André Lussier prend position dans le débat autour de la règle qui limite la participation que peut détenir un assureur dans un cabinet de courtage. Le président du conseil de Lussier Dale Parizeau demande à ce que la règle des 20 % soit maintenue.

Et sa prise de position est aussi celle de son entreprise, a-t-il mentionné dans un envoi destiné au Journal de l’assurance. Bien que chacun soit libre de choisir le modèle d’affaires qui lui convient, je suis fier de l’indépendance de Lussier Dale Parizeau et du fait qu’aucun assureur ne détient d’action dans notre cabinet ni n’a de droit de regard dans sa gestion », y indique M. Lussier.

« Le consommateur n’y gagne rien à part de la confusion »

Il poursuit en soulignant que lorsque la règle des 20 % a été mise en place en 1988, elle avait pour but d’éviter que des cabinets de courtage passent aux mains de multinationales. « Plusieurs diront que cette règle n’a pas empêché certains mouvements, mais le problème est-il plutôt dans l’application de la règle ? L’abolition de cette règle a pour but de contrôler la distribution, mais qu’en est-il pour le consommateur ? Il n’y gagne absolument rien. Les avantages évoqués pour abolir cette règle ne sont favorables que pour l’assureur et les cabinets dans lesquels des assureurs ont une équité. Le consommateur n’y gagne rien à part de la confusion », dit M. Lussier.

« Ce qui nous distingue »

Il ajoute que lorsqu’un consommateur choisit de faire affaire avec un courtier, il s’attend à obtenir des conseils sur les différents produits offerts par plusieurs assureurs. « C’est précisément ce qui nous distingue par rapport aux assureurs directs. Nos compétences et l’expertise que nous développons constamment en transigeant librement avec plusieurs assureurs sont une de nos forces. Pour cela, nous devons demeurer indépendants. Nous devons être indépendants aussi au niveau de la gestion de nos cabinets. La survie d’un réseau de distribution fort en est l’enjeu principal. »

M. Lussier dit ainsi croire que la règle des 20 % protège le consommateur. « Elle permet une saine compétition. Elle permet aussi aux courtiers d’offrir des produits correspondant aux besoins de leurs clients, au meilleur prix et en toute objectivité. »

Assumer ses choix

Le président du conseil de Lussier Dale Parizeau poursuit sa missive en se questionnant sur les véritables motivations de ceux qui demandent l’abolition de la règle des 20 %. M. Lussier ne les nomme toutefois pas dans sa lettre. De par ses propos, on voit toutefois qu’il s’adresse aux membres de l’Alliance pour un courtage plus fort, qui demande l’abolition de la règle des 20 %, mais aussi à Intact Assurance, qui est à l’origine de la consultation en cours.

« Nous avons progressé au fil des décennies par de nombreuses acquisitions financées par des assureurs qui n’ont jamais exigé d’être actionnaires dans notre cabinet ni d’avoir un droit de regard sur notre gestion. Cela nous a permis de devenir le plus important cabinet d’assurance au Québec tout en conservant notre indépendance. D’autres cabinets ont réalisé de nombreuses transactions financées par un assureur qui a exigé l’actionnariat et un droit de regard sur la gestion. C’est leur droit le plus fondamental. Ils doivent assumer leur choix de l’époque », dit M. Lussier.

Garder son indépendance

Il ajoute qu’il est possible pour un courtier de garder son indépendance en ayant le soutien des assureurs dans le contexte actuel. « La révision de la loi 188 comportera certainement des changements et des défis auxquels nous devrons faire face. Notre milieu d’affaires évolue et change, mais la règle du 20 % et l’indépendance des cabinets doivent demeurer. Cette règle n’existe pas dans les autres provinces puisque les enjeux ne sont pas les mêmes qu’ici.

« Je joins donc ma voix à celles des cabinets qui veulent demeurer indépendants et à celles d’Aviva, RSA, L’Unique et Promutuel, des assureurs que nous représentons et qui se sont manifestés en faveur du maintien de la règle. Ces assureurs et plusieurs autres que nous représentons nous offrent leur support pour faire face aux assureurs directs, tant sur les plans stratégique que financier, et ce, en toute indépendance. »