Selon l’estimation du Bureau d’assurances du Canada (BAC), les récentes inondations qui ont frappé le sud de la Colombie-Britannique ont causé des dommages estimés à 450 millions de dollars (M$) en biens assurés, selon l’indice d’estimation des catastrophes du Bureau (CatlQ, ou Catastrophe Indices and Quantification). 

Le BAC a publié un communiqué à ce sujet la semaine dernière. Il s’agit du plus coûteux sinistre naturel à survenir dans cette province. Durant une période de deux semaines à partir du 13 novembre, une série de fortes précipitations (ou rivières atmosphériques) ont frappé la partie méridionale de la province. 

Les inondations et les glissements de terrain ont causé des pertes en vies humaines et la destruction de nombreuses résidences et entreprises agricoles. Les infrastructures publiques, tant autoroutières que ferroviaires, ont été détruites ou gravement endommagées, ce qui a forcé le gouvernement de Victoria à déclarer l’état d’urgence. Vu l’ampleur du territoire touché, il est certain que les pertes économiques seront bien largement supérieures à l’estimation des coûts de sinistre, souligne le BAC. 

« Même si les pertes assurées sont importantes, la triste réalité est que de nombreux résidents touchés par ces sinistres habitent des régions à haut risque ou dans des plaines inondables où la couverture d’assurance n’est pas offerte », indique Aaron Sutherland, vice-président du BAC pour la région du Pacifique et de l’Ouest. 

Concertation 

La facture des dommages non assurés devra ainsi être payée par les contribuables et les gouvernements. « Devant l’évidente augmentation des impacts des changements climatiques, il faut faire plus pour créer une culture de prévention et améliorer notre résilience aux risques qui nous menacent », ajoute Aaron Sutherland. 

Pour ce faire, le BAC participe activement aux discussions avec les différents paliers de gouvernements pour aider les communautés à lutter contre les changements climatiques et mieux gérer les zones où les risques d’inondations menacent les propriétés des Canadiens.

Le Bureau travaille à élaborer un programme national de lutte aux inondations en zones résidentielles, sous la forme d’un partenariat public-privé, qui permettra d’assurer les gens qui vivent dans des zones à haut risque. Les inondations en Colombie-Britannique montrent l’urgence de faire avancer ce projet de programme national, estime M. Sutherland. 

« La province a été confrontée aux impacts dévastateurs des sinistres climatiques, après les incendies de forêt de l’été et les inondations de l’automne. L’assurance peut aider les gens à se refaire financièrement, mais les impacts sur la santé humaine sont souvent irréversibles », dit-il.

De plus, les sinistres climatiques frappent souvent plus fort parmi les populations plus vulnérables. En conséquence, il importe d’augmenter les efforts pour mitiger les impacts des changements climatiques, suggère le BAC. Les tempêtes de janvier 2021 ont causé des dommages estimés à 134 M$, tandis que les incendies forestiers ont entraîné des pertes estimées à 155 M$ l’été dernier, toujours selon CatlQ. 

La Colombie-Britannique annoncera bientôt la nouvelle version de sa stratégie d’adaptation au climat. Selon le BAC, le Canada doit mettre l’accent sur le caractère national de sa propre stratégie et se préparer aux inondations et aux sécheresses qui découlent des changements climatiques. 

Le BAC suggère à toute personne qui désire s’informer de ses couvertures d’assurance ou qui a été touchée par les sinistres survenus en Colombie-Britannique en 2021 de téléphoner au 1-844-2ask-IBC. 

Des chiffres énormes 

Selon le rapport hebdomadaire de la firme de consultants Aon publié le 3 décembre, les épisodes de rivière atmosphérique ont comporté des précipitations supplémentaires de 100 à 200 millimètres (mm) de pluie durant la dernière semaine de novembre, dans le sud de la province, sur l’île de Vancouver et aussi dans le nord de l’État de Washington.

Ce phénomène de rivière atmosphérique est observable lorsqu’une mince bande de forte humidité s’étire sur plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres entre les zones montagneuses et côtières. 

En Colombie-Britannique, les données officielles montrent déjà que les stations météorologiques rapportent un volume record de précipitations à survenir durant l’automne (septembre à novembre). 

La fermeture du pipeline Trans Mountain a été rendue nécessaire à cause des précipitations. Le 29 novembre, les autoroutes 1, 3 et 99 ont été fermées. À Abbotsford, il a fallu renforcer la digue qui protège l’autoroute Transcanadienne du débordement du fleuve Sumas. Des milliers de personnes ont dû être évacuées. 

Dans la seule journée du 14 novembre, les précipitations dans la municipalité de Hope ont atteint 174,1 mm, battant un record de 1975 pour le plus important volume de pluie en un seul jour. En trois jours, du 13 au 15 novembre, quelque 295 mm de pluie sont tombés sur cette même ville. 

Ailleurs en Colombie-Britannique durant la même période, les précipitations ont été les suivantes : Coquihalla Summit (238 mm), Agassiz (228 mm), Squamish (206 mm), Port Mellon (199 mm) et Pitt Meadows (183 mm). Dans tous ces endroits, il est tombé autant de pluie que durant les inondations survenues au Saguenay en juillet 1996. 

Ces données, rapportées dans l’édition du 19 novembre du rapport d’Aon, étaient mises en contexte avec le record de température de 49,6 °C (121 °F) atteint le 29 juin à Lytton, la plus chaude jamais enregistrée au Canada. Quelques semaines plus tard, la ville était pratiquement rasée par un incendie de forêt. 

À Bellingham (Washington), les précipitations ont totalisé 370 mm durant le mois de novembre, pulvérisant le record de 1990 (295 mm). Des chiffres tout aussi ahurissants ont été enregistrés dans six autres municipalités de cet État, où les précipitations ont été de 12,8 à 16,7 pouces de pluie, soit entre 325 et 424 mm durant la période allant du 11 au 15 novembre, toujours selon Aon. 

Dès la mi-novembre, on estimait déjà que les dommages à la propriété, aux infrastructures et en interruption des affaires allaient dépasser le milliard de dollars américains pour la Colombie-Britannique et l’État de Washington.