Dans un marché un peu atone, où les volumes d’affaires semblent figés, les nouveaux risques font figure d’avenue de développement pour les grossistes.

« La prochaine vedette pour les grossistes, ce sont les cyberrisques. Le seul problème, c’est le cout de ces risques-là. Nous, on les inclut comme une option dans une police déjà existante. On écrit ensuite de polices de cyberrisque pour les plus gros risques, souligne Guy Boissé, de SCN. C’est un risque qui demeure encore tabou, les gens ont encore un peu honte quand ils subissent une attaque. Il y a aussi une question de réputation. Quand le risque sera plus connu, ce sera plus facile de vendre ce produit. Pour l’instant, on essaie de l’inclure dans toutes nos polices. »

S’il veut miser sur le cyberrisque, c’est parce que, selon lui, les UberX ou AirBnB de ce monde ne sont pas positionnés dans le marché des grossistes, car il s’agit de risques récupérés par des assureurs domestiques. Idem pour les drones, « aux mains désormais des assureurs directs ».

Il existe selon M. Boissé d’autres opportunités telles que la cigarette électronique par exemple. « C’est un risque émergent, même en responsabilité professionnelle. Dangereux, pas dangereux ? Nous nous sommes spécialisés dans les vapeshops. »

Jean-François RaymondPour Jean-François Raymond, de GroupAssur, le constat est assez semblable, même si lui ne croit pas plus que ça au cyberrisque. « Les risques émergents, on les suit même si ce sont les assureurs réguliers qui sont à l’avant-plan comme par exemple Intact avec Uber ou Turo. Pour le cyber, c’est Lloyd’s qui donne un peu le ton et tout le monde suit. De mon côté, je ne suis pas un grand fan, car la tarification est à mon sens trop basse. Voilà pourquoi nous ne sommes pas très agressifs sur le cyber. Mais on supporte quand même nos courtiers. »

Si les assureurs directs sont plus proactifs concernant les nouveaux risques, c’est aussi, selon M. Raymond, parce que depuis quelques années, ils sont en bonne santé économique en l’absence de grande catastrophe. « Ils veulent donc être les premiers sur les nouveaux volumes, explique-t-il, afin d’éviter le côté cyclique de certains volumes. Ils bénéficient aussi d’un avantage en termes de markéting et de publicité auprès du grand public. En plus, avec le big data, les assureurs directs n’ont pas nécessairement besoin d’actuaires pour faire des projections. »

Ann Marie Tourneur, directrice de la souscription chez Morin Elliott, confie que l’explosion d’AirBnB n’a pas nécessairement changé la donne. « Nous n’avons pas une offre particulière pour AirBnB. Nous avons toujours fait de la location à court terme. La seule nouveauté, c’est que désormais les gens louent leur propre résidence. Avant, ils louaient leur chalet ou leur résidence secondaire. Chez Morin Elliott, on reste dans le sous-standard, on veut être là pour les risques les plus difficiles », précise-t-elle.

Dans le sous-standard, c’est aussi en se spécialisant que l’on obtient de nouveaux volumes d’affaires. Ainsi, Assurance SUM se spécialise dans les énergies renouvelables. « Nous proposons un produit en bien et responsabilité en ce qui concerne les éoliennes, la biomasse, le solaire, etc. On va jusqu’à la construction de parcs éoliens, souligne Serge Melanson. Nous possédons aussi un autre programme qui concerne le domaine médical tel que les essais cliniques, la responsabilité professionnelle et médicale, CGL et E&O, etc. »