. « Pour prévenir le vol en 2008, nous avons accentué les moyens déjà en place au niveau du repérage et du marquage des pièces. On tend à penser que le marquage est pratiquement aussi efficace que le repérage. Toutefois, on voit de nouveaux systèmes de repérage arriver sur le marché, mais les voleurs ne semblent prendre que deux semaines pour les déjouer », dit-il.
Audrey Bouchard, conseillère en communication et relations publiques à La Capitale assurances générales, dit que la tendance baissière en vol auto s'applique aussi à sa compagnie « La fréquence du vol auto est en baisse, mais pas le coût moyen. Cette baisse est plus importante que la légère hausse du coût moyen, ce qui fait en sorte que la rentabilité relative au vol auto s'améliore pour nous d'année en année », spécifie-t-elle.
Les fournisseurs de système antivol pressent d'ailleurs les assureurs à poursuivre leurs efforts pour contrer le vol auto. « Au Québec, la situation du vol auto est stable. Les assureurs nous disent qu'ils ont beaucoup moins de réclamations. On les félicite, car ils ont pris les mesures qui s'imposaient pour attaquer ce fléau. Ils ont une meilleure souscription, ils enquêtent bien les réclamations. Ils ne doivent pas arrêter ce qu'ils font. Les voleurs n'attendent que ça », dit André Drolet, de Marquage Antivol Sherlock.
« Malgré la présence de fournisseurs de système antivol au Québec et malgré le travail des assureurs de la province, Montréal demeure la capitale du vol en Amérique du Nord et le pourcentage de véhicules retrouvés est en baisse de 10 %. Si sept véhicules volés sur dix ne sont pas retrouvés au Québec, c'est à cause du crime organisé. L'industrie IARD du Québec a été très active. Si ce n'avait pas été de leur pro-activité, la situation serait terrible », ajoute Freddy Marcantonio, de Repérage Boomerang.