L’Institut canadien des actuaires (ICA) demande aux gouvernements, aux entreprises et aux investisseurs de tenir compte des risques climatiques dans leurs processus décisionnels et de contribuer à accroitre une sécurité financière adaptée aux changements climatiques.

Dans son énoncé intitulé Il est temps d’agir, l’institut met de l’avant la corrélation qui existe entre la récurrence des conditions météorologiques extrêmes et les répercussions financières plus importantes. L’organisme cite notamment les couts reliés aux mesures d’atténuation et d’adaptation, aux services d’urgence, au nettoyage, à l’indemnisation des victimes, à la perte de revenus des entreprises, à l’invalidité, à la perte de vie et à la reconstruction.

Par conséquent, une gamme d’indicateurs de risques climatiques touchent les Canadiens, soit par la perte d’assurance accrue due à des phénomènes météorologiques extrêmes, l’impact des changements climatiques sur la santé et la longévité des personnes (mortalité et la morbidité), ou l’omission de rendre compte des risques que représentent les changements climatiques dans la planification financière.

Trois demandes pour mieux lutter

Prioriser la collecte et la divulgation de données nationales sur le cout des évènements climatiques, comme les inondations, les tempêtes de vent et les feux de forêt, est la première demande de l’ICA. Cette mesure appuierait la capacité des actuaires à anticiper les couts et les probabilités touchant les sociétés d’assurance ainsi que les demandeurs afin de garantir un soutien juste, précis et opportun dans la foulée d’une catastrophe liée aux changements climatiques.

Cette collecte de données au Canada se fait actuellement à l’échelle municipale, mais elle n’est pas uniforme, comparable ou obligatoire, ce qui entraine d’importants écarts au chapitre des données disponibles, selon le rapport de l’ICA.

La seconde demande formulée par les actuaires est d’adopter des politiques qui obligent la divulgation financière des risques liés au climat et d’accélérer la divulgation de ces rapports financiers. « Les entreprises canadiennes ne tiennent toujours pas pleinement compte des changements climatiques dans leurs processus de planification intégrée et ne les communiquent pas suffisamment aux investisseurs, de sorte que les risques liés au climat ne sont pas bien compris, gérés et évalués », indique le rapport.

La troisième est d’intégrer des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance aux processus décisionnels du secteur de la finance et des placements. Ces critères aident à mesurer la viabilité et l’impact éthique des placements au-delà des risques financiers évidents.

Le charbon, par exemple, a perdu la faveur des assureurs et des investisseurs. Beaucoup d’entre eux ont réduit ou éliminé l’assurance ou leur participation dans les entreprises qui tirent leurs revenus du charbon. De tels placements non réalisés sont appelés des actifs inutilisables, dit l’ICA, et peuvent entrainer de nombreuses répercussions financières, comme la baisse du cours des actions, des problèmes de flux monétaires et un nombre croissant de prêts non remboursés.

« Chacun devrait faire des choix en tenant compte du climat, que ce soit en ce qui concerne ses affaires, ses dépenses personnelles et ses placements », dit Catherine Jacques-Brissette, Association internationale des contrôleurs d’assurance (AICA), qui figure parmi les principaux auteurs de l’énoncé.

L’Institut est l’un des partenaires de l’Indice actuariel climatique, un outil qui suit les variations des évènements météorologiques extrêmes et des niveaux de la mer au Canada et aux États-Unis. Ses données les plus récentes montrent une augmentation continue de la fréquence de ces évènements. Une base de données nationale fiable indiquant les couts associés au climat permettrait d’étoffer cet indice ainsi que d’autres outils décisionnels, et d’aider les gouvernements, les assureurs et les particuliers à planifier en fonction des risques climatiques auxquels ils pourraient être exposés.