Pour la Coalition pour Un Canada résistant au climat, le Canada peut mieux protéger les citoyens contre les effets de plus en plus dévastateurs des changements climatiques, mais aussi aider les communautés à se préparer et à s’adapter aux défis futurs, notamment au risque croissant de catastrophes liées au climat.

Cette coalition a ainsi vu le jour pour encourager le gouvernement fédéral à prendre des mesures dès maintenant pour créer une culture de la préparation et bâtir un pays plus résilient aux catastrophes naturelles.

Vingt entreprises et organismes en sont membres actuellement. En assurance, on y retrouve Aon, l’Association des courtiers d’assurance du Canada (ACAC), Aviva, le Bureau d’assurance du Canada (BAC), Desjardins, Intact Corporation financière, la Société d’indemnisation en matière d’assurances IARD (PACICC), TD Assurance et Wawanesa, mais aussi des organismes de recherche liés à l’industrie, soit le Centre Intact d’adaptation au climat et l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques.

Qui est derrière cette initiative ?

Sur le site Web de la Coalition, on y voit que son copyright appartient au Bureau d’assurance du Canada. L’énoncé de confidentialité du site confirme aussi que le site appartient au BAC. C’est d’ailleurs vers ce dernier que sont dirigées les demandes d’information.

On y retrouve aussi des études commanditées au fil des ans par le lobby des assureurs de dommages au Canada.

4 mesures demandées

Ce nouveau groupe de pression proclimat accompagne sa création de quatre demandes au gouvernement fédéral :

  • Accorder la priorité à l’achèvement d’une stratégie nationale d’adaptation au climat et s’assurer qu’elle protège les citoyens et les infrastructures de la menace d’une augmentation des inondations, des feux de forêt, des canicules, des sécheresses et des évènements météorologiques extrêmes, en accordant une attention particulière aux impacts disproportionnés de ces évènements sur les peuples autochtones et les communautés vulnérables. Cette stratégie devrait comporter des cibles mesurables, tirer parti des capacités du secteur privé et promouvoir des solutions basées sur la nature ;
  • Nommer un conseiller sur la résilience nationale aux catastrophes naturelles afin d’informer et de conseiller le Cabinet et le bureau du Premier ministre sur l’évolution rapide des risques climatiques et autres ;
  • Étendre et améliorer ses récents travaux visant à réduire le risque et l’impact des inondations au Canada ; et
  • Veiller à ce que les initiatives de financement durable aident les organisations des secteurs public et privé à évaluer, divulguer et gérer les risques physiques croissants.
Autres membres

Parmi les autres membres de la coalition, on retrouve une administration municipale, une organisation autochtone, des organisations environnementales non gouvernementales (OENG) et des organismes de recherche :

  • Fédération canadienne des municipalités
  • Conseil national des Métis
  • Association des produits forestiers du Canada
  • Chambre de commerce du Canada
  • Conseil canadien des affaires
  • Association canadienne des Médecins pour l’Environnement
  • Institut international du développement durable
  • Institut pour l’IntelliProspérité
  • The Pembina Institute
Motivations

Certains d’entre eux ont expliqué les raisons qui les ont poussés à joindre cette initiative menée par le Bureau d’assurance du Canada.

« À l’Association canadienne des Médecins pour l’Environnement, nous savons que la crise climatique est une crise sanitaire. Nos patients souffrent déjà de problèmes de santé causés par les feux de forêt, la pollution de l’air et les chaleurs extrêmes. Afin de protéger notre santé, il est tout aussi essentiel que nos communautés disposent des outils et ressources nécessaires pour s’adapter adéquatement aux perturbations environnementales croissantes que de réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Une stratégie nationale d’adaptation est indispensable pour réduire les inégalités sociales et garantir un avenir sain pour tous », explique Dr Claudel Pétrin-Desrosiers, membre du conseil de cette association.

Du côté de la Chambre de commerce du Canada, Aaron Henry, son directeur principal, ressources naturelles et croissance durable, met de l’avant des arguments économiques. « Les évènements météorologiques extrêmes survenus entre 2010 et 2019 ont entraîné des pertes de plus de 14,5 milliards de dollars pour l’économie canadienne. Cela représente plus de 60 % des pertes liées aux évènements météorologiques extrêmes des quatre dernières décennies combinées », dit-il.

M. Henry ajoute que les évènements météorologiques extrêmes attribuables aux changements climatiques ne représentent plus un risque hypothétique. « Ils sont là et ont déjà déraciné des communautés, détruit des infrastructures essentielles et créé des défis en matière de santé mentale. Nous sommes heureux de nous joindre à cette coalition et soutenons sa mission qui consiste à créer un plan national d’adaptation afin de garantir que chacun d’entre nous, en particulier les jeunes et les personnes vulnérables, dispose des infrastructures physiques et sociales nécessaires pour affronter l’avenir avec confiance. »

Derek Nighbor, président et chef de la direction de l’Association des produits forestiers du Canada, affirme que chaque année, les insectes nuisibles et les feux endommagent une aire représentant près de 25 fois la superficie des forêts que les forestiers canadiens exploitent de manière durable. Il ajoute que selon la modélisation de Ressources naturelles Canada, la situation s’aggravera au cours des 75 prochaines années si aucune action décisive n’est prise.

« Cette situation a des répercussions sur la sécurité des communautés en raison des évacuations dues aux feux de forêt, sur le bilan carbone de nos forêts, sur la résilience et la productivité des forêts et sur les importantes possibilités économiques qu’offre la foresterie aux communautés autochtones et non autochtones. Un plan national d’adaptation axé sur les solutions forestières sera essentiel pour réaliser le potentiel environnemental, social et économique de notre secteur », dit-il.

Craig Stewart, vice-président, affaires fédérales, au BAC, affirme qu’entre 2009 et 2020, les pertes assurées attribuables aux catastrophes naturelles ont atteint en moyenne 2 milliards de dollars par année, comparativement à une moyenne de 422 millions de dollars par année pour la période allant de 1983 à 2008. L’an dernier seulement, ces pertes se sont élevées à 2,4 milliards de dollars. Cela veut dire que les sinistres imputables aux évènements météorologiques violents, qui sont de plus en plus fréquents, ont plus que quadruplé, dit-il.