Conseiller stratégique, gestion des programmes de médicaments d’iA Groupe financierFrédéric Leblanc dit avoir observé une hausse de l’utilisation de médicaments antidépresseurs depuis le début de la pandémie de COVID-19. 

Il révèle que la proportion des personnes qui ont demandé un remboursement pour des médicaments antidépresseurs au sein des régimes d’assurance collective d’iA a augmenté de 20 % au deuxième trimestre de 2020, par rapport au deuxième trimestre de 2019. 

Le conseiller stratégique précise que la proportion des participants qui consomment des antidépresseurs est passée de 20 % au deuxième trimestre de 2019 à 24 % au deuxième trimestre de 2020. « Dans les régimes d’iA, nous avons vu une augmentation plus marquée de l’utilisation d’antidépresseurs chez les moins de 45 ans », ajoute-t-il.  

M. Leblanc signale que les rapports de TELUS Santé et d’Express Scripts Canada révèlent aussi une hausse de consommation d’antidépresseurs. Par exemple, le rapport d’Express Scripts Canada révèle que les médicaments utilisés dans le traitement de la dépression sont passés du cinquième au quatrième rang entre 2019 et 2020, selon les dépenses globales des régimes privés. Express Scripts Canada dit avoir remarqué une augmentation de 10 % du nombre de demandes de règlement par demandeur pour des antidépresseurs. 

Médicaments peu coûteux 

En regard des coûts imputables aux régimes collectifs, Frédéric Leblanc ne s'inquiète pas outre mesure de la hausse de consommation d’antidépresseurs. Ces médicaments sont peu coûteux, rappelle-t-il. « La plupart sont offerts en version générique. Ils ne sont pas la source d’augmentation des coûts dans les régimes. » 

Les médicaments de spécialités et ceux contre le cancer expliquent beaucoup plus la hausse des coûts dans les régimes collectifs, selon lui. 

Rempart contre l’invalidité ? 

Le conseiller stratégique en gestion des programmes de médicaments convient que cette hausse de consommation d’antidépresseurs reflète la détresse psychologique vécue dans la population depuis le début de la pandémie. Or, cette hausse démontre selon lui que les assurés « vont chercher de l’aide en se faisant prescrire un antidépresseur ». Il estime que ces médicaments peuvent ainsi aider à prévenir des cas d’invalidités. « On voit peut-être une augmentation de la durée des invalidités, mais on ne voit pas une augmentation du nombre d’invalidités », révèle M. Leblanc sur les régimes d’iA.

Selon lui, l’employeur a aussi un rôle à jouer par l’entremise de son régime d’assurance collective. Le régime peut ainsi offrir du soutien psychologique et celui d’autres professionnels, des programmes d’aide aux employés et des services de télémédecine.  

Baisse des infections autres que COVID-19  

Frédéric Leblanc observe que des mesures sanitaires, telles que le télétravail, ont entraîné une baisse des infections liées au rhume et à la grippe. « On a vu une baisse de 60 % dans l’utilisation des médicaments pour traiter des infections comme la bronchite et la pneumonie », révèle-t-il.

M. Leblanc trace un parallèle avec le présentéisme, soit le fait de travailler sans être productif.« On pourrait presque parler d’une baisse de l’absentéisme. Il nous arrive tous de manquer une journée ou deux de travail pour rester à la maison et soigner un rhume ou une grippe. Il y a eu moins de ces absences en pandémie. Avec un petit rhume, on peut travailler à distance. »

Accès restreint aux soins 

L’utilisation de médicaments de certaines autres classes thérapeutiques a toutefois augmenté, observe Frédéric Leblanc. Il s’agit selon lui d’une hausse prévue, qui touche les médicaments liés au traitement du cancer et du cholestérol, ainsi que les produits biologiques utilisés dans le traitement des maladies inflammatoires.

« Ce sont des hausses qui se poursuivent. Par contre, elles ne sont pas aussi prononcées qu’on l’aurait cru. L’une des hypothèses, c’est qu’il y a encore une certaine difficulté d’accès aux professionnels de la santé. Il peut donc y avoir un retard dans le diagnostic ou le suivi d’une maladie », prévient Frédéric Leblanc. 

Il souligne aussi le danger que posent des maladies asymptomatiques comme l’hypertension, lorsque l’accès aux soins est réduit. Les personnes qui ne voient pas régulièrement un médecin pourraient selon lui être portées à négliger la prise de leurs médicaments.