Lorsqu’Uber aura fait légitimer son modèle d’affaires par les gouvernements, l’entreprise achètera une couverture complète auprès d’Intact Corporation financière.

En prenant cette voie, Uber veut assurer que ses clients et ses conducteurs soient bien protégés, enlevant aussi la nécessité pour ses derniers de se doter de leur propre couverture. C’est ce qu’a révélé Jean-François Blais, président d’Intact Assurance, lors de la 14e Conférence annuelle sur les services financiers canadiens de la Banque Nationale, tenue à Montréal le 30 mars.

« Uber est en train d’obtenir des approbations. Quand ce sera fait, nous entrerons en scène. Uber veut s’assurer que chaque conducteur et chaque passager soit adéquatement couvert. Ils achèteront une protection pour tous. C’est ce qu’on regarde en ce moment. Les régulateurs doivent l’entériner. Cette négociation a présentement cours dans chaque province », dit-il.

Croissance plus rapide du côté direct

Lors de cette conférence, M. Blais a aussi fait le point sur plusieurs autres enjeux. L’un touchait le développement d’Intact en distribution directe. Il a rappelé que l’acquisition de Canadian Direct Insurance avait permis à belairdirect d’étendre sa portée à l’échelle nationale, alors qu’auparavant elle était cantonnée au Québec et à l’Ontario.

« On s’attend d’y avoir une importante croissance dans le futur. On veut que belairdirect double son volume à court terme. La croissance y sera plus forte que dans le courtage. Historiquement, il est aussi plus facile d’acheter des volumes dans le courtage qu’en distribution directe. S’il y a une opportunité de ce côté, nous serions intéressés », dit M. Blais.

Quant à l’entrée potentielle d’un disrupteur, tel Google, dans le marché d’assurance, M. Blais n’y voit pas une source d’inquiétude. « Ce qu’on vise avant tout, c’est de traiter avec le client de la manière qu’il préfère. Il achète des biens d’une multitude de façons. Internet en est une. On investit pour rencontrer ces préférences, pas pour nous défendre face à une menace potentielle. Ces menaces peuvent aussi provenir de notre industrie elle-même. Plus nous serons forts comme entreprise, plus il sera difficile pour un concurrent ou un disrupteur d’y entrer », fait-il remarquer.

M. Blais souligne que plusieurs de ses concurrents ont posé des gestes au cours des derniers mois, particulièrement des compagnies au sud de la frontière. Allstate a lancé Esurance en Alberta. Travelers a acquis Dominion. State Farm a vendu ses activités canadiennes au Mouvement Desjardins. « Tout dépendra de l’engagement de l’assureur dans le marché. Pour être un joueur clé dans le futur, il faut investir des millions de dollars dès maintenant. Certains, comme Desjardins, sont plus commis que d’autres », dit-il.

Voiture autonome : pas à court terme

Quant à l’arrivée future de la voiture autonome, M. Blais affirme que c’est le rôle d’un assureur d’assurer l’économie, mais aussi les actifs de ceux qui la composent. « Si la voiture autonome se concrétise, on devra adopter notre offre. »

Croit-il que la voiture autonome est une tendance importante ? Oui, répond-il. Est-ce qu’elle arrivera bientôt ? Non, dit-il. « Ça changera le marché dans le futur. Il ne faut pas non plus oublier l’apport de la télématique », dit-il.

Intact a aussi innové en ouvrant des centres de service pour les réclamations automobiles. Le premier centre du genre a ouvert ses portes à Calgary au cours des dernières semaines.

« Lorsqu’il a un accident, le client doit passer au travers de multiples étapes, allant de la location d’une voiture à la vérification des travaux. Le consommateur est ainsi responsable de sa réclamation. Le centre de service devient un one stop shop », dit M. Blais.

Lorsqu’il amène son véhicule au centre de services, Intact prend charge de lui en moins de 20 minutes. « Nos études de marché ont aussi démontré que les gens sont prêts à conduire jusqu’à 50 kilomètres pour nous amener leur véhicule. Au fil du temps, nous avons aussi découvert que nous pouvons y traiter plus que les dommages causés par la grêle. C’est un modèle qui existe aussi aux États-Unis », dit-il.

Et les résultats s’en font sentir, dit M. Blais. « Le taux de satisfaction du client est nettement plus élevé, voire maximiser, dans un centre de services. »

« Beat them or join them »

M. Blais a aussi réitéré qu’Intact entend investir dans des start-ups, comme il vient de le faire dans Metromile aux États-Unis. « Soit on se bat contre elles ou soit on les joint. Nous avons décidé de devenir partenaires de certaines. On veut attraper l’innovation qui se développe et qui touchera l’industrie de l’assurance. C’est le cas avec Metromile », dit-il.