Le rythme des dépenses en médicaments d’ordonnance des régimes publics d’assurance médicaments s’est accéléré au cours de l’exercice 2021-2022, révèle le rapport CompasRx publié en décembre 2023 par le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB).
Les dépenses en médicaments d’ordonnance des régimes publics d’assurance médicaments ont augmenté de 6,8 % au terme de l’exercice 2021-2022. Le total de dépenses annuelles a atteint 13,2 milliards de dollars (G$) durant cet exercice. En comparaison, la croissance annuelle composée des dépenses a atteint 4,9 % au cours des cinq dernières années.
Ces données proviennent de l’initiative de recherche appelée Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP), et portent sur l’exercice 2021-2022. Les dépenses en médicaments d’ordonnance comprennent les coûts des médicaments (83 %) et les coûts d’exécution d’ordonnance (17 %).
Plusieurs régimes publics représentés
Parmi les membres du comité consultatif du SNIUP figurent des représentants des régimes publics régimes publics d’assurance médicaments de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, de Terre-Neuve-et-Labrador et du Yukon.
Parmi les observateurs présents au SNIUP figurent le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) et l’Alliance pancanadienne pharmaceutique (APP).
Moteur de la hausse
Les 10 médicaments au coût le plus élevé remboursables par les régimes publics d’assurance médicaments au Canada se destinaient à traiter des maladies rares, selon le CEPMB. Il s’agit de médicaments au coût annuel de plus de 250 000 $ par patient, précise-t-il.
Son rapport souligne que l’utilisation accrue de médicaments à coût élevé demeure « l’inducteur ayant eu l’effet le plus marqué en 2021-2022 ». Ces médicaments ont entraîné une poussée à la hausse de 8,1 % sur les coûts des médicaments.
Selon la définition du rapport, les médicaments onéreux sont ceux dont le coût annuel moyen de traitement surpasse les 10 000 $. Cette catégorie de médicaments a crû de 10 % au terme de l’exercice 2021-2022. Le coût de ces médicaments a totalisé 3,3 G$ en 2021-2022.
L’impact des médicaments brevetés a pu être en partie compensé grâce à la substitution par un médicament générique ou un produit biosimilaire moins coûteux. Le rapport CompasRX explique que malgré la perte de brevet de quelques médicaments importants, la part des médicaments brevetés dans les coûts totaux s’est maintenue autour de 50 %.
Les auteurs du rapport expliquent cette stabilité par « l’utilisation accrue de médicaments onéreux, comme les médicaments biologiques et les médicaments oncologiques oraux, et l’introduction de nouveaux médicaments dont l’utilisation est élevée, tels que les antidiabétiques ».
Nouveaux traitements du diabète
La classe des médicaments des voies digestives et du métabolisme, qui comprend principalement des médicaments pour traiter le diabète, représente la deuxième plus grande part des coûts, selon le CEPMB. Dans son rapport, il révèle que leur part des coûts des médicaments est passée de 12,4 % en 2018-2019, à 15,4 % en 2021-2022.
Le CEPMB attribue en grande partie cette augmentation à l’introduction de nouveaux médicaments antidiabétiques. À ce chapitre, le traitement contre le diabète Ozempic, de Novo Nordisk, a fait couler beaucoup d’encre, étant donné son utilisation élargie au traitement du surpoids.
Un petit nombre coûte cher
Utilisés par 3 % des bénéficiaires en 2021-2022, les médicaments onéreux (plus de 10 000 $) ont représenté 36,8 % des coûts des médicaments.
Toujours pour l’exercice 2021-2022, le rapport révèle que 7,5 % des bénéficiaires des régimes publics d’assurance médicaments ont représenté plus de 60 % des coûts totaux des médicaments.
On y apprend que 31 nouveaux médicaments onéreux sont apparus les cinq dernières années, faisant passer leur nombre de 103 en 2016-2017 à 144 en 2021-2022.
La vision des régimes privés
Organisé par les Éditions du Journal de l’assurance inc., le Congrès Collectif 2024 consacrera une session sur l’explosion des coûts dans les régimes privés. La session d’ouverture du Congrès Collectif 2024 portera sur le Régime national d’assurance médicaments et la place du secteur privé.
Une autre permettra d’y voir plus clair dans l’explosion des coûts : est-ce un mythe ou une réalité ? Les congressistes y découvriront des pistes pour maintenir l’intérêt des preneurs de régimes d’assurance collective privés et vendre de nouveaux régimes en 2024, malgré les pressions qui pèsent sur leurs coûts.