Plusieurs assureurs et agents généraux (MGA) rêvent d’avoir un fichier centralisé où ils pourront trouver l’historique des activités d’un conseiller financier pour s’assurer de sa conformité. Un projet en ce sens a vu le jour il y a quelques mois et vient de franchir une étape importante en vue de sa réalisation.Plusieurs projets du genre ont vu le jour au cours des dernières années et se sont tous soldés par des échecs. Le projet piloté par LOGiQ3 semble pour le moment en mesure d’éviter un tel destin. La firme technologique, qui est l’instigatrice du projet, passe maintenant à une nouvelle étape. Elle agira comme consultante et coordonnatrice du programme mis en place pour une filiale qui prendra la relève : APEXA Corp.
L’outil en préparation deviendra ultimement une base de données centralisant l’information disponible sur les conseillers, notamment sur leur passé en matière de discipline ou encore de finances. Il permettra entre autres de savoir s’ils ont fait faillite à un moment dans leur vie. Neuf institutions sont derrière ce projet : quatre agents généraux et cinq assureurs.
Au début, le programme devait assurer la concordance de toute l’information amassée et en demeurer dépositaire jusqu’à ce que chaque conseiller la vérifie et en autorise la diffusion afin qu’elle serve aux intervenants de l’industrie intéressés. Finalement, l’équipe d’APEXA a décidé de vérifier elle-même la pertinence de l’information, soulignant les cas où un permis arrive à échéance ou quand une vérification de crédit ou d’antécédents criminels doit être refaite. On permettra plutôt aux conseillers de vérifier l’information dont les compagnies disposent et d’en confirmer l’exactitude.
APEXA aura la responsabilité de maintenir toute cette information à jour, explique Chris Murumets, chef de la direction de LOGiQ3. « Ce ne sera pas une organisation sans envergure », dit-il.
Une formule bien conçue
La formule est très bien conçue, affirme Jim Virtue, président et PDG de l’agent général PPI Solutions. « Une fois le système bien en place, on aura transformé ce qui est actuellement un horrible mélimélo en quelque chose de vraiment simple. Le programme permettra en plus de faire un meilleur suivi de la conformité. Ce sera aussi plus facile pour les conseillers. Vous n’avez pas idée de tout ce qui se fait à la main, en ce moment! Chaque société d’assurance, et même, probablement, chaque agent général, font le suivi à leur manière Pour cette raison, on passe finalement plus de temps dans la paperasse qu’à faire des affaires, surtout dans le cas des conseillers indépendants, qui traitent avec plusieurs compagnies », dit-il. En vertu du système « archaïque » actuellement en place, des compagnies comme PPI doivent encore obtenir un à un les permis et les certificats à envoyer aux assureurs.
Financière HUB, par exemple, a des ententes auprès de plus de 5 000 conseillers, rappelle sa présidente, Terri DiFlorio. « Certains font régulièrement affaire avec nous; il ne manque donc jamais rien, comme un permis ou une preuve d’assurance erreurs et omissions. D’autres vont toutefois nous proposer des dossiers seulement une fois par période de quelques mois. Ce n’est pas avec nous qu’ils travaillent le plus. On serait surpris de voir de quelle façon nous apprenons parfois qu’un conseiller a maille à partir avec les autorités règlementaires d’une province ou fait faillite! C’est un problème », dit-elle.
Elle fait remarquer que les contrôles aléatoires peuvent poser problème du côté du conseiller. « Il peut arriver que sept intervenants différents vérifient le crédit d’un courtier en une même année. Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour son dossier de crédit », dit-elle.
S’ajoutant à HUB et PPI, le Groupe Financier Horizons et IDC Worldsource Insurance Network complètent le noyau d’agents généraux qui déterminent les besoins du programme de concert avec LOGiQ3.
Les assureurs participants sont Financière Manuvie, Financière Sun Life, Canada-Vie, Empire Vie et Industrielle Alliance. La technologie sur laquelle le programme repose est développée par les créateurs de WealthServ, de la société BlueSun.
Si les grands se lancent, les autres suivront
Qu’est-ce qui permettra à ce projet d’éviter la fin qu’a connue ses prédécesseurs? Les obligations en conformité feront probablement la différence, croient certains agents généraux. Comme la démarche reçoit l’appui d’une masse critique de distributeurs, ses chances de succès s’en trouvent améliorées, disent-ils.
« On a probablement là l’un des meilleurs exemples de programme à être porté par la distribution, constate Terri DiFlorio, présidente de Financière HUB. « Pour les assureurs, il faut de l’audace pour sauter à pieds joints dans un tel projet sans savoir s’il y aura seulement un, deux ou trois de leurs agents généraux qui s’en serviront. Ça ne leur serait alors pas très utile. Or, si les quatre principaux agents généraux, qui représentent à eux seuls environ la moitié des fournisseurs sur le marché, disent clairement aux assureurs que les choses doivent changer et que c’est de cette manière qu’elles doivent être faites, les assureurs investiront en toute confiance dans le programme », dit-elle.