Les dirigeants ayant participé au colloque Retraite et Placements du Cercle finance du Québec croient que les épargnants ont tout avantage à être conservateurs dans leurs choix de placements.

Roger Renaud, de Gestion d’actifs Manuvie, affirme que les études portant sur le taux de remplacement des revenus à la retraite sont difficiles à comparer. Dans certains cas, on inclut les actifs immobiliers, et parfois non. Il note que les plus jeunes générations n’ont pas les mêmes habitudes de consommation que leurs ainés.

Il prône pour « une approche plus conservatrice qui incite les gens à se responsabiliser, au lieu de penser que seulement 20 % des gens sont concernés par le problème. Peu importe les études, je pense que le problème est assez criant pour que les gens en prennent conscience », dit-il.

Robert Dumas, de la Financière Sun Life, rappelle le danger de comparer les tranches de population en utilisant des moyennes. « Si j’ai une personne qui ne cotise pas du tout, et l’autre qui épargne 10 %, ça fait une moyenne de 5 %, mais le taux de remplacement ne sera pas le même pour l’un et l’autre. Il faut faire attention à cela. » Lorsqu’on tient compte de l’actif immobilier, on note une augmentation de 3 % à 4 % de la proportion des ménages qui atteignent le seuil considéré comme confortable pour leurs besoins à la retraite.

Henri-Paul Rousseau, de la Corporation financière Power et ancien PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec, se dit « d’accord avec l’approche conservatrice, il vaut mieux être prudent et se tromper ». Dans certaines études, on se limite à analyser les épargnes dans des régimes enregistrés, qu’ils soient privés ou publics, et à cet égard, « les taux sont catastrophiques ».

En évaluant le comportement des gens et l’évolution des cohortes de population dans le temps, les études parlent d’un bloc de 80 % de gens qui ont un taux de remplacement suffisant, grâce à la contribution des régimes publics, souligne M. Rousseau. Les gens qui vivent dans la pauvreté durant la période de vie active le demeurent une fois arrivés à la retraite, dit-il.

Robert Dumas note que la plupart des entreprises accordent un budget pour se protéger contre l’ensemble des risques. Pour un individu seul, la dynamique est complètement différente. Une longue période d’accumulation est suivie d’une période de décaissement. « La solution la plus facile de se protéger contre le risque de longévité est d’acheter une rente, à la retraite, pour transférer ce risque vers l’assureur, et lui s’occupera de verser les sommes jusqu’au moment du décès », illustre-t-il.

Dans les faits, très peu de gens à la retraite sont incités à mettre tous leurs capitaux dans l’achat d’une rente. La valeur du conseil demeure essentielle. « Il ne faut pas trop de mauvaises décisions financières pour effacer 35 années d’accumulation avec de bons rendements », dit M. Dumas.