L’entreprise Lussier cabinet de services financiers est à la recherche de son président-directeur général. L’ex-PDG Michel Laurin est parti à la retraite à la mi-novembre. Luc-André Lussier assume l’intérim et un mandat a été confié à une firme de recrutement pour trouver le prochain titulaire de la fonction.
En entrevue avec le Portail de l’assurance, M. Lussier confirme que M. Laurin lui a fait part de ses intentions peu de temps avant son départ. « Avant qu’on l’annonce aux employés, on a pris le temps de planifier la transition. Cela s’est vraiment fait de manière très simple », dit-il.
« Évidemment, les gens étaient tristes de le perdre parce que Michel était très apprécié des employés et de l’organisation », ajoute Luc-André Lussier. Ces dernières années, « on a mis l’entreprise sur les rails pour notre futur. Michel y a contribué durant les six dernières années. Puis là, on est à trouver la bonne personne pour nous accompagner dans les prochaines années ».
M. Laurin n’était donc pas présent au « party de Noël » auquel ont participé quelque 525 des 800 employés de l’entreprise, à la fin de novembre. « Les gens à l’interne sont au courant, les assureurs ont été prévenus aussi. Tout le monde connaît le processus dans lequel nous sommes. J’ai repris l’intérim et on est à la recherche de son remplaçant. »
Après une carrière de plus de 40 ans dans l’industrie, dont la majorité en ayant occupé des postes de haute direction, Michel Laurin « a mérité d’apprivoiser la prochaine étape de sa vie. Je peux comprendre qu’il ait voulu passer à autre chose », note le PDG par intérim, qui est vice-président stratégie de Lussier et aussi président du conseil d’administration de l’entreprise.
Michel Laurin présidait le conseil d’administration de la Coalition pour une relève en assurance de dommages. La directrice générale de la Coalition, Roxanne Hébert, confirme au Portail de l’assurance que M. Laurin a remis sa démission et que son successeur sera nommé prochainement.
Nouveau plan stratégique
Le départ de Michel Laurin coïncide avec la conclusion du plan stratégique qui a été mené ces dernières années et qui a conduit à la transformation de l’entreprise. « Ce n’était pas nécessairement prévu, ça adonne que la fin de notre transformation prévue à la fin de 2025 permet d’apporter un vent de renouveau à la haute direction de Lussier. On en profitera pour aller chercher un profil qui collera au prochain segment de la croissance de l’entreprise », explique M. Lussier.
« Une fois que sa décision était prise, on n’a pas perdu de temps. Je prends l’intérim, il me transfère les dossiers. On a quand même une bonne équipe à la haute direction, qui compte des personnes fortes et autonomes. Le rôle de président, c’est de piloter le navire », dit-il.
Au Québec, la croissance organique demeure le pilier de développement principal du cabinet, précise Luc-André Lussier. « On va continuer d’être à l’écoute pour des gens qui voudraient vendre, qui voudraient faire des projets. Ça restera quand même dans notre ADN. Mais pour ce qui est du Québec, la croissance va être majoritairement organique. »
Le cabinet a quand même beaucoup diversifié ses activités au cours des dernières années, outre l’assurance de dommages et l’assurance collective. « On est très présent en santé et sécurité, dans des mutuelles de prévention, on fait des programmes de prévention et de la gestion des lésions, et aussi des conseils en ressources humaines et en gestion de la structure salariale », précise-t-il.
Cette offre variée de produits et services « permet les ventes croisées, une base très importante de notre croissance organique. Alors, la personne qui va prendre le flambeau pour la suite des choses sera une personne très axée sur la croissance et qui est très habile à comprendre l’ensemble des produits et services qu’on a, mais évidemment peut-être avec une petite prédominance au niveau de l’assurance de dommages », poursuit M. Lussier.
Trouver la bonne personne
L’annonce du recrutement de Michel Laurin en 2019, lequel occupait auparavant un poste de dirigeant principal chez un assureur direct, avait suscité beaucoup d’émoi dans le réseau de courtage. Où le cabinet Lussier trouvera-t-il son prochain pilote?
« Nous cherchons du côté du courtage, indique M. Lussier. Par contre, je ne me fais pas d’illusions. À la taille de l’entreprise, avec la multitude de produits et services diversifiés que nous avons, il n’y a pas beaucoup de personnes qui ont toutes les habiletés afin de pouvoir occuper ce siège-là au Québec. »
En conséquence, la firme de recrutement pourrait devoir élargir le périmètre de sa recherche afin de trouver des personnes aptes à occuper le poste. « Ce n’est pas la période idéale pour faire du recrutement. La recherche devrait être plus intensive au début de l’année 2026 », note-t-il.
Même s’il souhaite que ça se fasse rapidement, « parce que je cumule quand même deux rôles », Luc-André Lussier précise : « On ne fera pas de compromis sur la qualité du choix de la personne parce qu’on veut aller vite. C’est un poste trop important. À l’ampleur de notre organisation, on n’a pas le luxe de se tromper, alors on prendra le temps qu’il faut. On ira aussi vite que les candidatures se présenteront. »
Consolidation
Le contexte du marché québécois a changé ces dernières années, constate Luc-André Lussier. « La dernière fois que j’ai vérifié, je calculais que 65 % du réseau de distribution par courtage était contrôlé par des assureurs », estime-t-il. Il restait alors 239 cabinets indépendants au Québec, selon ses calculs.
Lussier a grandi par acquisition au cours des 40 années, particulièrement durant la période où la firme était dirigée par son père André Lussier. Ce dernier est toujours vice-président du conseil d’administration. « La croissance par acquisition est devenue plus difficile, en raison du nombre de cabinets qui ont déjà des liens d’affaires avec un assureur. »
En conséquence, Lussier s’est concentré sur la croissance organique. « La transformation de l’organisation pour la rendre très performante en croissance organique s’est faite durant les cinq ou six dernières années, ce qui correspond au passage de Michel Laurin chez nous », raconte Luc-André Lussier.
Est-ce que l’expansion de Lussier pourrait passer par un partenariat avec une firme établie hors Québec? « Nous sommes régulièrement sollicités. Nous sommes l’un des derniers joyaux parmi les cabinets indépendants au Québec. Les grands consolidateurs du reste du Canada peinent à percer le marché du Québec », souligne M. Lussier.
« On regarde plutôt la possibilité d’étendre nos activités à l’extérieur de la province. Mais on est prudent, on est patient et on cherche à le faire de la bonne façon. On n’a pas d’ambition de rejoindre les grands consolidateurs », ajoute-t-il.
Pour financer cette expansion, Luc-André Lussier indique : « Je ne fermerai pas la porte à un financement par un assureur. Par contre, les conditions seraient claires. Pas d’équité, pas de droit de premier refus. Je pense qu’on peut avoir des relations d’affaires avec les assureurs qui sont sur la base de la confiance et du bon partenariat. »
Le marché actuel est particulier, note M. Lussier. « La croissance est difficile pour les assureurs. Le marché mou frappe fort. » Il observe la stratégie adoptée par les assureurs qui procèdent à des acquisitions dans le réseau de distribution afin de conserver leur volume.
« Je peux comprendre leur stratégie défensive. Mais je pense qu’il faut aussi préserver la force et l’indépendance du réseau de courtage au Canada », conclut-il.