Jusqu’à présent, la capacité des assureurs à payer les sinistres au Canada n’a pas posé problème. « Le financement des catastrophes a été bien géré. Néanmoins, la capacité de l’industrie à gérer une hausse soutenue de la fréquence et de la gravité des sinistres catastrophiques est limitée », affirment les auteurs du rapport Le financement des catastrophes : les conséquences pour l’industrie de l’assurance au Canada

Dans ce rapport de recherche, l’Institut d’assurance du Canada et la Société des CIP, qui représente les diplômés des programmes Fellowship et Chartered Insurance Professional, analysent les leçons tirées du renouvellement des traités de réassurance en 2023 — décrit comme l’un des plus difficiles jamais connus. 

Ils examinent la définition d’une catastrophe en assurance, les facteurs à l’origine de la hausse des coûts et les options de financement disponibles. Ils abordent également la question de la solvabilité et du risque systémique, le rôle de la réglementation au Canada et l’importance de la résilience. Enfin, ils mettent en lumière les efforts du secteur pour instaurer un mécanisme gouvernemental de liquidités en cas de séisme et une réassurance publique pour les inondations résidentielles à haut risque. 

Un rôle accru du gouvernement nécessaire 

Selon les auteurs, la capacité financière des assureurs à faire face aux catastrophes majeures est limitée, ce qui souligne la nécessité de clarifier le rôle du gouvernement, notamment en mettant en place un mécanisme de soutien en liquidités pour gérer le risque systémique. Toutefois, ils préviennent qu’une mauvaise conception d’un programme public de réassurance pourrait évincer les acteurs privés déjà en place. 

Ils recommandent la mise en place de partenariats entre l’industrie et les gouvernements afin de se préparer à des événements où les pertes pourraient dépasser la capacité du secteur à indemniser les assurés. Ils soulignent également que la haute direction des compagnies d’assurance devrait consacrer davantage de temps à la gestion des enjeux de financement des catastrophes, compte tenu de leur complexité croissante et de leurs répercussions sur l’ensemble du secteur. 

« Il est difficile d’élaborer un programme de réassurance efficace », écrivent les auteurs. « L’industrie de l’assurance doit être prête à agir au besoin si la disponibilité ou l’abordabilité de la réassurance est menacée. » 

Des risques accrus pour les assureurs 

En raison de seuils de rétention plus élevés, les assureurs assument aujourd’hui une part de risque plus importante qu’auparavant en ce qui concerne les incendies de forêt et les tempêtes violentes. « Les événements catastrophiques peuvent menacer la solvabilité d’une compagnie d’assurance », avertissent les auteurs.

« Plus de 500 compagnies d’assurance dans le monde sont devenues insolvables depuis l’année 2000, dont certaines en raison d’événements extrêmes. Le financement des catastrophes est un outil essentiel à la gestion du risque d’insolvabilité lié à de tels événements. » 

Pour assurer une gestion efficace du financement des catastrophes à long terme, le rapport insiste sur la nécessité d’investissements majeurs dans la résilience aux séismes et aux changements climatiques. « En l’absence de mesures audacieuses, les tendances actuelles pourraient mener à une crise sur le plan de la disponibilité et de l’abordabilité de l’assurance », préviennent les auteurs. 

« L’industrie de l’assurance doit intégrer la résilience sismique et climatique dans tous les aspects de ses activités », ajoutent-ils.