Selon le rapport sur une étude de l’Institut canadien des actuaires (ICA) publiée en août 2024, le cancer et les maladies cardiaques continuent de dominer les réclamations en assurance maladies graves, en termes de prévalence.
Intitulée Étude sur l’expérience de morbidité : Polices canadiennes d’assurance individuelle maladies graves, cette étude de l’ICA est la cinquième du genre. Elle porte sur les polices dont l’anniversaire est compris entre 2012 et 2020, en se fondant sur les tables de taux d’incidence prévus de CANCI 2008 (taux de la population canadienne). Les CANCI 2008 sont les tables canadiennes de maladies graves 2008 publiées par l'Institut canadien des actuaires.
Le rapport émane de la Commission de recherche sur le risque lié à la morbidité (CRRM) de la Direction de la recherche de l’ICA. Le réassureur SCOR en est partenaire. Ben Miclette, président de la CRRM, et Josephine Robertson, cheffe de projet chez SCOR ont dirigé le projet.
Deux grands risques
L’étude de l’ICA révèle que le groupe des cancers compte la plus grande proportion des réclamations et les résultats réels à prévus (R/P) les plus élevés, tant sur la base des vies assurées que sur celle des montants de prestations (nombres). Sur la base des vies assurées, le cancer représente 67 % des réclamations. Sur la base des montants, il en représente 70 %.
Quant au groupe des maladies cardiaques, elles affichent le deuxième plus grand nombre de réclamations, soit 33 % sur la base des vies assurées et des montants.
Porte-parole de l’ICA, Josée Gonthier a expliqué au Portail de l’assurance que les résultats R/P offrent des comparaisons entre les réclamations payées (réelles) du groupe de polices incluses dans l’étude par rapport à celles anticipées, en précisant que les réclamations anticipées se fondent sur les taux d’incidence d’une population générale (versus une population assurée) commune à toutes les études publiées jusqu’à maintenant.
Mme Gonthier explique pourquoi le pourcentage sur la base des montants d’assurance peut être plus élevé que celui sur la base des vies assurées (70 % contre 67 % pour le cancer). Dans le cas des vies assurées, chaque police d’assurance a le même poids (pondération) dans l’analyse quel que soit le montant assurable. Dans le cas des montants, le poids de chaque police est basé sur le montant assurable, « et donc les montants assurés plus élevés ont plus de poids dans l’analyse », indique-t-elle.
Prestation moyenne de près de 90 000 $
Le nombre total des réclamations survenues dans le groupe de polices observées se porte à 12 820. La prestation d’assurance moyenne versée s’est établie à 86 518 $. Cette moyenne inclut les prestations partielles. Versées pour des conditions médicales ne mettant pas la vie de l’assuré en danger, elles peuvent représenter de 10 à 25 % du montant d’assurance souscrit, selon la condition ou l’assureur concerné (à lire dans le dossier sur l’assurance maladies graves de l’édition de septembre du Journal de l’assurance).
Avec respectivement 8 994 et 1 310 réclamations en termes de vie assurées, les cancers mettant la vie en danger et les crises cardiaques arrivent en premier, suivis de l’accident vasculaire cérébral qui a suscité 592 réclamations. Le pontage aortocoronarien arrive quatrième avec 337 réclamations, et la sclérose en plaques cinquième avec 327 réclamations. Sixième en importance, la tumeur bénigne cérébrale a entraîné 194 réclamations.
Les prestations versées pour la sclérose en plaques sont en moyenne les plus élevées, soit 105 504 $ par réclamation. Le pontage aortocoronarien a été la deuxième cause la plus coûteuse pour les assureurs, soit 98 803 $ en moyenne, et l’accident vasculaire cérébral la troisième avec une moyenne de 96 894 $.
75 % du marché
Les compagnies suivantes ont participé à l’étude : Assomption Vie, Canada Vie, Co-operators, Great-West, Humania Assurance, iA Groupe financier, Manuvie, RBC Assurances, Beneva (SSQ Groupe financier), Sun Life et Wawanesa Assurance.
Le rapport de l’ICA mentionne que « potentiellement 20 assureurs » offraient au Canada des produits d’assurance maladies graves pendant la période à l’étude. « L’étude porte sur 11 compagnies, ce qui représente environ les trois quarts du volume des polices souscrites dans le secteur, sur la base de la somme assurée », peut-on lire.
« Au fil des ans, certaines compagnies participantes ont intégré l’étude et s’en sont retirées pour plusieurs raisons », justifie les auteurs du rapport avec des motifs tels que des acquisitions, des fusions et la disponibilité des ressources.
Les assurés fument moins
L’échantillon de données recueilli par l’Institut Canadien des actuaires représente un groupe d’assurés qui se composent à 8 % de fumeurs et 92 % de non-fumeurs. Or, le tabagisme est l’une des grandes causes du cancer que mentionne la Société canadienne du cancer sur son site.
La population assurée a d’ailleurs meilleur profil que la population en général. Selon les résultats de 2019 présentés par l’Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine (ECTN) de Santé Canada, le tabagisme touchait 13 % des Canadiens âgés de 25 ans et plus, soit 3,3 millions de personnes. La situation s’est améliorée depuis. Selon les résultats de 2022 de l’ECTN, le tabagisme était présent chez 11,7 % des adultes Canadiens âgés de 25 ans et plus.
Selon la Société canadienne du cancer, cette maladie reste la principale cause de décès au Canada. Dans un message du 13 septembre 2024 où elle salue le plan d’action 2024-2026 du Programme québécois en cancérologie du ministre de la Santé, Christian Dubé, elle l’exhorte à passer à l’action rapidement. « Selon les plus récentes projections parues dans le Journal de l’Association médicale canadienne, le Québec aurait le taux de cancer le plus élevé du pays cette année. On estime qu’il y a 558,9 cas de cancer pour 100 000 personnes dans la province. Chaque jour, 172 Québécois reçoivent un diagnostic de cancer et 62 en décèdent », explique la société sans but lucratif.