Un nouveau rapport exhaustif publié par EY (Ernst & Young LLP) sur l’état actuel du marché canadien de l’assurance de dommages commerciaux révèle que les segments de l’assurance automobile commerciale et de l’assurance des biens commerciaux ont généré à eux seuls plus de 24 milliards de dollars (G$) en primes en 2024. Ces lignes d’affaires devraient connaître une croissance importante au cours des prochaines années, en réponse à une demande soutenue.
« La convergence des pressions économiques, des changements réglementaires, de l’évolution du paysage concurrentiel et des avancées technologiques transforme profondément l’assurance de dommages commerciaux », indique la firme. « Les assureurs doivent faire preuve d’innovation et adapter leurs stratégies. »
Les taux d’intérêt en baisse
Le rapport analyse les domaines de la distribution, de la souscription, de la tarification, de la gestion des sinistres et des fonctions de soutien, en soulignant l’influence marquée des facteurs macroéconomiques sur le marché. Ces derniers influent directement sur les stratégies d’investissement, la souscription et la tarification des assureurs. « Avec la baisse progressive des taux d’intérêt observée depuis un an, les assureurs subissent une pression accrue sur leurs revenus de placement », note le rapport.
Intitulé Commercial insurance reimagined: Driving growth through innovation and resilience in Canada (Repenser l’assurance commerciale : stimuler la croissance par l’innovation et la résilience au Canada), le rapport traite de plusieurs enjeux.
Il aborde notamment la tarification (toujours ferme, bien que les conditions générales s’assouplissent), la réassurance, les tarifs, l’évolution des risques (notamment les changements climatiques et les catastrophes naturelles), l’innovation produit, ainsi qu’une mise à jour réglementaire.
Il met également en lumière plusieurs initiatives en émergence, telles que l’adoption de polices modulaires, l’utilisation de données de risque en temps réel, le recours croissant à l’assurance paramétrique et la tendance vers un langage plus clair et simplifié dans les contrats.
L’assurance paramétrique en croissance
D’autres sections du rapport abordent les coûts de la réassurance, l’innovation dans les produits, les modèles d’affaires de demain, ainsi que le rôle stratégique accru des courtiers dans un paysage de distribution en pleine évolution. Ainsi, 79 % des courtiers affirment informer de manière proactive leurs clients sur les risques émergents afin de maintenir leur statut de conseillers de confiance. De leur côté, 41 % des assureurs disent prioriser la transformation numérique pour autonomiser davantage leurs agents et courtiers.
Le recours à l’assurance paramétrique est en nette hausse, tout comme les modèles d’assurance à l’utilisation ou à la demande. Pourtant, le rapport souligne qu’au Canada, 50 % des travailleurs de l'économie à la demande (gig economy) qui tirent l’ensemble de leur revenu de ce type d’activités ne détiennent aucune couverture d’assurance pour leurs activités. Le document examine également d’autres enjeux clés, comme la pénurie de main-d’œuvre et l’intelligence artificielle dite « agentique ».
« Le marché canadien de l’assurance commerciale vit une transformation profonde, stimulée par le progrès technologique, les pressions économiques et l’évolution des exigences réglementaires », conclut-on. « L’avenir du secteur dépendra de la capacité des assureurs à innover et à s’adapter à ces forces dynamiques, tout en demeurant résilients et centrés sur la clientèle. »
Tendances en matière de tarification
Biens commerciaux : selon le rapport, les primes ont diminué de 3 % au quatrième trimestre de 2024 par rapport à la même période en 2023. Cette baisse est attribuable à une capacité accrue du marché et à une intensification de la concurrence. Toutefois, des hausses pourraient survenir en raison des pertes liées aux catastrophes naturelles, des tarifs sur l’acier et l’aluminium, et de la gravité des réclammations.
Cyberrisques : EY rapporte que les primes en cyberassurance ont également diminué de 3 % durant la même période, en raison d’une capacité de marché accrue. Les tarifs devraient demeurer stables à court terme.
Responsabilité civile : les taux ont reculé de 2 % au quatrième trimestre, dû à une concurrence soutenue et à une volonté accrue des assureurs de croître dans ce segment. « Le marché devrait demeurer stable à légèrement à la baisse, la concurrence contribuant à faire reculer les prix pour les comptes bien gérés », peut-on lire. « Cependant, la hausse des coûts de réparation et de responsabilité dans l’assurance automobile commerciale, combinée aux inquiétudes quant à la suffisance des provisions, pourrait exercer une pression haussière sur les tarifs à venir. »
Lignes financières et professionnelles : les taux y ont chuté de 3 %, alimentés par une capacité accrue grâce à l’entrée de nouveaux acteurs et à des conditions de marché concurrentielles. Les taux devraient rester compétitifs. EY s'attend à ce que les taux continuent de baisser pour la couverture des dirigeants et des administrateurs (D&O), en raison d’un excédent de capacité qui continue à tirer les tarifs vers le bas.