Selon un rapport de l’Institut canadien des actuaires (ICA), l’industrie canadienne de l’assurance vie a été soutenue par la robustesse de ses bilans et la diversité de ses produits et portefeuilles durant la pandémie de la COVID-19 et le récent repli des marchés.
Dans un sixième et dernier rapport sur l’incidence des décès liés à la COVID-19 sur l’industrie, Nicolas Genois, Fellow de l’ICA, président de la Commission sur les études d’expérience de l’ICA, et auteur du rapport, indique que les assureurs vie du pays sont en bonne santé financière malgré les effets des demandes de règlement d’assurance individuelle.
Prestations de décès liés à la COVID-19
Selon le rapport, au plus fort de la première vague (en avril 2020), les demandes de règlement d’assurance individuelle liées à la COVID-19 ont représenté 13 % du total des demandes. Au cours de la deuxième vague, les prestations de décès liés à la COVID-19 se sont élevées à 11 % du total en janvier 2021 pour l’assurance individuelle, et à 6,8 % du total pour l’assurance collective le même mois.
« Les vagues d’Omicron ont eu un moindre effet sur les réclamations en assurance vie, atteignant un pic de 7,5 % en janvier 2022 pour l’assurance individuelle et de 3,5 % en février 2022 pour l’assurance collective, rapporte l’ICA. Bien que les données montrent que les réclamations ont diminué après le premier trimestre de 2022, un décalage dans la déclaration de certaines réclamations devrait entraîner une augmentation du niveau des réclamations au deuxième trimestre. »
On note par ailleurs que d’autres vagues d’infection à la COVID-19 sont à prévoir. Toutefois, le nombre de décès et leur effet sur les demandes de règlement d’assurance vie devraient être inférieurs à ceux observés jusqu’à présent.
Les sociétés ayant participé à l’étude sont Canada Vie, Manuvie, Sun Life, Co-operators, Foresters, RBC, SSQ, Industrielle Alliance, Assomption Vie, L’Équitable Compagnie d’Assurance-Vie, Humania Assurance, La Capitale et Wawanesa.
Prestations versées en assurance individuelle et collective
Nicolas Genois rapporte qu’en assurance individuelle, les prestations versées de mars 2020 à mars 2022 à cause de décès liés à la COVID-19 ont été d’environ 424 millions de dollars pour 7 000 demandes, soit une moyenne de quelque 60 000 $ par demande. En assurance collective, le total a été de 75 millions de dollars pour 2 400 demandes, soit en moyenne environ 30 000 $ par demande.
Les demandes présentées en assurance collective sont celles de personnes qui avaient un emploi et qui, parce qu’elles étaient relativement plus jeunes, étaient moins à risque de mourir de la COVID-19. C’est pourquoi il y a eu moins de prestations, explique M. Genois.
Les résultats des assureurs vie ont été renforcés par d’autres produits, en particulier les rentes, dit-il.
Résultats financiers stables
Les actuaires utilisent habituellement les marges de détérioration éventuelle des résultats pour faire leurs estimations. Or, les résultats financiers des assureurs canadiens sont demeurés stables, ce qu’ils doivent en partie à leurs excellents bilans. « Il n’y a rien eu de majeur du côté du risque de mortalité », souligne M. Genois.
L’ICA a cependant constaté une corrélation entre le risque de mortalité et le repli des marchés qui, ensemble, ont porté un double coup dur à l’industrie. Le risque sur actions n’est pas abordé dans le rapport.
L’un des principaux objectifs de cette série de rapports était de fournir des données aux actuaires pour les aider à faire leur travail, par exemple les marges à utiliser, les mécanismes de réassurance à mettre en place, et les projections à rajuster s’il y a lieu.
« Il est difficile de prévoir les imprévus, mais ce genre de situation pourrait se produire plus souvent à l’avenir, si bien que les actuaires doivent en tenir compte dans leurs scénarios et les gammes de produits, fait remarquer M. Genois. Je suppose qu’on a tiré une bonne leçon sur ce plan. »