Selon Strategic Insight, les fonds distincts poursuivent sur une lancée qui remonte au moins à dix ans, malgré les importants décaissements d’une population vieillissante. Une saison REER 2017 exceptionnelle a aidé.

Lors d’une entrevue exclusive accordée au Journal de l’assurance, l’analyste principal et responsable des produits de gestion de patrimoine du secteur de l’assurance chez Strategic Insight, Benjamin Reed-Hurwitz, a révélé que les fonds distincts ont connu un départ canon en 2017, grâce à une saison des REER exceptionnelle. « La saison des REER a été assez forte en comparaison de celle de 2016 pour les fonds distincts », a-t-il observé.

Elle a aussi été forte pour les fonds communs. « Le bond a été même plus gros que pour les fonds distincts en termes de ventes brutes, ce qui explique que certains aient interprété que les fonds distincts ont connu un moins bon premier trimestre qu’en 2016. »

Frein aux ventes nettes

De leur côté, les retraits ont agi comme un frein sur les ventes nettes, ajoute l’analyste. Les ventes nettes sont la différence entre les ventes brutes et les sorties de fonds qui surviennent durant la période observée. M. Reed-Hurwitz explique que les ventes brutes indiquent l’avenir des ventes (d’un manufacturier), sa capacité à continuer de faire croitre l’actif et de répondre à la demande du marché. Les ventes nettes indiquent l’impact des rachats (sorties de fonds) sur les ventes brutes.

« Les sorties de fonds sont assez élevées dans le secteur des fonds distincts. Elles demeurent un frein à leurs ventes », a-t-il renchéri. L’analyste ajoute que cela est en partie l’effet d’une clientèle plus âgée qui retire son argent des fonds à garantie de retraits minimums (GRM) pour la retraite ou les retraits surviennent en raison d’un événement successoral, comme le décès.

Or, ces facteurs négatifs sont mitigés par l’attrait qu’exercent les fonds distincts sur cette même clientèle, pour des raisons de sécurité financière. « D’un autre côté, les fonds distincts attirent cette clientèle plus âgée parce qu’ils offrent des garanties qui les protègent contre la volatilité élevée des marchés financiers », précise M. Reed-Hurwitz.

Ainsi, cette population largement ciblée par les fonds distincts devrait-elle donner un coup aux ventes des fonds distincts. « Les garanties ont été une caractéristique importante en 2016, lorsque nous songeons à des événements tels que le Brexit ou les élections américaines », a commenté l’analyste.

Dix ans de croissance

Les ventes brutes des fonds distincts ont aussi décliné quelque peu, entre 2016 et 2015, selon les données de Strategic Insight. Elles ont atteint 12,41 milliards de dollars (G$) en 2016, par rapport à 12,95 G$ en 2015, soit une baisse de 4,2 %.



Cette baisse n’est rien qui ne sorte de l’ordinaire, précise toutefois M. Reed-Hurwitz, puisque le niveau des ventes brutes de 2016 est semblable à celui atteint dans les dix dernières années. « Notre étude, qui jette un regard sur les ventes brutes des dix dernières années, révèle aussi que ces ventes sont demeurées dans la fourchette des 12 G$ à 13 G$ depuis 2007, d’une façon assez consistante », a révélé l’analyste responsable de l’étude.

Sauf en 2013, a-t-il ajouté. C’est l’année durant laquelle la révision à la baisse des garanties de retraits, la fermeture des produits aux nouveaux dépôts et les restrictions sur les dépôts existants a entrainé une baisse plus marquée des ventes brutes.

Après 2013, des produits de fonds distincts et le lancement de nouveaux produits ont aidé à réalimenter les ventes, a rappelé M. Reed-Hurwitz. « Il y a eu beaucoup de développements de produits. De nouveaux GRM sont apparu, ainsi que des produits qui se déclinent en catégories investissement, revenu et patrimoine. Ce qui a amené beaucoup de flexibilité. »

Avec ces développements et le rajustement des garanties des fonds distincts traditionnels, M. Reed-Hurwitz constate que les fonds distincts continuent d’attirer une audience plus large. Les fournisseurs ont permis de répondre à un plus large éventail de besoins en ventilant leur offre autour des garanties de 75 % au décès et à l’échéance, de 100 % au décès et 75 % à l’échéance, et de garanties de 100 % au décès et à l’échéance.

« De plus, plusieurs compagnies se sont assuré d’avoir un alignement complet sur leurs tablettes, à la fois pour les conseillers et pour les besoins de leurs clients. Je ne dis pas que tous les joueurs l’ont fait, mais cela a été une priorité pour eux de faire en sorte qu’il n’y ait aucun manque dans leur gamme de produits », a souligné l’analyste principal en fonds distincts.

Tendances

L’actif des fonds distincts se sera probablement accru au terme de l’année en cours. M. Reed-Hurwitz ne se hasarde toutefois pas à prédire de quoi seront faits les prochains trimestres de 2017. L’actif total des fonds distincts s’est porté à 115 G$ en 2016, en hausse de 5 % par rapport à 2015.



Pour l’heure, la part du lion des entrées d’argent aux fonds distincts en termes de ventes brutes est allée aux fonds équilibrés. Les fonds d’action arrivent deuxième, loin derrière. Les investisseurs répartissent leurs billes. « Les nouvelles entrées d’argent aux fonds distincts sont plus diversifiées que jamais », a confié M. Reed-Hurwitz. Selon lui, les marchés américains, Europe, Australasie et Extrême-Orient attirent la plus grande part des entrées, ce qui inclut non seulement les actions, mais aussi les obligations des marchés étrangers.